Il faut d’abord rappeler un point de l’histoire. Nous sommes - TopicsExpress



          

Il faut d’abord rappeler un point de l’histoire. Nous sommes une société qui a été colonisée pendant très longtemps. Dans le projet colonial, il était exclu que les colonies se développent ou que les indigènes s’enrichissent. Cela est un postulat fondamental du projet colonial français. Ils ont mis en place tout un dispositif pour bloquer l’enrichissement des populations sénégalaises à travers quelque activité économique. Il faut rappeler cela pour noter que la mentalité sénégalaise a été marquée depuis par le misérabilisme. Le Sénégalais ne pouvait pas voir plus loin que le petit salaire misérable que lui octroyait son travail dans l’administration coloniale. Il faut aussi prendre en considération le fait qu’il y’avait très peu de salariés. Nous étions dans une société complètement analphabète par rapport aux nouvelles normes que nous ont imposées les français. Vous comprenez donc que nos perspectives n’allaient pas plus loin que les quelques centaines ou de milliers de franc. C’est cela qui a structuré la mentalité sénégalaise pendant toutes l’époque coloniale. » « Malheureusement après les indépendances cela n’a pas beaucoup changé. On est passé seulement de l’échelle de milliers à l’échelle des millions. On ne pouvait pas parler d’économie sénégalaise, mais de la poursuite du régime colonial sous l’ère indépendance avec la direction de Senghor et de Diouf. C’est dire que le projet de développement en tant que tel n’était pas là. » (…) « Donc il y a une évolution, une avancée formidable par rapport au discours qui porte sur l’argent et qui s’exprime en terme de milliard. Maintenant, tout le monde veut avoir des milliards. Le discours sur les milliards a ouvert des horizons. Les conséquences de ce nouveau discours sont largement positives sur le plan économique et social. Les gens pensent grands. Les Sénégalais voyagent partout dans le monde, investissent et beaucoup ont accumulé des richesses. L’argent s’avère être corrupteur. » « En dépit de ces aspects positifs, il y a un autre débat sur la corruption, sur le comportement des Sénégalais envers l’argent public. (…). Il y a un facteur important dans le comportement des Sénégalais envers l’argent et qui favorise la corruption : On est passé d’une société où les gens étaient très pauvres, ne voyaient pas loin, n’avaient pas d’espoir d’enrichissement à une société où les gens ont commencé à l’échelle des millions, à détourner et à l’échelle des milliards à détourner, peut être, plus. Le comportement des individus est fortement lié à la culture des familles. Le rôle des familles dans le comportement de l’individu investi de pouvoir politique ou de fonction administrative importante n’a pas changé, malheureusement. Je vous rappelle que l’administration était la seule source d’enrichissement. Dès qu’un individu est investi, vous avez une mobilisation extraordinaire de toute la famille le poussant à changer de comportement. La puissance de l’influence de la famille amène les gens à des pratiques qui pourront les dépasser. Je pense qu’en plus des dispositifs de contrôle des dépenses publiques, il faut tout un travail d’éducation. » (…) « L’autre élément qui explique le comportement des Sénégalais envers l’argent, c’est le fait que les gens ont été longtemps maintenus dans la pauvreté. Ce qui les pousse à agir comme des affamés. L’individu est marqué par l’angoisse de la pauvreté. Quand celui-ci est investi d’un pouvoir, il va d’abord mettre plein dans ses poches au détriment de l’intérêt public. C’est l’individu et sa famille au détriment de la collectivité. Et malheureusement, il n’y a pas un travail qui a été fait pour le respect des biens publics. Il est urgent d’entreprendre ce chantier de changement des mentalités. Il faut que l’on conçoive notre système d’éducation. C’est fondamental ! »
Posted on: Tue, 02 Jul 2013 17:35:38 +0000

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