INTERVIEW DE PIERRE CORNET VERNET PDG du « PARADIS » RIO DE - TopicsExpress



          

INTERVIEW DE PIERRE CORNET VERNET PDG du « PARADIS » RIO DE JANEIRO le 01/06/2013 UNE IMPLANTATION REUSSIE AU BRESIL : 10 QUESTIONS A PIERRE CORNET VERNET Le Paradis : leparadis.br/ 4 salons de thé –glacier à Rio. Chronologie : 1ére ouverture fin 2011 : COPACABANA : Avenida nossa senhora de Copacabana, 776 55 21 2255 7654 Du Lundi au samedi 10h-20h. Le dimanche 11h à 18h 2ème ouverture mars 2013 : TIJUCA : Shopping Tijuca 2ème étage, Avenida maracana, 987, boutique 2036 3ème ouverture avril 2013 : BARRA : Barra Shopping 1er étage, niveau lagoa, boutique 217/A, avenida das americas, 4666, barra da tijuca 4ème ouverture : NITEROI Plaza Shopping, avenida 15 de novembro 8, étage L2, boutique 202A Produits : Macarons (3,40R$)= 1, 27€ une trentaine de saveurs, chocolats (Valhrona), truffes, brigadeiros, beijinhos, Sorbets (100gr 8R$)=3€ -boules ou esquimaux-, fruits confits, fruits glacés au chocolat, café Nespresso, champagne. 1) Mr Cornet Vernet bonsoir, vous vendez en 2010 –après un cheesecake de trop à 23H un dimanche !- votre restaurant « Les jardins d’Epicure » à Paris et partez en vacances au Brésil avec votre femme et vos trois enfants, votre séjour se termine par Rio, et le dernier soir, en haut du pain de sucre avec votre femme, vous vous dites, Rio pourquoi ne pas s’y installer avec un vrai projet… Combien de temps s’est écoulé entre votre idée de projet de glacier –macarons « Le Paradis » et sa réalisation et quelles en ont étés les étapes ? Nous sommes rentrés de nos vacances au Brésil fin août, nous y sommes retournés fin septembre pour finaliser le projet d’école pour les enfants, visiter des appartements et tout ce qu’implique un déménagement. Nous avons emménagé à Rio fin janvier 2011. J’ai mis environ cinq mois à définir le concept de mon business. J’ai trouvé en juin le local de la fabrique et de la première boutique. Nous avons ouvert la première boutique sur Copacabana en décembre. Il s’est écoulé six mois entre le bail et l’ouverture, ce qui est assez long pour une affaire de ce type. C’est le temps qu’il nous a fallu pour obtenir les licences, faire les travaux, avoir l’électricité, l’eau, le gaz. Nous avons dû également importer un peu de matériel d’Europe, notamment les machines, et des matières premières. Au départ je voulais monter un réseau de glaciers. J’avais choisi comme produit le sorbet car c’est une chose simple à fabriquer. Je me suis aperçu qu’à cause du prix des loyers ça ne serait pas possible de partir sur ce produit uniquement car cela ne serait pas rentable. Il faut faire un chiffre d’affaires conséquent pour pouvoir dégager un bénéfice suffisant pour supporter les coûts des loyers qui représentent en général 20% à 25% du CA. Nous nous sommes installés ici fin février 2011 dans une période d’euphorie où les loyers explosaient ici à Rio. Environ 11000 euros pour une boutique de 70 m2 à Leblon, le quartier chic. 2) Parliez-vous le portugais ? Avez-vous été aidé par la CCFB, la mission économique et Oséo ou par un consultant ? Je ne parlais ni l’espagnol ni le portugais. J’ai mis à peu près trois mois à l’apprendre. C’est une langue latine qui ne présente pas une grande difficulté à assimiler pour un français. Pour mon implantation au Brésil je n’ai fait appel à aucun organisme de type CCFB ou cabinet de consultant, je me suis appuyé sur le réseau français à Rio , j’ai rencontré durant plusieurs mois durant tous les chefs d’entreprises francophones installés ici. Je n’ai pas fait d’étude de marché au sens classique du terme. J’ai fait une étude « live » sur place en écoutant l’expérience de mes prédécesseurs. Pour ce qui est du pré-opérationnel –étude de la concurrence, définition de l’emplacement, Pricing produit, sourcing fournisseur- j’ai tout fait par moi-même. J’ai été aidé pendant deux mois par un copain chef qui m’a présenté le marché, des fournisseurs. Mon avocat et mon comptable aussi ont étés une aide précieuse mais surtout le réseau d’entrepreneurs francophones de Rio. J’ai également fait tous les salons professionnels en relation avec l’alimentaire, c’est une chose à ne pas négliger. 3) Pouvez-vous nous parler de l’investissement financier pour ce projet ? Fonds propres, financement bancaire, recherche d’investisseurs privés ? En fonds propres uniquement, que j’ai apporté avec des investisseurs. Nous avons investi 2 millions d’euros. Pour rapatrier les fonds au Brésil, cela a été un peu long mais avec un bon avocat cela se passe bien. 4) A) Quel est le ticket moyen dans un de vos points de vente et le passage ? Avez-vous atteint le point d’amortissement ? B) Quelle forme juridique de société avez-vous choisit et quel est le taux d’imposition de votre chiffre d’affaires ? A) Pour ce qui est de la boutique de Copacabana, nous sommes au-dessus du CA prévisionnel du business plan pour la première année. Je n’ai pas encore de bilan pour les autres boutiques car elles ne sont ouvertes que depuis un ou deux mois. B) Nous avons choisi le statut de « Lucro Presumido » ce qui avec le recul est une erreur. Nous avons environ 15% d’impôts sur le Chiffre d’affaires. Si nous avions choisi le statut « Simple » nous aurions 11% d’impôts sur le CA. Pour savoir combien d’impôts j’allais payer, j’avais fait une étude avec quatre cabinets comptables, les trois premiers m’ont donné trois réponses différentes ! Après j’ai pris une super star à Sao Paulo, spécialiste de l’impôt estadual -ICMS- (de l’état de Rio : Il existe trois niveaux d’imposition au Brésil fédéral, estadual et municipal. ndlr) Il me faudrait deux heures pour vous expliquer les impôts au Brésil ! C’est compliqué et c’est pourquoi il est important de faire appel à un spécialiste dans chaque domaine de compétences. 5) Vous aviez en France près de 20 ans d’expérience en tant qu’entrepreneur. Ici au Brésil quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées ? Administratives, juridiques, fiscales, embauches personnel, fournisseurs, différences culturelles ? J’ai déjà monté deux boites en France et je pensais avoir « le cuir épais « mais je n’aurais jamais imaginé que cela allait se révéler aussi difficile de monter un projet au Brésil ! Pour ma 1ère fabrique de macarons, nous avons mis trois mois à être raccordés à l’électricité car des petits malins avaient volés une partie des câbles électriques qui nous reliaient au fournisseur… Nous avons dû éventrer des dizaines de mètres de trottoir pour trouver la pièce qui manquait au puzzle. Pour le gaz nous avons mis un an ! Nous utilisions des bonbonnes de gaz jusqu’à ce qu’une explosion ai lieu dans un restaurant du centre-ville et tue cinq personnes. Une nouvelle norme a été mise en place mais il m’a été très difficile de trouver quelqu’un qui pouvait me donner la réglementation précise pour une fabrique de biscuits ! Autre galère : Quand nous avons déménagé notre fabrique dans le quartier de Recreio (à l’ouest de Rio), au bout de quelques mois débarquent trois inspecteurs de l’INEA (organisme qui fiscalise la pollution sonore) qui me disent qu’ils viennent fermer la fabrique car nous n’avons pas déposé de dossier pour avoir une licence. J’aurais imaginé que mon avocat m’aurait prévenu avant pour que je puisse faire les choses dans les règles ! J’avais contracté une boite pour faire la légalisation de la fabrique mais ils n’ont fait que 75% du boulot ! Après discussion, l’IMEA nous a donné soixante jours pour nous mettre en conformité… Pour l’embauche du personnel j’ai fait appel à un cabinet de recrutement mais ici tout est plus long, ils ont mis un mois à m’envoyer trois CV, les cariocas n’ont pas la même notion du temps et nous étions en plein boum économique donc dans une phase de pénurie de personnel compétent et disponible. Le brésilien est habitué à attendre, cela fait partie des différences culturelles. Mais les gens vous accueillent à bras ouverts ils sont toujours enthousiastes, c’est le côté positif du Brésil, ça redonne la pêche ! 6) Vous importez certaines matières premières de France (Chocolat Valrhona, moules à gâteaux…), quel est le ratio entre le coût du produit à son départ en France et à son arrivé à Rio, transporté, dédouané ? Il faut multiplier le prix du produit par deux et demi environ. Si vous avez un bon importateur compétent et honnête qui a le bon agrément les choses se passent bien en général. 7) Vous rencontrez un succès indéniable au Brésil, vous offrez un produit de qualité à un prix raisonnable, vous avez choisi des emplacements stratégiques et vous vous êtes fait aider d’un designer brésilien-Chico Gouvêa- pour la décoration, projetez- vous d’ouvrir des Paradis à Sao Paulo, Brasilia ou Natal ? Je ne considère pas encore avoir réussi. Je me sens au début du chemin, par rapport à où j’en suis aujourd’hui et où je voudrai être. Il y a beaucoup de travail et si les affaires marchent bien j’ai l’ambition d’ouvrir un réseau « Paradis » d’une centaine de boutiques dans les grandes et moyennes villes du Brésil. 8) Votre entreprise « Le Paradis », a bénéficié de 30 parutions depuis décembre 2011 dans des revues telles que Vogue Brésil, Veja Rio, Globo, O Dia et de nombreux blogs gastronomiques ; comment expliquez- vous cet engouement des médias pour votre produit ? Pensez-vous que maison Dior sur votre CV vous a ouvert des portes au Brésil ? Oui, il est possible que mon passage chez Dior m’ait ouvert des portes. Ce qui est important au Brésil c’est l’image de la France. Pour les brésiliens notre pays est le summum du raffinement, du luxe et de la gastronomie. J’ai également un super attaché de presse ! Elle fait tous les lancements des grands restaurants. Elle a pris de superbes photos qui mettent en valeur le produit et a contacté les différents journaux et magazines. 9) L’augmentation du salaire minimum, l’accès aux crédits qui augmentent le pouvoir d’achat de la classe moyenne qui accède à la consommation de biens dit de «loisirs », cela conjugué à l’effet coupe du monde en 2014 et JO en 2016, le contexte semble favorable pour les investisseurs au Brésil… Grace à l’expérience que vous avez acquise ces deux dernières années pourriez- vous donner quelques conseils aux compagnies françaises qui souhaitent s’implanter au Brésil ? Le climat économique au Brésil est en train de changer ces derniers mois. Il y a une reprise de l’inflation, une très forte hausse du dollar, sans parler des déficits publics, de la balance des paiements, il y a un retournement en ce moment car le gouvernement n’a pas fait les réformes de fond travaillistes et fiscales. Le Brésil a également beaucoup de retard en termes d’infrastructures. Nous sortons de dix belles années et une période plus difficile s’annonce. Pour réussir au Brésil il faut être motivé et avoir les moyens de ses ambitions. Il faut une trésorerie importante car il y a souvent des frais imprévus. Il faut tenir compte du fait qu’il est difficile de trouver quelqu’un pour vous donner les bons conseils de A à Z… Le comptable, l’avocat, chacun a un champ de compétences précis et limité. Ici il faut avoir une marguerite de gens qui vous aident. Une grande règle à suivre absolument, ne travaillez jamais avec des gens qui ne vous ont pas étés recommandés ou que vous ne connaissez pas. N’imaginez pas piloter votre entreprise de France car il faut être sur place pour gérer le business. Le plus dur n’est pas ce que vous savez mais ce que vous ne savez pas et les ennuis qui peuvent vous arriver, que vous n’auriez même pas imaginé et auxquels vont n’avez pas été préparés… Racket par la compagnie d’électricité, arnaque de la banque sur les emprunts… Il ne faut pas avoir peur de tomber dix fois et de se relever à chaque fois. Il y a des coups durs et je travaille dix fois plus qu’en France. Les français que j’ai rencontrés qui ont réussi ici ne sont pas des petits gars frais émoulus des business schools bercés par leurs théories marketing, ce sont des vieux loups de mers… Si j’étais un groupe français à l’heure actuelle et que je devais m’implanter au Brésil, je prendrai mon temps et j’essayerai d’avancer par étapes. Je trouverai un importateur, puis un distributeur pour mesurer l’accueil fait à mon produit sur le marché Brésil. Ici le consommateur est différent. Je chercherai ensuite un associé. 10) Vous avez emménagé ici à Rio avec votre femme et vos trois enfants, puis-je vous demander comment ils s’adaptent au Brésil ? Et vous ? Nous avons eu la chance d’avoir avec nous Guillaume, le fils de Pierre, 11 ans qui a bien voulu répondre à cette question : « Je me suis fait beaucoup de copains, le rythme de vie est cool, il n’y a pas beaucoup de devoirs, on fait pas mal de sport à l’école. Le seul bémol est que tous mes copains habitent un peu loin vers Copacabana, Arpoador et Leme, on ne peut pas y aller à pied. » Quant à Pierre il conclut cette interview par un « Oui c’est difficile et je travaille beaucoup mais l’après-midi que je viens de passer à Arpoador sur la plage avec mes enfants c’est la récompense. Demain nous irons en famille à Grumaria, une plage sauvage à l’ouest de la ville de Rio. Je suis fatigué mais heureux ! » Pierre, merci d’avoir répondu à nos questions et Tudo de bom para voce ! Véronique Ribeiro Moreira Access Bresil Consult accessbresilconsult Page Facebook: accessbresilconsult Mail: accessbresilconsult@gmail Plage de Grumaria RJ
Posted on: Fri, 07 Jun 2013 20:26:28 +0000

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