Histoires « mourides ». Ce que des générations - TopicsExpress



          

Histoires « mourides ». Ce que des générations de Sénégalais savent ou croient savoir de leur religion vient en grande partie des « waaraatekat », ces orateurs de rue, conteurs hors-pair. Une histoire qui n’est pas du goût de tout le monde, mais qui est la favorite de certains mourides, est cette fameuse convocation au bureau de Boroom Ndar, le « Tubaab » qui aurait réuni tous les marabouts du Sénégal et leur aurait ordonné de « signer » que Dieu n’existe pas et que l’autre monde est un leurre. Ceux qui acceptaient, recevaient, dit-on, une somme de 500 francs et un paquet de sucre. Tous auraient signé, excepté Serigne Touba. On leur aurait servi un plat avec de la viande de chien, selon certains, de mouton auquel on aurait injecté du sang de chien, selon d’autres. Tous en auraient mangé, hormis Serigne Touba. Peu après, des chiens aboyaient dans les ventres des convives. Franchement, parmi nos marabouts de l’époque, des guides confrériques, des saints pour la plupart, y en a-t-il un seul qu’on pourrait soupçonner d’avoir signé cela ? D’autre part, les colons étaient venus avec leurs missionnaires pour nous évangéliser. Eux aussi croyaient en Dieu et à l’autre monde. S’il avait été question de dire que Muhammad (Psl) est un imposteur, de confesser que le Coran a été créé, que Dieu est triple, que Jésus est le fils de Dieu ou que sais-je encore, ça aurait paru un peu plus crédible, et là encore. Et pourquoi du chien ? Les « Tubaab » avaient à portée de main une viande plus appropriée pour discréditer des musulmans : du porc. Il leur arrivait d’en cuisiner pour eux-mêmes, donc pourquoi ne pas en servir, par inadvertance ou exprès, à leurs invités ? Allah nous interdit formellement la viande de porc et le rappelle souvent dans Son Livre. Mais que voulez-vous ? Un cochon, ça n’aboie pas. Les « Tubaab » auraient allumé un four pendant un nombre de jours qui varie d’un narrateur à un autre, pour bien le chauffer. (Etait-ce ainsi qu’ils exécutaient leurs prisonniers ?) Quand ils y introduisirent Serigne Touba, il grelottait à cause du froid qu’il y faisait. Et le jour du départ de Khadim pour l’exil, Mame Cheikh Ibra aurait commencé à boire la mer pour empêcher le bateau de partir. Lui, qui était « baabul muridiin » (le porte-étendard des mourides), ne savait-il pas que cet exil était bénéfique pour l’humanité ? « O peuple, dira Serigne Touba, sache que la raison de mon exil, c’est de sauver les créatures. La raison est que Dieu a voulu m’élever pour que je sauve les hommes en ma qualité de Serviteur éternel de la vérité. » Quelqu’un a écrit que pour « Mame Cheikh Ibrahima Fall, œuvrer pour Serigne Touba dans ses champs, par exemple, était prioritaire à la prière. » Paradoxalement, d’autres racontent qu’un jour, des disciples de Serigne Touba construisaient une palissade. A l’heure de la prière, ils avaient continué leurs travaux. Khadimoul Rassoul ayant appris cela, alla les voir et leur demanda : « Où en étiez-vous quand on a appelé à la prière ? » Ils lui montrèrent un endroit et il leur ordonna de détruire tout ce qu’ils avaient fait à partir de là, car la prière est prioritaire à tout et ne doit être négligée pour rien au monde. On raconte que Serigne Touba ne touchait jamais à l’argent. Dans son livre « Mémoires d’un juge africain », l’ancien ministre, Ousmane Camara, rapporte que son père qui emmenait Serigne Touba au bureau du commandant de Diourbel où il devait se présenter tous les lundis, lui a raconté qu’un jour, le commandant avait offert une cafetière au Cheikh (qui consommait beaucoup de café). Ce dernier, ne voulant pas accepter gratuitement ce cadeau, remit au Blanc un louis d’or le lundi suivant. En quoi toucher de l’argent, peut-il diminuer la valeur de Serigne Touba ? Le Prophète (Psl), lui-même fut commerçant. On leur montre une photo de Serigne Touba, sur son cheval, le visage découvert, ils disent que c’est Samory Touré ou quelqu’un d’autre. En quoi montrer le visage d’un saint peut-il le rabaisser ? Pourquoi tous ces mythes, ces légendes qu’on alimente à outrance, terreau pour toutes sortes de transgression ? Et les « ceddo » enturbannés se sentent comme des poissons dans l’eau. N’est-il pas temps de remettre un peu d’ordre dans tout cela au lieu de laisser n’importe qui raconter n’importe quoi ? Khadimoul Rassoul, ce qu’Allah lui a donné, lui suffit ; nous n’avons pas besoin de lui en rajouter. Qu’on s’entende bien. Nous ne disons pas que Dieu n’est pas capable de réaliser de tels miracles pour Serigne Touba. Nous soulignons seulement ce qui nous semble incohérent. Si les colons ont assisté à tout cela, ils doivent en parler dans leurs correspondances et rapports (archives) que nous devons consulter, à moins que Dieu n’ait décidé que seuls certains Sénégalais doivent s’en souvenir. Pourtant, Cheikh Mouhamadou Lamine Diop Dagana, disciple de Bamba et imam de Njaareem, a un laissé remarquable ouvrage sur les voyages du grand Cheikh. D’autres comme Cheikh Abdoulaye Dièye ont aussi effectué un sérieux travail dans ce domaine, mais nous préférons nous contenter de ce que disent des gens qui n’en savent pas plus que nous. Nous rapporte-t-on ce que Serigne Touba a dit, ou ce qu’on veut lui faire dire ? dieureu dieuff mame Bamba
Posted on: Thu, 07 Nov 2013 09:29:48 +0000

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