Grève de plaisanterie les clubs de Foot en gréve (un sommet de - TopicsExpress



          

Grève de plaisanterie les clubs de Foot en gréve (un sommet de bêtises et de mépris Aulas en tête ...NB) En France, la grève était, il y a peu encore, associée aux luttes sociales. Est-elle en passe de devenir un symbole presque exclusif des absurdes revendications du football? On sait la trace laissée par la mutinerie du bus de Knysna dans limaginaire national, voici que les dirigeants des clubs français de Ligue 1 et Ligue 2 sengagent (comme un chauffard ivre dans un virage à flanc de précipice) dans un mouvement des plus douteux: une grève, ou journée blanche lors de la 15e journée de championnat, quils annoncent ne pas vouloir disputer le week-end du 29 novembre afin de protester contre lapplication de la taxe dite à 75%. PARACHEVER LE RIDICULE Deux précisions simposent en préambule. Dabord, le terme de grève est évidemment impropre: il vaudrait mieux parler de lock-out ou de boycott puisque lorsque lon dit quune entreprise est en grève, on désigne évidemment une décision de ses salariés, pas de ses patrons. Ensuite, il faut ne parler que dune menace puisquen cinq semaines, cette initiative a de grandes chances dêtre annulée. On peut même parier que ses initiateurs nont quune peur: être contraints daller au bout de leur démarche pour ne pas perdre la face, quitte à parachever leur ridicule. Quelles que soient lhypothétique légitimité de cette mobilisation et les opérations de communication qui laccompagneront (il est question de portes ouvertes dans les stades), une chose au moins est sûre: il sagit dune invraisemblable erreur de communication – autre spécialité du football français – qui va se payer très cher à moins dun rapide retrait. Les familles liguées dans cette démarche (dirigeants, joueurs, entraîneurs) ne peuvent être certaines que de son impopularité dans le double contexte de la crise économique et de la crise dimage du football français. Quelles le veuillent ou non, quelles en aient pris la mesure ou non (mais lheure est probablement venue), ce sport est devenu lincarnation dun invraisemblable gavage économique qui ne fait plus aucun sens, sinon celui de lindécence, aux yeux dune majorité de la population. Si les réflexes de cette dernière la porte souvent à ne plus comprendre et à détester limpôt, lindustrie du football ne peut pas espérer une grande indulgence de sa part sil sagit de se plaindre de cette pression fiscale-là. DE LACCUEIL DES GRÉVISTES DANS LE FOOTBALL... Comme la mémoire nest pas le fort des acteurs de ce milieu, on rappellera aux dirigeants de clubs laccueil quils avaient réservé à des mouvements analogues. Dabord celui des joueurs il y a cinq ans, qui avaient menacé dune grève pour protester contre un changement de la gouvernance de la Ligue, changement qui leur faisait perdre une partie de leur représentativité dans linstance (lire Grève : les joueurs plantent le piquet). Bernard Caïazzo, président de lAS Saint-Étienne, qui figure aujourdhui parmi les porte-parole de la fronde, avait alors déclaré: Je nimagine pas une seule seconde une grève des joueurs, on va faire rire ou pleurer toute la France au moment où les gens sont touchés dans leur pouvoir dachat. À lépoque, un accord avait finalement été trouvé et la 10e journée de Ligue avait eu lieu comme prévu. Plus récemment, ce sont les arbitres qui avaient essuyé une véritable tornade de réprobation lorsquau printemps 2011 ils avaient simplement souhaité retarder de quinze minutes le coup denvoi des matches de la 26e journée de Ligue, afin de protester contre la les déclarations insultantes à leur encontre et le laxisme des instances disciplinaires. Lâchés par la Fédération, qui les avait suspendus et remplacés par des arbitres issus des niveaux inférieurs, ils avaient été vilipendés par le ban et larrière-ban des imprécateurs médiatiques aussi bien que par les entraîneurs et les dirigeants, qui les accusèrent évidemment de prise dotages (lire Le sale quart dheure des arbitres et linterview de Tony Chapron). On ajoutera à cette collection le mépris adressé aux mobilisation de supporters, en particulier à la récente grève des Ultras stéphanois (lire Chargés à bloc). PAUVRES CLUBS Les pérégrinations de cette promesse électorale ont changé le contenu et la portée de la taxe à 75%: en la faisant supporter par les entreprises et non pas les salariés (conséquence de la censure du premier texte par le Conseil constitutionnel), on a exclu de son champ une partie de ses contributeurs initiaux et concentré ce champ sur le football professionnel. Mais en instaurant un plafond correspondant à 5% du chiffre daffaires, le législateur a déjà offert un dégrèvement favorable aux clubs ayant les masses salariales les plus lourdes [1]. Si largument de la rétroactivité de la taxe, qui compromet les prévisions budgétaires, est recevable, les déclarations théâtrales annonçant des faillites et un danger de mort imminent sont ridicules: on avait entendu exactement les mêmes lors de la suppression du Droit à limage collectif (DIC), niche fiscale à la disparition de laquelle le football français a survécu. Il y a quelque chose de comique à entendre sur les ondes nos présidents sempêtrer dans des arguments scabreux et ressasser des menaces éculées, comme la prophétie du départ des meilleurs footballeurs, et dautres encore moins crédibles. Nicolas de Tavernost évoque le retrait de M6 des Girondins de Bordeaux, Jean-Michel Aulas le danger qui pèserait sur la réalisation du nouveau stade de lOL tandis que Michel Seydoux (Lille) pousse un cri du cœur, dalarme, de désespoir et affirme penser aux millions de supporters qui nous suivent – auxquels il veut faire croire que cette taxe était faite pour toucher les riches et [que] là elle va toucher les pauvres (lire aussi Les cinq mensonges des clubs de foot). Sur le fond, il est question de partage de leffort fiscal: même si lefficacité de cette mesure (qui ne rapportera que 44 millions deuros) peut être discutée, pourquoi le football devrait-il être exempté de cet effort? [2] Au-delà, la complainte des clubs déplorant que la taxe touche un secteur en difficulté occulte leur responsabilité. Car sils connaissent des déficits devenus chroniques, cest essentiellement parce quau lieu de développer leurs structures et de diversifier leurs ressources, ils ont massivement consacré la manne des droits de diffusion à leurs masses salariales, quils ont ainsi contribué à grossir. La taxe frappe exactement là où ils ont fauté. [1] 24 millions deuros pour le PSG, 7,7 pour lOM, 6,6 pour lOL par exemple. La ministre des Sport Valérie Fourneyron avait alors évoqué la relative fragilité du modèle économique des clubs (lire l’article de Moustache FC). Laquelle a été peu payée de retour puisquen guise de mesure de rétorsion, les clubs ont annoncé quils quittaient le groupe de travail Football durable mis en place par le ministère. [2] Un des slogans de la libéralisation du football avait été Les clubs de football sont des entreprises comme les autres. Que les dirigeants assument leur dogme jusquau bout... Données du tableau : exercice 2012/13 (source : LFP). lemonde.fr illustration La Demeure du Chaos - The Abode of Chaos
Posted on: Fri, 25 Oct 2013 12:15:41 +0000

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