Enjeux et intérêts d’une politique culturelle dans la - TopicsExpress



          

Enjeux et intérêts d’une politique culturelle dans la résolution des crises Centrafricaines. Etat enclavé de l’Afrique Centrale, la République Centrafricaine fait face à la dégradation de son environnement et à des crises aigues qui sont de nature a affecté l’avenir des couches vulnérables, des générations futures et de l’Etat. Ces crises ont détectabilités les institutions de la République, détruit les structures socio-éducatives, fragilisés l’Etat, entrainant ainsi une insécurité générale, la montée fulgurante de l’incivisme, la non disponibilité des denrées essentielles et la paupérisation du peuple. De 1990 à nos jours, plusieurs débats ou dialogues ont été organisé dans l’optique d’apporter des solutions à ces différentes crises. Mais les faits ont mis a nu les limites de cet approche de solutions. Dans ce contexte, il est bien difficile d’ignorer la contribution de la culture dans la résolution des crises militaro-politiques, économiques et alimentaires qui ont secoué notre pays depuis plusieurs décennies. Le problème se pose donc en ces termes clairs : Comment intégrer la culture dans la résolution des crises Centrafricaines ? D’emblée, il faut signaler que la Centrafrique est une mosaïque de peuples issus de la civilisation soudano-sahélien et de la civilisation bantoue. Cette situation se traduit par la présence à la fois des chrétiens, des musulmans, des animistes et des « sans religions » qui cohabitent depuis des décennies. Ces groupes sociaux ont de modèles différenciés de comportements et habitudes qu’ils transmettent du père au fils par l’éducation. Des études sociologiques ont révélé que les différentes ethnies qui existent en Centrafrique ont un dénominateur commun de leur éducation : l’apprentissage des vertus de l’effort, du travail, de l’obéissance, du respect de l’autorité, de l’entraide et de la solidarité aux jeunes. Cet aspect positif de notre culture avait fait de notre pays un havre de paix dans une Afrique en tumulte. La culture Centrafricaine n’est pas fondée sur la division, le tribalisme, la violence, la haine et l’esprit de vengeance. C’est pourquoi, contrairement à d’autres crises, par exemple la crise Ivoirienne qui a enregistré un nombre important de morts (des milliers de morts) du fait des violences et de la cruauté qui ont marqué cette crise, celles de la Centrafrique attirent moins d’attention car les dégâts humains et les violences enregistrés sont moindres. Ce n’est pour négliger le bilan humain de nos crises, mais juste pour comparer la mentalité Centrafricaine avec d’autres cultures. Les témoignages ont prouvé que ce sont d’ailleurs des éléments étrangers qui sont dans les mouvements rebelles qui commettent plus des exactions que les Centrafricains de souches. Mais comment la culture peut-elle aider à résoudre les crises Centrafricaines ? En effet, la culture est un tout complexe qui englobe les connaissances, les croyances, l’art, la morale, la loi, la tradition, et toutes autres dispositions et habitudes acquises par l’homme en tant que membre d’une société. Elle conditionne la vision c’est-a-dire la représentation imagée du monde selon le groupe ou le peuple considéré. Elle peut donc amener des groupes d’individus à partager une vision commune sur des grandes questions, à harmoniser des projets politiques et économiques, à œuvrer pour la cohésion sociale, la non- violence, etc. La culture est un facteur de progrès humain car elle peut contribuer directement ou indirectement au développement économique et social d’un pays, au progrès démocratique, en d’autre terme, elle constitue un levier du développement. Le moyen le plus efficace pour garantir la paix, la sécurité et la prospérité est de trouver une forme de société où l’homme puisse reconnaitre sa valeur, les valeurs de sa culture pour l’apprécier, connaitre son pays, l’histoire politique de son pays et ses leaders, les lois du pays afin d’y obéir. Une approche culturelle authentique peut permettre de prouver les relations de cause entre notre culture et les différentes crises que nous avions connues et connaissons encore. Il faut reconnaitre que pour que la paix revienne en Centrafrique, il est nécessaire de refonder les mentalités, de faire renaître nos valeurs culturelles, de former un peuple qui sait choisir ce qui est utile pour lui. La refondation des mentalités est une étape nécessaire, car la pensée est un modèle intérieur qui finit toujours par se manifester ou se traduire par des actes positifs ou négatifs. L’idéal est de tout mettre en œuvre pour extirper le mal de la pensée, puisque nos pensées sont des forteresses dans lesquelles se cache le mal. En réalité, le premier mal de notre pays est qu’il a connu des dirigeants qui ont contribué au déracinement de notre culture, des dirigeants qui ont semé le tribalisme, le népotisme, la division et l’esprit de vengeance. Nul doute que notre culture favorisait la cohésion du peuple, le respect des autorités, le respect des biens publics et privés, un sens élevé du civisme, l’amour pour un travail bien fait, etc. Aujourd’hui, le politicien a poussé le peuple vers des travers qui bloquent l’émancipation du peuple et menace la cohésion nationale. Le citoyen lambda n’a de respect pour le chef du quartier et le maire parce qu’ils n’ont pas été élu par la peuple ou qu’ils n’ont plus le pouvoir nécessaire pour asseoir leur autorité. Le plus souvent on oublie que « la culture est l’âme de la démocratie » et la volonté populaire fait cruellement défaut. Dans l’administration et l’armée, le respect de la hiérarchie n’est qu’un vain mot et les instructions sont foulées aux pieds car les gens font confiance à des protecteurs politiques . Le tribalisme a imposé sa loi à tel enseigne que qu’on a l’habitude d’entendre les expressions du genre « je vais payer du poisson chez les yakomas », « il y a du bruit chez les gbayas », « mon voisin banda », etc. En outre, le Centrafricain est amené à considérer son compatriote musulman comme un étranger, un arabe. Il suffit de porter le nom Hissen pour être qualifié de tchadien ou de « Bènguè ». Ainsi, les compatriotes de la civilisation soudano-sahélienne subissent une forme de ségrégation qui a été l’une des raisons qui ont poussé à la formation de certains mouvements rebelles. Dans l’état actuel des choses, il faut avoir l’esprit cartésien pour faire la part des choses, faires la différence entre les compatriotes musulmans et les étrangers qui nous oppriment. C’est pourquoi, il est du ressort des autorités de la transition de circonscrire le mal en amant, en établissant les bases d’un nouveau système de pensé, de revaloriser notre héritage culturel authentique afin de donner une nouvelle impulsion à la Centrafrique. Le but est de concevoir et d’appliquer une politique culturelle visant à modeler la mentalité du Centrafricain d’aujourd’hui, à purifier notre pensée des préjugés, des mauvaises habitudes acquises, à développer les vertus qui permettent de bien administrer les affaires de la cité. Ceci est possible dans le cadre d’une reforme ministérielle. Un ministère de la culture, d’intégration des minorités et de la cohésion nationale peut se voir confier la mission d’instruire le citoyen sur sa culture, son droit et devoir, d’orienter convenablement, de soutenir et d’encourager toutes initiatives visant à promouvoir la paix et la cohésion sociale au moyen de la culture. Il est question de valorisé la diversité ethnique, de faire comprendre au peuple qu’il n’y a point d’ethnie privilégié. Chaque ethnie, chaque groupe avec sa spécificité, ses prouesses constitue un maillon fort de notre société. La cohésion et la survie du peuple Centrafricain sont garanties lorsque les individus se soumettent et acceptent librement les préceptes moraux qui le régissent. Le bon citoyen ne doit pas violer les lois et les bonnes mœurs issues de sa culture. Les activités que la loi déclare illégales doivent être évitées. Etant donné que la loi est le pilier de toute culture, l’enseignement de l’éducation à la vie et à la citoyenneté dans nos écoles, les maisons des jeunes et autres places publiques est une nécessité impérative et vitale. Elle permet de faire revivre nos valeurs culturelles et permet d’élever la foule vers l’élite. Chawki Amani disait « le véritable progrès n’est pas d’abaisser l’élite au niveau de la foule mais d’élever la foule vers l’élite ». L’histoire de notre nation indique que les peuples de Centrafrique ont leur esprit politique. Cet esprit politique consiste à ne reconnaitre en général que des chefs compétents qui travail pour le bonheur du peuple, quelque soit son appartenance ethnique. La culture centrafricaine n’a jamais enseigner et prôner la division, la violence et le tribalisme. C’est notre système politique qui, pour des calculs politiciens instrumentalise la culture de la violence, de la haine, de la vengeance, du népotisme et de la division en Centrafrique. Il suffit de visiter les boîtes noires des partis pour nous en convaincre. Les successeurs de Barthélémy BOGANDA ont piétiné la philosophie de « Zo kwe zo ». Les mutineries, les coups d’Etat et autres évènements qui ont marqué négativement notre pays, le prédisposait tout azimut à une guerre tribale. Mais notre culture, fondée sur le principe de pardon nous a permis d’oublier rapidement les dures épreuves du passé quand la quiétude se présentait à notre porte. Les acteurs clés de la décision politique devraient s’inspirer de cette culture pour améliorer leur vision stratégique de résolutions de nos crises. Le respect des verbes nourrir, loger, vêtir, soigner, instruire, ciment de notre culture apaise la tension sociale et favorise la cohésion. La Centrafrique doit faire de sa tradition un instrument de résolution des crises. L’implication des détenteurs et gardiens de la tradition, des adeptes des pratiques endogènes originelles, des chefs traditionnels et coutumiers sont à reconsidérer. Les méthodes traditionnelles de résolutions des crises, qui soldaient par des pactes entre les ethnies d’où l’existence des alliances(Mbouki) peuvent être misent à contribution. On doit interroger les traditions et les chefs traditionnels pour connaître leurs points de vus. La chine, l’Inde et autres pays émergents se sont appuyés sur leur culture pour résoudre leur problème et enclencher leur développement économique. Alors, pourquoi tournons nous le dos à notre culture ? L’organisation d’une conférence nationale sur le rôle de la culture dans l’élaboration d’une politique sécuritaire et économique jettera les bases d’une stratégie tenant compte des atouts de chaque groupe ethnique dans toutes politiques de refondation de notre pays, des réformes de nos forces de défenses et de sécurité, du développement des activités agro-pastorales, etc. Il est temps de comprendre que les peuples du Nord aperçoivent les mêmes vérités que les peuples du Sud, mais ils les aperçoivent différemment. Les peuples de l’Est ont les mêmes attentes et aspirations que les peuples de l’ouest. Le développement de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche doit tenir compte des dispositions naturelles et de l’intérêt de chaque peuple pour ces activités. Le principe de laïcité doit être respecté. Tout doit se faire dans l’intérêt de chaque peuple. L’Etat Centrafricain n’est ni un Etat chrétien ni un Etat islamique L’ancien premier ministre Lionel Jospin disait « La démocratie a pour but de permettre aux citoyens de contrôler le pouvoir de l’Etat. On ne peut pas s’en servir pour justifier l’exploitation des politiquement faibles par les politiquement forts qu’ils soient la majorité ou une minorité bien placée ». En définitive, la culture est un ensemble de valeurs, de mythes, de rites, des tabous, partagés par un peuple. Elle doit être considérée comme un instrument au service de la paix et de la cohésion nationale. Car elle permet de fédérer les comportements, de mobiliser les hommes et les énergies, de souder un peuple autours d’une vision politique et économique. Au-delà de son rôle de cohésion, la culture répond aux aspirations profondes des hommes, apporte des solutions pratiques et déterminantes pour l’avenir de notre pays. Elle doit être à l’avant-garde de toutes initiatives résolutions des conflits. La culture établit des règles et des principes explicites et implicites, largement partagés par les membres d’une communauté. Elle constitue un facteur de progrès humain et permet aux dirigeants d’anticiper dans une certaine mesure les réactions du peuple en tenant compte de toutes les gammes préétablies de comportement qu’elle offre. Ainsi, plus le peuple partage des objectifs communs, définis et valorisés par leur culture, la cohésion nationale est au rendez-vous et le pays connait un progrès démocratique. « Biani I kouè ilingbi » Patrick Donatien ISSAPA
Posted on: Wed, 11 Sep 2013 10:12:34 +0000

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