FagorBrandt: 3 000 emplois visés, et un micmac irlandais à la - TopicsExpress



          

FagorBrandt: 3 000 emplois visés, et un micmac irlandais à la clé - 3 000 emplois et quatre marques délectroménager grand public sont en jeu. FagorBrandt, filiale du groupe espagnol Fagor, est placée en redressement judiciaire. Et les repreneurs potentiels devront composer avec un tour de passe-passe fiscal irlandais. - Et maintenant, FagorBrandt. La litanie des entreprises en difficulté continue, en cet automne particulièrement maussade sur le front de l’emploi. En 2012, on aura retenu les licenciements annoncés chez PSA, Sanofi ou Fralib. En cette fin 2013, les noms des sociétés en danger s’accumulent toujours plus vite. Doux, Gad, Tilly-Sabco, Marine Harvest en Bretagne, mais aussi Arc international, Alcatel, La Redoute… On recense plus de mille plans sociaux en cours, et depuis l’arrivée de François Hollande au pouvoir, ce sont 15 000 emplois qui ont été supprimés dans ce cadre, a reconnu ce vendredi dans Libération le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg. Dans ce contexte morose, avec 3,3 millions de chômeurs, l’annonce jeudi 7 novembre du placement en redressement judiciaire de FagorBrandt plombe un peu plus l’ambiance. L’entreprise, filiale française du groupe espagnol Fagor, regroupe des marques d’électroménager très connues : Brandt, Vedette, De Dietrich et Thomson. Selon les syndicats, la filiale française emploie 1 800 salariés en direct, et 3 000 personnes en prenant en compte les sous-traitants. Le redressement judiciaire permet à l’entreprise de poursuivre son activité pendant six mois, en gelant ses dettes. « La mise en redressement judiciaire doit permettre à FagorBrandt de poursuivre la recherche de solutions visant la continuation de son activité», a déclaré jeudi le directeur général Thierry Léonard. La question des dettes est en effet le point noir de la gestion de l’entreprise. Elle doit 46 millions d’euros à des créanciers, et… 110 millions d’euros à sa maison mère ou à d’autres filiales du groupe. Fagor appartient à l’immense conglomérat basque Mondragón, qui a la particularité de regrouper 110 coopératives, où les salariés sont actionnaires de leur société. Mondragón a déboursé 300 millions deuros pour renflouer Fagor ces dernières années, et avait annoncé tout début novembre renoncer à sauver l’entreprise, qui emploie 5 700 personnes en Espagne, en France, en Pologne, au Maroc et en Chine. Dans tous ces pays, l’ensemble de la dette s’élève à 859 millions d’euros. En France, la société honore encore pour le moment ses commandes, grâce à des stocks de plusieurs dizaines de milliers d’appareils. Mais la situation va se dégrader rapidement : faute de payer leurs fournisseurs, les quatre usines du groupe – Vendôme (Loir-et-Cher, 221 salariés), La Roche-sur-Yon (Vendée, 339 salariés), Aizenay (Vendée, 106 salariés) et Orléans (Loiret, 523 salariés) – sont à larrêt depuis le 14 octobre en dépit d’un carnet de commandes de 82 millions d’euros. FagorBrandt compte aussi 342 salariés à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), 235 à Cergy-Pontoise (Val-dOise) et 40 à Lyon (Rhône). « Cela fait longtemps que nous craignons la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui : c’est il y a deux ans que sont apparues les premières difficultés et les retards pour payer les fournisseurs », explique Nathalie Pillet, déléguée CFTC du site d’Orléans. Son collègue Force Ouvrière de La Roche-sur-Yon, Jean-Luc Poiraud, confirme : « Nous demandions depuis deux ans à transformer le comité de groupe, où sont données les informations sur la santé de l’entreprise aux représentants des salariés, en comité de groupe européen. Nous avions des doutes sur la santé financière de notre maison mère. Cela nous a toujours été refusé. » Pourtant, les difficultés des marques du groupe ne datent pas d’hier. C’est en 1995 que De Dietrich, Brandt, Vedette et Thomson ont été regroupées sous le nom Brandt. En 2000, Brandt fusionne avec Moulinex, avant de faire faillite. L’entreprise est reprise par le groupe financier israélien Elco en 2002, puis par Fagor en 2005. « En 2002, nous avions 22 % de parts de marché, détaille Laurent Prévost, le délégué central CFDT de Vendome. Mais Elco, que nous avions soutenu parce qu’il conservait presque tous les emplois, n’a pas du tout investi, et en 2005, nous étions tombé à 17 % de parts de marché. Fagor est arrivé en 2005, et la chute a continué. » Aujourd’hui en France, les marques de Brandt représentent 14 % du marché. Elles sont coincées entre le haut de gamme, comme Miele ou Bosch, d’une part, et les producteurs asiatiques à bas coût (LG ou Samsung) ainsi que les marques de distributeurs d’autre part. Ces dernières sont passées de 7 % des ventes en 2008 à 12 % en 2012, selon le cabinet Gfk. Les crises économiques et immobilières aggravent cette difficulté de positionnement, puisque l’équipement électroménager est étroitement lié à l’acquisition ou au changement de logement. Entourloupe irlandaise Les repreneurs éventuels ont jusquau 13 décembre à 18 heures pour déposer leurs offres. La prochaine audience du tribunal de commerce, qui les examinera, aura lieu le 16 janvier. D’ici là, c’est le branle-bas de combat pour l’exécutif. « Nous avons été reçus par le maire, par les cabinets des ministres du Travail et du Redressement productif, puis par le préfet », témoigne Nathalie Pillet, de la CFTC. Le ministère du Redressement productif a précisé avoir multiplié les « contacts avec les autorités espagnole et basque, la direction du groupe en Espagne et de FagorBrandt France », et proposé de travailler main dans la main avec l’Espagne. Concrètement, si le gouvernement a exclu de nationaliser l’entreprise et de prendre une participation temporaire, Bpifrance, la banque publique d’investissement, pourrait prêter de l’argent. La situation était, il est vrai, connue depuis de longs mois par le gouvernement. « Dès l’été 2012, nous avions demandé, et obtenu, l’étalement du paiement de diverses taxes et charges sociales, pour passer un cap difficile, indique Laurent Prévost, de la CFDT. Bercy et Matignon connaissaient nos difficultés. » Selon la direction, un redémarrage de tous les sites coûterait 25 à 35 millions d’euros. Mais un repreneur potentiel devra probablement faire face à un joli casse-tête juridique, soulevé notamment par Force Ouvrière : « Depuis deux ans, c’est la filiale irlandaise du groupe Fagor qui détient l’ensemble des marques françaises !, alerte Jean-Luc Poiraud. Un repreneur potentiel des usines en France aura-t-il le droit d’utiliser ces marques ? Et à quel prix ? » L’entourloupe irlandaise, également relevée par le sénateur UMP Bruno Retailleau, est une pratique classique des grandes entreprises européennes, à des fins purement fiscales. Si la filiale irlandaise est propriétaire des marques, cela permet de faire payer aux autres filiales une redevance annuelle pour avoir le droit de les utiliser. Et autant de bénéfices en moins à déclarer à l’administration fiscale. Pourquoi l’Irlande ? Parce que ce pays ne taxe quasiment pas les bénéfices réalisés au titre de la propriété intellectuelle… Nous détaillions ces pratiques, parmi de nombreuses autres, ici. « Quand j’ai posé la question lundi au ministère, cela a été le flou artistique, personne ne savait précisément dans quelles conditions les marques pourraient être utilisées », raconte Jean-Luc Poiraud. Il va falloir trouver les réponses rapidement. Mediapart 08 novembre 2013 | Par Dan Israel
Posted on: Sat, 09 Nov 2013 18:15:56 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015