Extrait de Exit la dérision. 4 janvier 2012, 12:01 Aux - TopicsExpress



          

Extrait de Exit la dérision. 4 janvier 2012, 12:01 Aux alentours donze heures ils prirent la direction de Toulouse. Il était à la fois chagriné de devoir partir sans la moindre information tangible sur les faits et excité à lidée de faire son « come back » dans la restauration, vivre sa nouvelle existence. Il en avait presque oublié combien la présence de Sybille avait été un élément perturbateur. Midi et quart, ils arrivaient en périphérie de la ville rose, ils avaient très peu conversé durant le trajet, étrangement ils s’étaient souvent regardés. L’atmosphère était confuse, pesante même. Un cocktail sulfureux serait l’image appropriée pour caractériser l’instant. Entre sentiments et ressentiments, désirs inexprimés près à éclore puis retenus par pudeur ou crainte du faux pas irréversible, cette cohabitation engendrée par un évènement singulier arrivait à terme, Sybille avait fondé quelques secrets espoirs, Bruno tâtonnait encore dans l’élaboration de son nouvel organigramme régénérateur. Etait-il réellement serein ? Feignait-il le désintéressement, parce qu’il n’était plus sur de rien…Sybille, elle, n’avait d’yeux que pour lui, plus ils s’approchaient du dénouement, plus son cœur battait la chamade, comme si elle allait le perdre à jamais. Il partait à l’ouest et l’estivale Dinart, elle rejoignait le Carcassonnais et son étude comptable, Toulouse n’était qu’une brève escale. Il était midi trente cinq quand ils allèrent se garer sur le parking de l’hôpital. Bruno stoppa la voiture et descendit le premier. Sybille eut du mal à s’en extirper, elle aurait voulu arrêter l’horloge universelle. Il se pencha par sa portière et allait lui demander ce qu’il se passait quand il s’aperçut que le visage entre les mains elle sanglotait. Il se releva instinctivement gagné lui aussi par l’émotion. Il inspira profondément, souffla fortement puis tentant de voiler le trémolo de sa voix lui dit doucement -« Sybille, il faut y aller »- Sans mot dire elle s’exécuta. Ils se dirigèrent vers l’entrée, Bruno la précédait. Elle déambulait telle une condamnée qui se rendait à l’échafaud. Il venait de saisir quelles étaient ses réelles aspirations et cela l’avait touché, pourtant il ne la comprenait pas tout à fait, elle allait tout de même retrouver sa petite sœur sortie d’affaire et ses parents soulagés par l’issue que prenait ce grave évènement. Il se disait que sans ambigüité, plus rapidement il aurait rempli ses obligations d’usage, plus tôt il éviterait de s’égarer dans un nouveau dédale. Tout était à la fois clair et confus, il ne maîtrisait pas la situation. La réaction qu’allaient avoir ses parents ne le préoccupait pas, celle de Val non plus d’ailleurs, pour l’instant. La pauvre devait être encore ensuquée, le sens de ses profondes émotions ne seront que plus tard dévoilées et exprimées. Pour le moment seule sa santé primait. A la réception on leur indiqua que la 73 était la chambre de l’accidentée en soins intensifs, coïncidence cela correspondait à sa date de naissance, Val a trente huit ans en effet. Dans l’ascenseur Sybille avait demandé à Bruno :-« Prend moi la main s’il te plais. »- Il la regarda et la serra dans la sienne et questionna –« Devant tes parents ? Cela me gêne un peu. »- Il avait faillit laisser échapper le prénom de sa sœur. Elle lui répondit qu’il devraient mettre leur à priori et leur rancœur dans leurs poches et lui soumit un –« Tu n’en as pas toi ? »- Bruno, même embarrassé lui rétorqua qu’il avait la conscience tranquille. Il savait qu’Hubert son ex beau père ex directeur commercial de Samsung France, le prenait pour un arriviste et que les retrouvailles risquaient fort d’être glaciales. Anita, la mère était moins rigide. Si Val était réveillée qu’allait-il en être… Quand ils se trouvèrent à hauteur de la chambre, il aperçurent les parents au chevet de Val par la baie vitrée, ils voulurent entrer mais une infirmière leur demanda de patienter, les visiteurs ne sont autorisés que par paire en soin intensifs, ils doivent aussi se revêtir de vêtements stérilisés, elle alla avertir les parents de leur arrivée. Hubert Quéraisse apparut le premier, sa femme lui emboitait le pas. Sybille ne lâcha pas la main de Bruno en s’approchant d’eux. Un léger rictus s’afficha sur le visage du père et Anita fut la première à enlacer sa fille, ses yeux fixaient furtivement les mains de l’ex couple mais Bruno eut droit courtoisement à la bise. Hubert embrassa sa fille à son tour puis raide comme le piquet de la justice serra virilement la main libre de son ex gendre. Sybille rompit la glace –« Comment vas t’elle ? Vous avez fait bon voyage ? »- -« C’est une miraculée selon les termes du chirurgien. Elle est sous calmant, les lésions étaient importantes mais elle s’en tirera sans séquelles. Un peu de rééducation, beaucoup de repos. Pour nous ça va nous sommes installés à l’hôtel Terminus comme prévu. »- lui répondit sa mère. Puis s’adressant à Bruno-« Merci pour tout, mon ami. Nous avons été informés par le corps médical de votre bienveillance. »- -« Rien de plus normal, nos chemins se sont croisés par pur hasard, j’ai cru bon d’agir ainsi, je n’ai fais que remplir mon devoir. »-répondit Bruno. Un moment stoïque Hubert cru bon d’ajouter-« Oui, merci mon garçon, bel exemple de civisme. »- L’infirmière les interrompit pour signaler à Sybille et Bruno qu’ils pouvaient rendre visite à présent.-« Pas plus de dix minutes s’il vous plait, elle est encore très faible. Voici vos affaires. »- Quand ils pénétrèrent dans la chambre, Val était assoupie reliée à une machine digne d’un film de science fiction. Sa sœur lui prit tendrement la main, Bruno s’approcha fébrile et lui déposa un baiser sur le font. Son visage n’était pas marqué outre mesure, ses bras étaient bandés, pour le reste quid, elle était couverte jusqu’au cou. Elle semblait sereine. Le temps imparti écoulé une aide soignante leur pria de sortir. A tour de rôle ils embrassèrent Val puis rejoignirent Anita et Hubert. Ce dernier exprima le fait qu’ils les trouvait fatigués, il leur proposa d’aller se restaurer à la cafétéria. Bruno déclina poliment l’invitation. -« Merci beaucoup mais je dois vous laisser à présent, un autre devoir m’appelle, désolé, une autre fois peut être. »- Sybille prit le relais, tenant toujours la main de ce dernier, elle ne l’avait lâchée que quelques petites minutes lors de leur visite. -« Oui, monsieur part pour le Pays Basque. Il a été embauché comme chef dans un restaurant aux alentours de Biarritz. » Les parents de Sybille le félicitèrent symboliquement et lui souhaitèrent bonne chance. Bruno les salua et leur pria de transmettre ses vœux de prompt rétablissement à Val dès que possible. Il promit de s’enquérir de l’évolution de son état. Sybille ne lâchant toujours pas sa main le raccompagna jusqu’au parking. Devant la voiture elle se mit face à lui, se saisit de l’autre main, les yeux humides elle le fixa, le regarda de haut en bas et lui dit –« Tu es toujours aussi séduisant. »-Bruno était plus que gêné et ne savait que dire. Il aurait pris ses jambes à son cou pour pouvoir éviter ce moment. Elle était toujours dingue de lui c’était une évidence, lui n’arrivait pas à analyser la teneur de ses sentiments présents. Au vu de la tournure que prenaient les évènements il préfèrerait sans aucun doute passer pour un timide maladif que pour un grand sentimental. Il était mort de trouille et aurait voulu pouvoir s’envoler pour Dinart avant qu’il ne soit trop tard. Ils restèrent un long moment les yeux dans les yeux, seul Bruno détournait invariablement le regard, puis il eut ces mots-« Bon Byline, désolé mais il faut que j’y aille j’ai cinq heures de route à faire. »- En silence elle lâcha ses mains pour l’enlacer et profita de la petite confusion pour lui voler un baiser, il ne la repoussa pas mais sentait qu’il y avait urgence. Les mains posées sur ses épaules il lui susurra –« Donnes moi de tes nouvelles, surtout prends soin de toi, à bientôt. »- « C’est mignon de m’appeler ainsi, serait- ce un ultime adieu ? »- Bruno éluda la question et ils s’enlacèrent une dernière fois avant qu’il ne monte dans sa voiture. Il s’éloignait lentement, elle était resté sur le trottoir pour le regarder partir, en larmes elle le salua de la main, il lui répondit par un retentissant coup de klaxon. Nous sommes le trente Juin 2011 dans l’après midi d’une magnifique journée estivale aux alentours de quatorze heures, Bruno prend le chemin de son nouveau projet professionnel, le village de Dinart sur la Côte Basque. EB Tous droits réservés.
Posted on: Fri, 15 Nov 2013 09:40:54 +0000

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