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Elle désigne de la main deux matelas fatigués dans lequel le grand dort encore, recroquevillé. « Voilà, c’est là. » C’est là, dans l’unique pièce du rez-de-chaussée, que Sandra Bouanen et ses quatre enfants se sont retranchés depuis des mois. Ils fuient. Ont abandonné les étages au fur et à mesure que les moisissures et l’humidité ont imbibé la petite maison de courée rue de Saint-Quentin à Moulins. Quand elle est arrivée ici il y a deux ans avec ses enfants, Vilogia, le bailleur, lui a promis, assure la maman, un relogement rapide. « Ils m’ont dit qu’ici, c’était en attendant de trouver mieux. » Le provisoire dure depuis des mois. Des mois pendant lesquels les enfants, dont le plus petit a 2 ans, respirent un air vicié par l’humidité et le manque d’aération. Au 2e et dernier étage, un petit bout de mur lépreux s’effrite dans une pièce abandonnée. Au 1er, une des chambres a elle aussi été délaissée. « J’ai mis du Balatum : dessous la moquette est pourrie », dénonce la maman. Elle n’en peut plus, ne comprend pas pourquoi le bailleur ne passe pas, malgré les appels à l’aide. Un jour, elle est allée chez le pneumologue, les petits derniers n’allaient pas bien. Le médecin a diagnostiqué des problèmes respiratoires et a signalé le logement au service sanitaire de la ville. Sandra a bien reçu un courrier de la municipalité, une visite programmée le 22 juillet à 11 h. « Mais personne n’est venue », assure-t-elle. À la mairie, on explique que le rendez-vous a été reporté à lundi (demain). « L’unique inspectrice était souffrante. Et Mme Bouanem a été prévenue », précise le cabinet du maire. Dans la petite cour qui jouxte la maisonnette, un abri de fortune libère un peu d’espace. Dessous, la maman y a calé ses machines à laver. Et un grand réchaud, comme au camping. C’est là, été comme hiver, qu’elle prépare les repas des enfants. Elle enrage. « Si je ne payais pas, je comprendrais. Mais je suis à jour de tous mes loyers ! (310 € pour 223 € d’APL) », dit-elle en brandissant une attestation de Vilogia. Alain et Michelle, des voisins solidaires à l’entrée de la courée, ont eux aussi appelé le bailleur, pour aider. En vain. Chez Vilogia, on est pour le moins surpris. « Quand Mme Bouanem est entrée dans les lieux, la peinture avait été refaite et les fenêtres changées. » Les coups de fil ? « Nous n’avons que deux traces d’appel. Au printemps 2012 et hier (jeudi). » Au printemps 2012, le bailleur a engagé une opération de carottage, censée résorber l’humidité. De ce que nous avons pu voir dans le logement : sans grand succès. « Une demande de mutation a bien été enregistrée, mais la locataire souhaite une maison individuelle à Lille. Ce qui est un peu compliqué… D’autant qu’elle ne justifie pas de revenus suffisants. » Enfin, Vilogia glisse avoir diligenté un chargé de développement social pour gérer « des problèmes de voisinage ». Le bailleur a promis de contacter la maman la semaine prochaine. À suivre.
Posted on: Sun, 28 Jul 2013 13:46:27 +0000

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