Gustave Flaubert et le voile de Tanit Ainsi mourut la fille - TopicsExpress



          

Gustave Flaubert et le voile de Tanit Ainsi mourut la fille d’Hamilcar pour avoir touché au manteau de Tanit. Quand elle eut, de sa main curieuse, touché Au manteau de lumière et d’étoiles broché ; Quand ses yeux éperdus et troublés, que dilate Le désir, eurent bu l’azur et l’écarlate Du voile redoutable aux regards des mortels ; Ainsi que la victime aux marches des autels Frémit, et sent déjà l’approche de la flamme, La fille d’Hamilcar blêmit, et rendit l’âme. Ô lambeaux glorieux de pourpre ! voiles saints Qui tombez lentement et dérobez les seins De la Muse héroïque à la voix éternelle ! Malheur au sacrilège impur, dont la prunelle A réfléchi vos plis droits et silencieux Qui bravent les efforts du vent, dans les grands cieux ! Son cœur tressaillera dans une angoisse affreuse, Il descendra vivant dans la mort ténébreuse, Expiant le forfait d’avoir, un seul instant, Essayé d’assouvir son désir insultant ! Seuls, les initiés élus qui savent lire Dans les livres sacrés et font vibrer la Lyre Ont droit de contempler le voile de Tanit, Et de baiser, parfois, les degrés de granit Qui conduisent au temple auguste où la lumière Émerge en fusion de l’aurore première ! Et, lorsque gravement ils marchent parmi nous, Les hommes prosternés embrassent leurs genoux Et baissent, éblouis par le reflet des gloires, Leurs paupières qu’emplit le flot des ombres noires !
Posted on: Tue, 22 Oct 2013 20:25:02 +0000

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