En expulsant la députée Maria Mourani de son caucus, le chef du - TopicsExpress



          

En expulsant la députée Maria Mourani de son caucus, le chef du Bloc pose un geste lourd de sens. Un geste dont les effets sur le mouvement souverainiste élargi risquent d’en accélérer d’autant plus le fractionnement. Le message envoyé est clair: sur la Charte des «valeurs québécoises» mise au jeu par le gouvernement Marois, aucune dissidence publique ne sera tolérée au sein des caucus bloquistes et péquistes. Non seulement, dans ce «débat», on s’accroche obstinément au crucifix de Maurice Duplessis pour cause «patrimoniale», mais au Bloc, on semble aussi avoir adopté sa légendaire maxime du «toé, tais-toé» (1). Bref, le grand débat de société que disent souhaiter le gouvernement Marois et le Bloc ne comprendra pas leurs propres rangs. Alors qu’il répondait aux questions des auditeurs à l’émission Pas de midi sans info, le ministre responsable de la Charte des valeurs québécoises, Bernard Drainville, disait d’ailleurs bien comprendre «une décision comme celle-là». Quant aux citoyens en quête d’une politique «autrement» et de politiciens ayant le courage de prendre une parole plus indépendante sur des enjeux cruciaux, ils passeront leur tour. La tactique, en fait, est un grand classique. En sacrifiant le premier ou la première dissidente publique sur l’autel du discours unique, on fait comprendre illico aux troupes le prix à payer pour ce genre de choses. C’est l’agneau sacrificiel, dont le rôle est de servir d’avertissement. Sur ce débat polarisant à l’extrême et au parfum électoraliste indéniable, certains y verront tout simplement une exécution politique nécessaire pour préserver l’image d’unité. D’autres y verront plutôt des airs familiers de purge appréhendée. D’autant plus qu’ironiquement, cette expulsion arrive deux jours à peine après que le même chef bloquiste, Daniel Paillé, signait un communiqué invitant à ce «vaste débat de société», «les militantes et militants du Bloc Québécois», lesquels «se feront sans doute entendre au sein du parti ou à travers des groupes et associations». «Je suis assuré», précisait même M. Paillé, «que cela se fera dans le respect et l’ouverture. Dans la diversité des opinions, certaines et certains voudront le faire à titre privé ou personnel. Cela enrichira le débat.» On notera ici aucune référence à la «ligne de parti». Ajoutant à la confusion ambiante, le chef du Bloc lui-même n’appuyait toujours pas le «volet» de la Charte des valeurs sur l’interdiction élargie de signes religieux dans la fonction publique et parapublique. Qu’à cela ne tienne, il punit fortement sa députée pour avoir fait précisément ce à quoi il invitait son parti : débattre «dans la diversité des opinions». De toute évidence, il s’est passé quelque chose de majeur entre mardi et jeudi pour que M. Paillé ait à trouver un prétexte pour expulser Mme Mourani de ses rangs. Ce prétexte, il l’a trouvé dans une entrevue de Maria Mourani où la députée faisait état du danger que cette Charte soit vue comme une manifestation de «nationalisme ethnique» et affaiblisse par conséquent l’option souverainiste. Or, M. Paillé l’a plutôt accusée d’avoir elle-même comparé la Charte à du nationalisme ethnique. (...)
Posted on: Fri, 13 Sep 2013 04:28:51 +0000

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