Déluge récurrent, 2007: Si les pluies annuelles de la mousson - TopicsExpress



          

Déluge récurrent, 2007: Si les pluies annuelles de la mousson sont capitales pour l’agriculture népalaise, nous faisons l’expérience de fréquentes et dévastatrices inondations. Le déluge récurrent détruit de vies humaines et des biens, et affecte le statut social des gens qui sont déjà et souvent le plus faibles et le plus pauvres. Avec ces inondations est venu la maladie, emportant dans la mort des jeunes et moins jeunes. En termes de solutions, tout ce que nous avons c’est une guerre des mots avec les voisins indiens (et réciproquement). Ce qui est surprenant c’est le manque de compréhension des causes de ces inondations et de la manière de les éviter. Une analyse scientifique montre que ni le Népal ni l’Inde ne peuvent être singulièrement tenus pour responsables du problème et il semble que seule une coopération entre les deux pays peut s’attaquer à la cause du mal, demandant aussi beaucoup d’engagement de la part des deux gouvernements. Essayons de comprendre pourquoi de telles inondations ont lieu : les crues surviennent quand les capacités de contenance d’une rivière sont dépassées. Cela peut être dû soit à un excès d’eau, soit au fait que la profondeur de la rivière a diminué. Un excès d’eau entrant dans la rivière est un phénomène qui peut être du à plusieurs facteurs. La raison la plus évidente, ce sont de très fortes précipitations dans la région où la rivière prend sa source. Actuellement dans des conditions normales, des incidents dus à de trop fortes précipitations peuvent arriver une fois seulement en plusieurs décennies et ce du seul fait des conditions météorologiques. Ni le Népal, ni l’Inde, dans ce cas, ne peuvent éviter les inondations. Le fait inquiétant et fréquent est que les inondations sont devenues un phénomène régulier. Cela est du à autre chose qu’aux simples caprices de la mère nature ! Un homme évoquant les récentes inondations et la seule augmentation des températures comme seule explication peut être taxé de propos coupables. Alors que la commission intergouvernementale pour le changement de climat (IPCC) prédit que le réchauffement global accroîtra les précipitations durant la mousson en Asie du Sud, le pourcentage d’augmentation ne peut pas être tel que nous ayons, chaque année, de telles inondations ! Aussi, les inondations ne peuvent pas provenir de l’augmentation des chutes d’eau due au seul réchauffement de la planète, mais provient d’un autre phénomène qui diminue les capacités de nos rivières à transporter ces eaux. L’alimentation des rivières provient souvent de zones isolées et de régions forestières : quand il pleut dans de telles zones, les forêts agissent comme de véritables éponges retardant l’afflux d’eau vers les rivières. Quand la déforestation survient, cet effet d’éponge disparaît. Deux choses se produisent alors : l’eau de pluie atteint très vite les rivières et donc les probabilités d’inondations augmentent ; sans les racines des arbres pour fixer le sol la surface des sols est comme lavée et emportée et un afflux de sédiments arrive dans les rivières. Ces sédiments se déposent sur le fond des rivières en diminuant d’autant la profondeur. Cet envasement réduit d’autant la capacité de la rivière à accueillir des eaux de pluie et très vite les berges sont débordées .Par conséquent, cela explique aussi pourquoi les risques d’inondations augmentent à chaque mousson. G.P. Ghimere et B.K. Upreti dans un rapport publié en 1986 ont montré que la Sapta Kosi River à l’est, Sapta Gandali river au centre et la Karnali River à l’ouest transportent plus de sédiments quand plus d’eau s’écoule dans celles-ci. Généralement seul un faible lien peut être attendu entre le chargement en sédiments et le débit de la rivière. Mais une relation forte entre ces deux phénomènes dans le milieu des années 80, mise en évidence par ces deux chercheurs, a montré qu’à cette époque déjà nous faisions l’expérience amère des dommages causés par une déforestation extensive. Avec des pluies plus importantes, des quantités plus importantes de couches du sol sont emportées. C’est exactement ce phénomène qui entraîne la diminution des profondeurs des rivières et les rendent propices aux débordements. Ghimere et Upreti ont suggéré dans leur rapport une diminution de l’impact de interférences humaines (déforestation), dans les régions où coulent les rivières, sur les matières : la plantation de bois de combustibles dans des zones marginales avec la participation des locaux diminuerait la pression humaine sur les forêts naturelles (on utiliserait le bois de chauffage comme combustible et on ne se livrerait plus à des coupes sauvages. ndt). Ces mesures étaient de simples et efficaces moyens de contrôler les afflux de sédiments qui entraînent des inondations importantes au Népal. Ainsi, la déforestation dans les régions et les fortes pluies travaillent de concert et sont les premiers coupables des inondations récurrentes en Inde et au Népal. Le réchauffement global de planète et les événements exceptionnels météorologistes sont juste des phénomènes qui cachent celui de la déforestation responsable de crues toujours pires. Malheureusement, il n’y a pas eu diminution de la déforestation depuis le temps des publications de Ghimere et Upreti. Au contraire, la situation a empiré. La forêt couvre aujourd’hui 29% de la surface du pays selon WWF Népal. Le pourcentage réel pourrait même être inférieur à ce chiffre. La destruction des forêts primaires (forêts maintenues dans leur état originel depuis des siècles) devient très affligeante – dans une courte délai de 5 ans, entre 2000 et 2005, le Népal a perdu 9,1% de sa couverture en forêts primaires et, ainsi, est classé parmi les pays les plus destructeurs de forêts primaires. En fait, quand la démocratie fut proclamée en 1990, le pillage rampant et la destruction de forêts primaires, qui prévalaient durant l’époque des rois Mahendra et Birendra, devinrent encore plus généralisés. Il semble qu’une démocratisation de la déforestation démarra alors. Les partis politiques, qui ont eu le pouvoir depuis 1990, ont encouragé, participé et profité de la déforestation. A chaque élection des forêts furent coupées pour attribuer du bois de construction aux écoles et maisons avec l’espoir que telle initiative rapporterait des votes. Ainsi, le temps des élections est un mauvais temps pour les forêts et synonyme d’inondations encore accrues pour la mousson prochaine. Le processus continue aujourd’hui dans le sens où les maoïstes semblent avoir compris cette méthode destructrice. Prachanda (leader maoïste -ndt) a besoin de comprendre que les maoïstes obtiendront certes des gains de soutien à court terme , mais que le coût financier ultime sera plus élevé: il y a ce qui aura pu être engrangé mais les gens les plus touchés par les pertes dues aux inondations seront exactement ceux dont les moïstes attendent justement le soutien. L’Inde a rendu les problèmes du Népal plus compliqués en construisant des digues qui sont connues pour n’offrir qu’une faible protection contre les crues. Du côté indien, les digues ont augmenté la profondeur des cours d’eau mais du côté népalais nous continuons à avoir des cours d’eau peu profonds et des inondations. Ces constructions de digues sont des mesures de prévention temporaires contre les crues parce que l’envasement ne s’arrête jamais et que même du coté indien les cours finiront par redevenir peu profonds. Ainsi, l’Inde doit réaliser que les digues sont des solutions à court terme. L’Inde et le Népal doivent coopérer étroitement à court et long terme pour trouver des solutions à un problème qui n’est pas facile à résoudre. Le Népal et l’Inde devraient coopérer pour construire des digues le long des cours d’eau coté indien et coté népalais en ayant à l’esprit que c’est une mesure à court terme. Dans le même temps, des efforts conjoints doivent être faits pour arrêter la destruction illégale de forêts des deux côtés, indien et népalais ; et pour finir, point le plus important, des efforts de reforestation sur un pied de guerre doivent être entrepris dans les régions où coulent les rivières, avec la participation des populations locales. Si ces actions étaient initiées, alors peut être dans une paire d’années, les problèmes d’inondations en Inde et au Népal diminueraient de façon drastique quand bien même le réchauffement global de la planète ait lieu ou pas. Commentaire: en 2007, HUBLO a remis 35 toiles de tente via l’association des scouts népalais, à deux villages sinistrés. L’objectif était de bâcher les restes des maisons emportées par les flots afin de protéger les villageois des intempéries et du froid. Plus des vêtements. Reportage à venir.
Posted on: Mon, 24 Jun 2013 02:12:43 +0000

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