" ... Et ses femmes que l’on rend dépendantes économiquement - TopicsExpress



          

" ... Et ses femmes que l’on rend dépendantes économiquement à vie de leurs maris, renvoyées, de fait, au foyer. Car une Allemande sur deux travaille à temps partiel, dont 4,5 millions dans le cadre d’un « minijob » : ces boulots payés moins de 450 euros, qui n’ouvrent aucun droit ou presque. Un divorce, un mari au chômage ou décédé, et c’est la pauvreté. Le modèle allemand, un modèle d’avenir ? ... « La situation des femmes sur le marché du travail s’est détériorée avec les réformes Hartz, en premier lieu à cause de la loi qui a facilité les minijobs », estime Ursula Engelen-Kefer, ancienne vice-présidente de la Fédération syndicale allemande DGB. Ces minijobs existent depuis longtemps, mais étaient limités à une activité de 15 heures de travail par semaine maximum, rémunérée 325 euros par mois. La première loi a levé la limite horaire et augmenté le plafond salarial à 400 euros (passé à 450 euros cette année). ... Sur les 7 millions de personnes qui travaillent dans le cadre d’un minijob, près des deux tiers sont des femmes. Et ce minijob constitue, pour les trois quarts d’entre elles, leur seul et unique emploi. Les secteurs d’emploi traditionnellement féminins sont aussi les plus touchés par le phénomène : plus d’un million de minijobs dans le commerce, près de 800.000 dans le nettoyage, plus de 400.000 dans la santé. ... Car les minijobbers ne bénéficient ni d’assurance maladie, ni d’assurance chômage quand leur contrat s’arrête. Et leurs cotisations retraites sont ridicules. Travaillez 45 ans en minijob et vous aurez droit à une pension mensuelle de 140 euros seulement ! Et ce piège s’est refermé sur les femmes : une femme active – entre 18 et 64 ans – sur dix est en minijob. « Cela signifie que les femmes qui cherchent un emploi et ne disposent pas de qualifications particulières ou reviennent sur le marché du travail après une pause pour s’occuper des enfants, ne reçoivent souvent pas d’autres offres d’emploi que ces jobs », analyse Ursula Engelen-Kefer. Sans cotisations salariales, « les femmes en minijobs dépendent de leur partenaire pour avoir une assurance maladie, conclut la syndicaliste. L’autre conséquence, c’est la pauvreté assurée une fois à la retraite. Le problème, c’est que beaucoup de femmes encore jeunes ne se rendent pas compte ce que signifie se retrouver sans retraite ni assurance maladie et dans la dépendance à leur mari. Elles se disent simplement “le brut pour le net, c’est merveilleux”. Cette situation est soutenue par les hommes, qui paient moins d’impôts si leurs femmes travaillent peu. Ce développement des minijobs va donc exactement dans la mauvaise direction. » Pas étonnant, dans ce contexte, que 84% des femmes qui exercent un minijob comme activité principale soient mariées. Alors que la proportion n’est que de 60 % dans l’ensemble de la population féminine allemande. En outre, une fois en minijob, les femmes y restent : un tiers exerce ce type d’emploi depuis dix ans ou plus, et plus de la moitié depuis plus de six ans. « En cas de divorce, de chômage ou du décès du mari, les femmes en minijobs ne peuvent que difficilement assurer leur existence et celle de leur famille », prévient le sociologue Carsten Wippermann, qui a conduit l’étude publiée en avril par le ministère de la Famille. Pour lui, les minijobs constituent en fait un « programme de production de dépendance et d’impuissance économique des femmes à vie ». Un programme validé par la première loi Hartz, sous un gouvernement social-démocrate... Les réformes allemandes du marché du travail ont-elles au moins développé l’emploi des femmes ? Au premier abord oui. Leur taux d’emploi a connu une nette hausse passant de 62% en 2002 à 71,5% en 2012. Il dépasse maintenant le niveau des femmes françaises (65 %). Mais à y regarder de plus près, le tableau est moins glorieux. « Nous avons effectivement plus de femmes actives aujourd’hui qu’il y a dix ans, mais elles se partagent le même volume de travail, déplore Karin Schwendler, du syndicat du tertiaire Ver.di. Le temps plein recule et la temps partiel augmente toujours plus. » Près d’une travailleuse allemande sur deux (45%) est à temps partiel, contre moins d’une sur trois en France. Les femmes allemandes à temps partiels travaillent en moyenne moins de 19 heures par semaine contre plus de 23 heures en France. « Chez nous, les femmes qui travaillent sont encore considérées comme des salaires d’appoint pour le foyer. La représentation qui domine, c’est toujours celle de l’homme qui ramène l’argent à la maison, et la femme qui apporte peut-être un petit quelque chose en plus », explique la responsable du syndicat des services. ..."
Posted on: Thu, 13 Jun 2013 15:28:52 +0000

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