Francette était heureuse. Sa sœur avait fait toute la route - TopicsExpress



          

Francette était heureuse. Sa sœur avait fait toute la route depuis Saint Martin d’Ardèche. Sans s’arrêter, il fallait bien compter quatre bonnes heures. Le grand père était également à son comble. Ce n’était pas si souvent qu’il avait l’occasion d’avoir ses deux petites filles, même si les sœurs ne pouvaient rester longtemps sans se voir. D’habitude, c’était plutôt Francette qui faisait le chemin, confiant la garde des bêtes au vieux. Mais elle ne s’absentait jamais plus d’une journée. Cette fois, elles allaient enfin pouvoir rester ensemble un petit bout de temps. Marie-Ange avait réussi à dénicher un couple de woofeurs très sympa. Elle expliquait au grand père étonné les avantages du woofing, qui permettait à des jeunes de séjourner dans des fermes bios et donnaient un coup de main quelques heures par jour en échange du gîte et du couvert. La plupart du temps, s’étaient des étudiants pouvant venir de n’importe quel coin du globe. Marie-Ange pouvait leur laisser la ferme tranquille. D’ailleurs, ils étaient rapidement devenus amis. Les chèvres se gardaient quasiment toutes seules , il n’y avait pas grand-chose à faire, ce qui laissait à la frangine le temps de voir venir, et n’avait pas encore décidé de la date de son retour en Ardèche. On verrait bien. Pour l’heure, les deux sœurs papotaient sous la tonnelle, tandis que le Papé sortait ses bouteilles. Ils restaient tard dans la nuit à rire et discuter. Au petit matin, c’est le grand père qui se levait le premier. Les filles dormaient ensemble dans la grange, comme quand elles étaient petites et qu’elles l’appelaient Papo, ce qui le faisait fondre. Il leur avait tout appris de ce qu’il savait, les faisant participer dès le plus jeune âge à chacune de ses tâches. Très tôt elles avaient appris à traire la chèvre et faire les fromages. Papo avait déniché de vieilles petites faisselles en porcelaine, et elles étaient toutes fières de présenter leurs production sur un plateau de paille tressée. D’ailleurs, c’est de là que venait la passion de Marie-Ange pour la vannerie. Les mouton, ça n’avait jamais été leur truc, et si elles accompagnaient volontiers le troupeau, s’était d’avantage pour toutes les découvertes de la ballade. Le vieux avait commis l’erreur de les amener un jour voir l’abattoir. Bien que toutes petites, elles avaient vite fait le rapprochement entre les jolis petits moutons qui gambadaient dans l’estive, et la tuerie qui s’organisait dans ce bâtiment sordide. Après un petit déjeuner à rallonges, Marie-Ange annonçait qu’elle irait en ville dans la semaine. Elle avait besoin de quelques bricoles.
Posted on: Sun, 11 Aug 2013 09:08:54 +0000

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