Il n’est pas de principe qui tienne contre les faits, disaient - TopicsExpress



          

Il n’est pas de principe qui tienne contre les faits, disaient les scolastiques. «Les grands savants. Disait Carrel, son toujours d’une profonde honnêteté intellectuelle. Ils suivent la réalité partout où elle les mène. Ils ne cherchent jamais à lui substituer leurs propres désirs, ni à la cacher quand elle devient gênante.» Qu’il s’agisse de vérité naturelle ou de vérité surnaturelle, la méthode est la même. Dans le silence des laboratoires ou le recueillement des cloîtres, telle est la règle des savants et des saints. Notre orgueil, il est vrai, supporte mal ce respect dû à la vérité. Quelque abrupt, pourtant, que soit le sentier que nous montre le vrai, il est seul praticable. Quelque plane et aisée qu’apparaisse l’erreur, elle conduit en un endroit d’où il faut rebrousser chemin. Non qu’on sous-estime la part du subjectif, l’élan d’une sincérité, la force d’une générosité qui souvent rachètent ou atténuent les désagréments de l’erreur. Pour émouvante, pour bouleversante qu’elle soit, la sincérité n’est pas la vérité. L’intention la plus droite et la plus ferme volonté ne peuvent pas faire que ce qui est ne soit pas. La sincérité n’empêche pas telle réalisation néfaste d’être néfaste. En face de conviction sincères mais erronées, on respecte la sincérité, on ne respecte pas l’erreur. «Ce qui est de sens commun, enseigne saint Pie X, c’est que l’émotion et tout ce qui captive l’âme, loin de favoriser la découverte de la vérité l’entrave. Nous parlons, bien entendu, de la vérité objective ; quant à cette autre vérité purement subjective, issue du sentiment et de l’action, si elle peut être bonne aux jongleries des mots, elle ne sert à rien à l’homme… Le caractère du sentiment est de décevoir si l’intelligence ne guide.» Rappels d’autant plus salutaires qu’ils sont plus opportuns. Les idées ne sont plus classées selon qu’elles sont vraies ou fausses, mais selon qu’elles sont généreuses, dynamiques, désintéressées, etc. La vérité n’est plus la pensée en accord avec les choses, mais la pensée en accord avec le cœur, le sentiment, la conscience. «Conscience! Conscience! Instinct divin, Immortelle et céleste voix, guide assuré d’un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rend l’homme semblable à Dieu… »Je n’ai qu’à me consulter sur ce que je veux faire : tout ce que je sens être mal, est mal», etc. Accents de Jean-Jacques Rousseau que les romantiques orchestreront. «Toutes les opinions sont bonnes à condition d’être sincères.» Type de formule communément acceptée par nos contemporains. Mais comme Bonald le faisait observer : «On est assuré de la droiture de nos sentiments plus que de la justesse de ses pensées. Malheureusement, il y a beaucoup de personnes qui se croient l’esprit juste parce qu’elles ont le cœur droit. Ce sont celles qui font le mieux le mal, parce qu’elles le font en sûreté de conscience.» À son tour, le pire de tous les maux, «le plus grand dérèglement, écrivait Bossuet, c’est de croire les choses parce qu’on veut qu’elles soient, et non parce qu’on a vu qu’elles sont en effet». «Écartons tous les faits, proclame Rousseau, au plus haut de son ivresse légifératrice, écartons tous les faits car ils ne touchent pas à la question.» Et ce qui est vrai dans le domaine de la connaissance, du savoir, l’est aussi dans le domaine de la volonté et de l’amour. Ce dernier se corrompt quand disparaît le sens de la vérité, le sens du réel. Jean Ousset – Fondements de la cité
Posted on: Sat, 22 Jun 2013 17:24:31 +0000

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