Francois Harvey L’ARRAISONNEMENT DU PÈRE NOËL Par François - TopicsExpress



          

Francois Harvey L’ARRAISONNEMENT DU PÈRE NOËL Par François Harvey, reporter et porte-parole du Mouvement des Québécois. MONTEBELLO, QUÉBEC- Le premier F-18 décolla de la Base des Forces armées de Bagotville à 18hr35, immédiatement suivi d’un second qui rejoignit son collègue à dix mille pieds d’altitude, au-dessus de L’Ascension de Notre-Seigneur, à une dizaine de kilomètres au nord du Lac-St-Jean. L’appareil non-identifié arrivait du nord. « Encore les Russes », souffla un des deux pilotes à son camarade. « Ils ne pouvaient pas nous laisser tranquilles même un 24 décembre ces cochons-là ! » L’appareil avait été aperçu par satellite et suivi à partir du Quartier général de NORAD, au Montana. Il avait une forme oblongue et filait grand train, ce qui laissait craindre qu’on avait peut-être affaire à une fusée, peut-être une fusée météo, mais peut-être aussi quelque chose de plus sérieux. Les deux pilotes mirent toute la sauce; ils filèrent d’abord en direction de la Baie d’Hudson, puis obliquèrent vers la droite pour prendre la direction du Grand Nord. « J’ai un contact visuel », dit un des pilotes à son camarade. « À dix heures », ajouta-t-il. « Je suis dans ton sillage, je ne vois rien encore », lui répliqua le pilote du deuxième appareil. « Appareil non-identifié, ici Tango 1 des Forces canadiennes, vous survolez en ce moment une zone interdite, veuillez-vous identifier ». L’appareil transmit le message en anglais et en russe grâce à un traducteur électronique qu’il y avait à son bord. Il alla se positionner à côté de l’appareil suspect qui avait maintenant toutes les apparences d’un OVNI; on aurait dit une comète filant à basse altitude. L’OVNI perdait d’ailleurs de l’altitude et, comme il se rapprochait des premiers villages habités par les Inuits, il descendit encore plus bas, volant bientôt en rase-motte. « Apppareil non-identifié, ici Tango 1 , répondez s’il-vous-plaît, vous survolez en ce moment et sans autorisation l’espace aérien canadien. Tango 2 et moi-même allons déverrouiller notre armement et si vous n’obtempérez pas à mon ordre de vous identifier, nous allons tirer. » L’OVNI s’arrêta quelques minutes, au-dessus du village de Kujuaq. Les deux chasseurs-bombardiers, qui filaient à grande vitesse, le dépassèrent donc très rapidement et, à la vitesse à laquelle ils allaient, durent faire un détour de plusieurs centaines de kilomètres pour retrouver la trace de l’OVNI. Au Quartier général de NORAD, on commençait à s’énerver; le colonel-commandant le GQG avait bu du scotch ce soir-là lors du party de Noël et il n’avait pas tout son jugement. Il communiqua avec Tango 1 et lui dit : « Tango 1, ici NORAD, avertissez encore une fois cet enfant de pute de s’identifier et forcez-le à vous suivre jusqu’à Bagotville et s’il n’obtempère pas, abattez-le, ce n’est pas ce soir que les Russes vont faire ce qu’ils veulent dans notre espace aérien, quand même! » Tango 1 et Tango 2 avaient retrouvé l’appareil qui ne s’identifiait toujours pas et Tango 1 émit une nouvelle sommation : « Appareil non-identifié ici Tango 1 des Forces canadiennes. Nous vous sommons pour la dernière fois de vous identifier, à défaut de quoi nous allons vous abattre. » Les trois appareils étaient maintenant en vue de Povungnituk, tout au nord du Québec. L’OVNI freina un grand coup, fut encore une fois dépassé par Tango 1 et Tango 2 qui firent un rapide demi-tour pour revenir derrière l’étrange équipage qui faisait fi des sommations des chasseurs-bombardiers. « Tango 2, ici Tango 1 , je déverrouille mes missiles, je vais en envoyer deux à cet enfant de pute, j’ai un réveillon moi ce soir à la Base et il n’est pas question que je passe la nuit à lui courir après. » « Il l’aura bien cherché, Tango 1, je me place à ta suite et je lui envoie moi-aussi de la purée de patates, ça va faire un beau feu d’artifices. » Entretemps, l’appareil non-identifié s’était remis en route, suivant la côte de la Baie d’Hudson. Tango 1 se plaça quelques kilomètres derrière, déverrouilla deux missiles, et ouvrit le feu. Les deux fusées se détachèrent de ses ailes et filèrent à une vitesse folle vers l’OVNI. Mais de celui-ci s’échappa aussitôt de grandes guirlandes de métal semblables à celles que l’on met dans les arbres de Noël et, attirés par le métal, les deux missiles filèrent en leur direction avant d’aller exploser dans la taïga. « Cet enfant de salaud nous envoie des leurres, Tango 2, dit Tango 1, mais il l’aura bien cherché, je m’en vais te le mitrailler, s’il aime ça les guirlandes, je vais lui en broder une comme il n’en a jamais vue. » « Go Tango 1, je te suis à cinq cent mètres, je vais lui en envoyer une giclée moi-aussi, on verra bien qui rira de l’autre. » Tango 1 fit un large demi-tour pour revenir se placer derrière l’OVNI mais, comme il commençait à tirer sur celui-ci, l’OVNI stoppait pile au-dessus d’un petit village cri et les balles traçantes allèrent se perdre dans le paysage, ce qui fut du plus bel effet mais complètement inutile pour les besoins de la cause. « Ce @ / »0 d’enfant de chienne m’a encore eu. Je te le laisse Tango 2, il joue au plus fin avec nous, ne le manque pas !» Déjà, Tango 2 avait l’OVNI dans sa ligne de mire. Le pilote déverrouilla ses mitrailleuse et ouvrit le feu… à l’instant même où l’appareil non identifié reprenait sa route vers le sud. Encore une fois, les balles allèrent se perdre, mais cette fois plusieurs d’entre elles fracassèrent l’église du petit village autochtone où se tenait la messe de minuit. « Non mais qu’est-ce qui se passe ici, nom de Dieu », dit le curé qui interrompit la messe pour prendre le téléphone et téléphoner à la police pour rapporter l’incident. À la police, dans le nord, on avait bien eu connaissance de tout ce branle-bas de combat dans le ciel du grand nord québécois ce soir-là et on communiqua directement avec la Base des Forces canadiennes de Bagotville. « Non mais, dit le sergent, qu’est-ce que vos types font dans notre secteur ce soir, ils tirent dans tous les coins, ils viennent de mitrailler une église, vous êtes malades ou quoi? » « C’est top secret… » lui fut-il répondu. « Mais je transmets vos informations en haut-lieu, dit l’officier qui avait pris l’appel, et je vous reviens là-dessus. » L’officier communiqua avec NORAD. « Nous recevons des plaintes du Grand Nord québécois. Il paraît que nos hommes tirent un peu partout sans grands résultats, qu’est-ce qui se passe au juste, que pouvons-nous répondre à la police locale qui vient de se plaindre à nous ? » « Nous faisons notre boulot, c’est tout ! » L’officier rappela le policier. « Voilà, voilà, on ne peut rien vous dire, c’est top secret. Joyeux Noël quand même .» « Ah ben justement, répondit le policier, le père Noël vient juste de passer par ici et il semblait bien nerveux, vous êtes certain que tout va bien en haut? » « Le père Noël dites-vous? Mais le père Noël n’existe pas, voyons… » « Comment ça il n’existe pas; vous viendrez dire ça aux Cris qui viennent tout juste de recevoir leurs cadeaux pleins de trous de balles, on n’est pas content du tout de la tournure des événements, ici. » « Je transmets vos informations, merci et Joyeux Noël, » répondit l’officier qui s’était mis à transpirer abondamment. Il communiqua avec NORAD et transmit ce qu’il avait appris. « Phoque! Nos pilotes sont en train de tirer sur le Père Noël ! » « Vous n’êtes pas sérieux! » « Si… » « Rappelez immédiatement Tango 1 et Tango 2 à la Base. Toute cette histoire doit demeurer secret militaire. Imaginez les bulletins de nouvelles et les grands titres des journaux dans le monde entier si on apprend qu’on a failli abattre le Père Noël! » « Bien reçu chef. » Et c’est pourquoi le Père Noël eut, cette année-là, un peu de retard dans la distribution des cadeaux, davantage d’appétit pour les biscuits et qu’il demanda qu’on lui chauffe le lait pour plus de réconfort.
Posted on: Mon, 09 Sep 2013 00:31:03 +0000

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