EXTRAIT DE LES FOURBES, LE NAÏF ET LA REINE (laffaire du collier) comédie textes de Kelly Davenne et Anne-Gaëlle Gruszecki) Scène 1 Mme de la Motte : 11 h vient de sonner ! Il va arriver ! (elle le jette violemment au sol, il se relève en se rajustant) Rhétaux de Villette : Ah, un autre galant, ou pire, votre époux …très cocu ! (Il éclate de rire) Mme de la Motte : Ne faites pas semblant d’être jaloux, Monsieur Rhétaux de Villette, chacun sait que votre biscuit trempe dans plus d’une coupe de vin ! Rhétaux de Villette : Ma belle, ma guilleri m’appartient ! Mme de la Motte : Il suffit. Nous avons à parler d’autres bourses que les vôtres. Vous êtes un excellent faussaire mais vous manquez de clairvoyance. A l’inverse de notre bon ami, et allié, Cagliostro. Auriez-vous oublié que nous allons bientôt faire fortune grâce à quelqu’un dont la sottise n’a d’égal que sa richesse ? Rhétaux de Villette : Ah, le Prince Cardinal Louis de Rohan ! Ce benêt ! Grand Aumônier de France, Commandeur des Ordres du Roi et qui prétend au titre de maître du cul de la Reine ! Mme de la Motte : Vous aurez tout le temps de me prouver que vous êtes meilleur cavalier et pourvu d’une plus belle monture. Fuyez, qu’il ne vous voie point ! Scène 2 Le Cardinal : Madame de la Motte ! Ma chère bienfaitrice ! Que Dieu vous bénisse pour toutes vos bontés ! Dites moi si le grand maître accepte de me rencontrer ! Mme de la Motte : Il a pressenti, dès que j’ai prononcé votre nom, que vous aviez un destin exceptionnel et sa disciple de dire : « Maître, je sens qu’il faut que vous soyez dans les bonnes grâces de cet homme. ». Il a donc interrogé les esprits. Le Cardinal : Qu’ont-ils dit ? Mme de la Motte : Les oracles ont révélé qu’une lettre imminente de la Reine vous informerait qu’elle accepte ma demande d’être votre intermédiaire sur le chemin de votre retour en grâce auprès d’elle. Le Cardinal : Ma chère, alors que je m’apprêtais à me rendre chez vous, un messager me remit une lettre en ces termes exacts ! Je comprends pourquoi ce Monsieur de Cagliostro emporte l’admiration des plus grands de notre royaume. Mme de la Motte : Il accepte de vous rencontrer ici même demain à 4h de l’après-midi. Soyez exact au rendez-vous. Scène 3 Mme de la Motte : Etes-vous prêts ? (On voit la disciple présenter au public et poser à terre un drap sur lequel est dessiné un pentacle. Elle s’allonge, se relève et jette une poudre blanche. Pendant ce temps il allume les encens et prépare des fioles. La cloche sonne.) Mme de la Motte : Monseigneur. Le Cardinal : Madame de la Motte. (il se dirige vers Cagliostro) Cagliostro : C’est un honneur de rencontrer l’homme dont les esprits bienveillants m’ont montré la haute destinée qui lui est promise. Soyez assuré que je deviens dès à présent votre humble serviteur et que j’userai de tous mes pouvoirs pour écarter de votre route les ombres maléfiques qui m’ont été révélées et qui pourraient compromettre ce fabuleux destin. La disciple : Ne soyez pas modeste maître ! Sans votre intervention ce fabuleux destin ne saurait s’accomplir ! Et comme vous serez au service exclusif de cette cause vous allez subir des pertes financières considérables, ne pouvant plus travailler pour aucun des grands de ce royaume pendant un temps. Le Cardinal : (il s’agenouille aux pieds de Cagliostro) A combien estimez-vous ces pertes ? Cagliostro : Que parlez-vous là d’argent ! Il s’agit de mettre les dons que Dieu m’a donnés au service d’une noble cause et d’un homme exceptionnel ! Le Cardinal : Maître, ne discutons pas d’argent, il est normal que vous soyez dédommagé. (il sort une bourse dont s’empare avec avidité la disciple. Elle pose la somme sur le pentacle, s’allonge et « invoque les esprits ») Le Cardinal : Que fait-elle ? (il s’adresse à Mme de la Motte) (La disciple psalmodie des phrases d’invocation cabalistiques et soudain elle se relève comme une furie.) La disciple : Voyons, taisez-vous ! J’invoque les esprits et je transmets de l’énergie à mon maître, tout comme lui le faisait lorsqu’il était disciple de son maître, le comte de Saint-Germain, cet immortel dont vous ne pouvez ignorer la réputation ! (Le Cardinal ressort une seconde bourse. Pendant ce temps Cagliostro continue ses préparatifs.) Cagliostro : Monseigneur les esprits me révèlent que vous êtes un Saint homme, ce qui attise les forces maléfiques. Elles vont s’unir pour empêcher votre destinée de s’accomplir et seuls mes pouvoirs divins pourront les vaincre. Les forces du bien me commandent de suivre mes inspirations car toutes sont d’origine divine. (Le Cardinal sort pour la troisième fois une bourse, la disciple se relève aussitôt et veut s’en emparer mais il la repousse et la place dans la main de Cagliostro.) Cagliostro : J’ai épuisé toute mon énergie. Retrouvons nous ici demain à la même heure.
Posted on: Sun, 20 Oct 2013 21:29:23 +0000
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