Fragment de solitude (essai no. 002) Discussions puériles. - TopicsExpress



          

Fragment de solitude (essai no. 002) Discussions puériles. Visages sans expression. Yeux vides. Vide intérieur. Âme sans chaleur ni passion. Mais je ne peux pas être trop dur envers les gens qui m’entourent. Il m’arrive aussi de leur ressembler. Suis-je vaniteux ? Si c’est le cas, je m’en fous. Aujourd’hui, je déteste tout le monde. Le genre de journée où je devrais m’enfermer chez moi à double tour, et jeter la clé le plus loin possible. Mais non. Je suis trop orgueilleux, trop égoïste, trop masochiste. Je sors de mon antre. Je vais là où les gens se tiennent. Je m’incruste dans un public en mouvement perpétuel. Je m’étourdis à trop entendre des voix qui fusionnent ensemble. Je reste là, au cœur de la bête, à attendre les coups de fouet verbaux qui ne tardent jamais à venir. Je suis vraiment un connard de première. Putain. J’ose croire que je cultive ma solitude avec une certaine dignité. Que je ne joue pas un rôle. Que je ne suis pas un personnage. Je nage dans la solitude, mais plus le temps passe, plus je constate qu’il existe différentes couches de solitude. Je n’ose pas trop me rendre jusqu’au fond. Du moins, pas pour l’instant. J’ai trop peur de me noyer. De ne plus être capable de revenir à la surface. Parfois, j’ai l’impression d’être un « faux solitaire ». Que j’essaie de m’imposer le personnage du « gars solitaire ». Que j’essaie de me convaincre que je suis bien et heureux dans ce rôle. Mais pourtant, j’ai besoin d’être dans ma bulle. D’être seul dans mes affaires. D’être seul avec mes réflexions. Quand je suis entouré sur une base trop fréquente, j’étouffe. Je sacre. Les gens « m’énarvent ». J’ai besoin de prendre du recul. Question de rester sain d’esprit. Malgré tout, j’ai besoin d’être entouré. J’ai besoin d’entendre des voix. De voir des corps se déplacer autour de moi. J’ai besoin de sentir que je ne suis pas seul sur terre. Ce n’est pas pour rien que j’aime fréquenter l’université et la bibliothèque municipale. Même si je suis souvent seul dans mon coin, ça me rassure. Même si parfois, j’ai l’impression d’être perdu dans une forêt d’ombres, j’ai un peu moins peur. Peur de quoi ? Je ne pourrai pas le dire. Parfois, je crois que j’ai peur de me sentir trop « humain ». « Peur de se sentir trop humain ». Ce n’est pas vaniteux de dire ça. C’est plutôt effrayant de constater que j’ai peur d’être « trop humain ». Bon. Je me justifie encore. C’est peut-être pour ça que j’évite le contact humain ; j’en ai marre de toujours devoir me justifier. Je ne m’habitue jamais au silence. Je ne m’habitue jamais au bruit. Je ne m’habitue jamais à la solitude. Je ne m’habitue jamais aux gens. Je ne m’habitue jamais à moi-même. Je ne m’habitue jamais à la société. Je ne suis vraiment pas à ma place. Nulle part. Ici ou ailleurs, c’est la même chose. Mais j’aime trop la vie. Ma bouée de sauvetage, c’est la vie. C’est le silence versus le bruit. C’est la solitude versus les autres. C’est moi-même versus la société. Mais tout n’est pas que dualité. Il y a place à la nuance. À l’équilibre. Il ne me reste qu’à trouver un trou pour cesser de tanguer sur cette vague écumeuse. Peut-être qu’un jour, je cesserai d’errer. Car la solitude, c’est un peu ça. Errer entre l’imagination et la réalité. Et ne jamais réussir à s’ancrer définitivement dans l’un ou l’autre de ces mondes. Je regarde autour de moi, et je vois des fragments de vie. Nous sommes tous des fragments de vie car, d’une certaine façon, nous sommes tous seuls. Même quand nous avons l’impression d’être bien entourés. Nous ne pouvons pas éviter la solitude. Elle fait partie du quotidien, que nous le voulions ou non. Je ne comprends pas pourquoi tant de gens craignent tant la solitude. Le silence est lourd de sens quand nous sommes seuls. Mais le défi, il est là, justement. Faire face à ses peurs dans le silence. Faire face à ses démons sans le soutien de quiconque. Ne pas réussir à faire taire nos tourments quand nous sommes seuls. Nous ne sommes jamais aussi seuls qu’au moment où nous sommes obligés de confronter nos tourments dans le silence et la solitude.
Posted on: Fri, 04 Oct 2013 22:07:36 +0000

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