Fragment 105- Lhomme sans larmes: Leur couple avait résisté pendant soixante ans, jusqu’à la mort de sa femme. Une victoire finalement. Victoire sur quoi ? Sur le temps ? Sur la durée ? Sur lui-même ? Il se massait le front. Le mal de tête revenait. Toute sa vie il avait connu les migraines. Une douleur sourde, sournoise qui arrivait sans prévenir, sans raison particulière. Il y avait deux ans qu’elle était morte. Encore un peu plus de silence. Pourtant, les derniers temps, elle ne pouvait plus parler. Mais c’était une présence et ça comptait. Oublier toutes leurs disputes, pour tout, pour rien. Elle avait été jalouse de toutes les femmes qui l’avaient approché. Toutes, elles allaient lui ravir son mari. Avec les années, cela devenait tout à fait ridicule. La preuve, il ne l’avait jamais quittée. Ce n’est pas l’envie qui lui en avait manqué. Combien de fois il avait désiré se libérer à tout jamais de toute entrave, famille, devoir, obligations pour se lancer à nouveau dans des aventures inédites, repartir sur les routes, remporter des victoires sur son destin?Mais il ne l’avait pas fait. Il était resté. Il avait été pris dans les rets de l’habitude, si confortables, finalement. Car à quoi se raccrocher si ce n’était à la somme des petites habitudes assommantes et constituantes d’une vie? Fidèle à ses engagements. S’il y avait eu quelques accrocs au contrat, cela n’avait concerné que lui. Elle n’en avait guère pâti. Elle lui avait souvent aussi reproché son caractère abrupt, sec. Mais il était comme cela. La tendresse, il n’avait jamais su, ou il y a si longtemps qu’il l’avait vite oubliée. Pierrette Epsztein- Mercredi 30 Octobre 2013
Posted on: Wed, 30 Oct 2013 07:20:31 +0000
Trending Topics
Recently Viewed Topics
© 2015