Guy Corneau : Maladie et guérison - Interview parue le 14 août - TopicsExpress



          

Guy Corneau : Maladie et guérison - Interview parue le 14 août 2013 Pour faire face aux déséquilibres intérieurs, le fameux psychanalyste et auteur québécois Guy Corneau souligne l’importance d’instaurer un dialogue avec soi-même. Ce survivant du cancer nous explique sa conception de la maladie et de la santé. Confronté à votre expérience personnelle, quel regard portez-vous sur la maladie ? La maladie est un déséquilibre qui s’exprime par des maux physiques ou psychiques. Par le biais de ces derniers, elle émet des alertes qui participent, selon moi, à une intelligence profonde de la vie. Il s’agit d’un message qui nous est adressé pour que l’on revienne à nous-même et pour que l’on réalise que quelque chose ne fonctionne plus en nous. Ce déséquilibre peut, par exemple, être lié à un besoin de s’exprimer. Notons que le psychanalyste Carl Gustave Jung percevait la maladie comme l’effort de la psyché – l’esprit et l’activité mentale – pour nous guérir. Il s’agit d’un message lourd puisque cela sous-entend que le malade est celui qui nuit à sa propre santé. Quels sont les éléments qui vous ont aidé à faire face à vos problèmes de santé ? J’ai eu la chance d’être souvent très malade. (Rires) Nous apprenons beaucoup de choses à travers la maladie ! Si on y survit, cette dernière aide à changer de regard sur la vie et sur la santé. Grâce à elle, j’ai appris à associer différents types de médecines et d’approches. Je ne crois plus qu’une seule démarche soit capable de nous sauver de la maladie, excepté la médecine intérieure que nous portons en nous. Selon moi, la médecine conventionnelle, la médecine énergétique et la médecine des plantes procurent un environnement soignant qui ne fait que réveiller notre capacité à s’auto-régénérer. Tout se joue autour de ça. Nos cellules s’organisent et s’expriment par elles-mêmes, c’est-à-dire qu’elles vont remplir de manière autonome leur tâche au sein de notre corps. Grâce au système immunitaire, elles ont également la capacité de s’auto-réparer. Au fond, l’organisme est le seul à pouvoir se régénérer. C’est pourquoi la médecine ne fait que créer un environnement provocant ou soignant. Dans ce type de processus, l’état psychique va beaucoup influer sur les conditions biophysiques. Une personne déprimée, qui a perdu le goût de vivre, va, par exemple, être plus facilement emportée par la maladie. Les maux physiques ou psychiques sont des alertes qui participent à une intelligence profonde de la vie. L’art est-il un moyen de stimuler ces états intérieurs ? L’art va être bénéfique pour ceux qui aiment ce type d’activités humaines. Pour d’autres, ça sera le jardinage, le bricolage, … Tout ce qui est de l’ordre d’une expression qui rejoint l’essence créatrice d’un être peut apporter de la joie. Et cette dernière va avoir un gros impact sur le comportement biophysique des cellules du corps. Votre implication dans le monde du théâtre côtoie votre pratique de la psychanalyse. Utilisez-vous cet art comme un outil au service du bien-être ? Le théâtre auquel je prends part a toujours été lié à la psychanalyse. Celui-ci s’accompagne d’une démarche d’exploration de la psyché humaine et d’une volonté d’enseigner au public. Vous avez créé l’association Cœur. Selon vous, l’art-thérapie est-elle une manière efficace de lutter contre les maux physique et psychique ? À partir du moment où l’individu extériorise ce qui se passe en lui, un dialogue peut s’engager. Écrire un poème, faire un dessin, … ce sont des actions orientées vers un rééquilibrage intérieur. L’art-thérapie est donc un outil très puissant puisqu’elle permet de poser un regard sur son état. Avec Cœur, que j’ai supervisé de 1997 à 2006, mon objectif n’était cependant pas de proposer ce type d’approche. Au lieu de faire appel à des art-thérapeutes, l’idée était de mobiliser des artistes accompagnés par des thérapeutes. Il me semblait que les gens trouvaient auprès des artistes un élan de création et de vie plus stimulant. Les thérapeutes aidaient, quant à eux, les individus qui rencontraient des problèmes à travers l’expression sans mener d’analyses. Il me semble important que chaque malade opère un travail sur lui-même. Je pense que l’intelligence de l’être se révèle dans ce dialogue intérieur. L’approche du psychanalyste suisse Carl Gustav Jung vous a-t-elle influencé à ce sujet ? J’ai été attiré par son courant de pensée en partie parce qu’il exprimait un intérêt accru pour l’art. Jung avait été jusqu’à créer des formes d’art-thérapie – le jeu de sable, par exemple. Il encourageait d’ailleurs ses patients à dessiner. Il avait également beaucoup pratiqué ce qu’il appelait « l’imagination active », une sorte de dialogue avec les rêves et l’inconscient. Vous semblez apporter une très grande importance à l’expression personnelle. Jugez-vous celle-ci indispensable au bien-être ? Je pense qu’il s’agit de la meilleure façon d’utiliser le temps qui nous est alloué sur cette terre. (Rires) J’ai créé le système d’entre-aide Réseau Hommes Québec, car je pensais justement que les hommes avaient beaucoup de difficulté à communiquer. En créant des groupes de parole, je souhaitais les aider à se libérer. Jeune homme, j’avais moi-même trouvé très heurtant le patriarcat et les images un peu tordues du masculin qui nous sont proposées. Je me disais donc qu’il fallait faire quelque chose par rapport à cela : donner la permission aux hommes de s’exprimer sur une panoplie de sujets sans se faire juger. Ces derniers font preuve d’une grande sensibilité, ils sont simplement interdits de s’ouvrir. En créant Réseau Femmes Québec, j’ai effectué une démarche similaire pour les femmes. Percevez-vous la psychanalyse comme essentielle pour soigner les maux qui tiraillent l’être humain ? Il me semble important que chaque malade opère un travail sur lui-même. Je pense que l’intelligence de l’être se révèle dans ce dialogue intérieur. Ce dernier permet une fantastique accélération de la créativité. La psychothérapie peut d’ailleurs servir à le stimuler. Cependant, il ne faut pas se limiter à celle-ci : pour soigner un individu, il faut rentrer par n’importe quelle porte. J’aime d’ailleurs considérer la santé comme un tout – la psyché étant l’élément sur lequel nous avons un certain contrôle. D’après vous, nos sociétés modernes favorisent-elles l’apparition de névroses chez l’individu ? Il faut reconnaître que nos sociétés se sont enfoncées dans des attitudes qui vont parfois à l’encontre des intérêts de l’être humain. Cela dit, il n’y a jamais eu autant d’inventivité dans l’aventure humaine. Nos civilisations offrent donc du bon comme du mauvais. De la psychanalyse au théâtre Avec ses cinq best-sellers, le psychanalyste de renommée internationale Guy Corneau se distingue comme une figure québécoise emblématique. Ce penseur jungien a pourtant traversé des temps difficiles en 2007 lorsqu’il a été confronté à un grave cancer. Ce dernier l’a contraint à lutter contre la mort par tous les moyens et l’a poussé dans ses retranchements. En usant de nombreux recours conventionnels et alternatifs, il s’est extrait de la maladie grandi et renforcé. « Le cancer m’a recentré vers mes vieilles amours », confie Guy Corneau. En valsant avec la mort, sa passion du théâtre a ressurgi avec force. Libérée et réconciliée avec son personnage, l’ombre de Guy Corneau se profile plus que jamais sur les planches des théâtres montréalais. coach-in.ca/Blog/2013/08/14/guy-corneau-maladie-et-guerison/
Posted on: Mon, 19 Aug 2013 17:44:24 +0000

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