«Il y avait autrefois des gens heureux…» 12 juillet 2013 | - TopicsExpress



          

«Il y avait autrefois des gens heureux…» 12 juillet 2013 | Lise Payette | Actualités en société Consultez notre dossier sur la tragédie de Lac-Mégantic Sur le drame du Lac-Mégantic, sur la déchirure profonde du tissu social, sur tous les yeux vides de larmes qui hurlent au secours, sur la peur qui ne disparaîtra jamais, tout a été dit et tout a été montré. Les journalistes ont envahi les lieux et ils ont fait rouler les machines sans jamais se demander s’ils allaient trop loin, s’il n’aurait pas fallu ouvrir les bras au lieu d’ouvrir les micros et les caméras pour tenter d’apporter la seule chose qui pouvait aider dans les circonstances, la solidarité humaine. Quand un immeuble s’effondre en Inde et qu’il y a des centaines et parfois des milliers de morts, nous jetons un coup d’oeil et nous passons à autre chose. On se dit que l’Inde, c’est loin, que les chances sont minces que nous connaissions quelqu’un parmi ceux et celles qu’on recherche encore dans les décombres sans grand espoir de retrouver quelqu’un de vivant. Lac-Mégantic, c’est chez nous. Ceux et celles qui y ont laissé leur vie sont des parents, de la famille éloignée, des amis, des gens dont les seuls noms résonnent comme un lien puissant, un lien indélébile qui fait de nous un peuple, une nation. Pour ma part, jamais je n’oublierai Élodie, la jolie Élodie et sa voix si prenante, morte à 18 ans parce qu’un train fou, ce soir-là, a foncé à toute vitesse sur des gens heureux qui n’ont jamais eu le temps de fuir. Pas plus que je n’oublierai la coiffeuse qui a perdu son salon situé juste à côté de la voie ferrée, un salon qu’elle avait monté de ses mains et où elle était si fière d’exercer son métier. Elle jure qu’elle va reconstruire et je promets que j’y serai le jour de l’ouverture pour lui serrer la main et dire au train et aux propriétaires du train qu’ils ne gagneront jamais. Ce que je reproche à la télévision, ce n’est pas de m’avoir fait connaître Élodie, ni tous les autres. Je suis une fan de la mairesse de Lac-Mégantic, que je voudrais comme maire de Montréal. J’ai en mémoire les fragiles qu’il faudra guérir même quand tout aura été reconstruit. Ce que je reproche à la télé, c’est de ne pas savoir respecter le silence. Pourquoi ne peuvent-ils jamais se taire devant la douleur ? J’ai encore en mémoire la manif totalement silencieuse des Espagnols qui protestaient ainsi contre les attaques à la bombe dans le métro, qui avaient mis leurs morts au coeur de leurs revendications si impressionnantes, parce que silencieuses. Ce qui a eu lieu à Lac-Mégantic aurait mérité un peu de silence, un peu de solidarité silencieuse, et - si j’osais le dire - même une programmation spéciale de nos télévisions. Quand j’utilise le mot « spéciale », je n’entends pas plus de temps pour le bla-bla-bla habituel qui tendrait à faire dire aux proches des victimes qu’ils n’oublieront jamais. J’avoue bien humblement que j’ai du mal à passer du drame du Lac-Mégantic à Dieu merci ou à Pénélope. Il est probable qu’un bon reportage sur la folie des humains partout sur la planète ou même sur les autres dégâts causés par le transport du pétrole autour de la terre par train, par oléoduc ou par bateau m’aurait fourni matière à réflexion sur les décisions qui sont en train de se prendre par nos multiples gouvernements et nos hommes d’affaires, le plus souvent dans notre dos, et que nous finirons par apprendre entre deux Pénélope, et quand il sera trop tard pour agir. On nous montrera alors des gens en larmes parce qu’un bateau vient de se vider de son contenu, du pétrole peut-être, près de l’île d’Anticosti, et que l’eau du fleuve est polluée et qu’on aurait donc dû… On aurait donc dû ! En fait, à la mémoire d’Élodie, je propose qu’on cesse de nous faire croire que ce qu’on va faire en notre nom sera la bonne chose pour nous. Je propose qu’on devienne vraiment les gardiens de notre environnement et qu’on exige que cessent les magouilles de toutes sortes pour permettre à quelques-uns de s’enrichir en mettant la vie des autres en danger parce qu’on s’en fout. Admettons-le, ça a été une dure année pour les Québécois. Entre l’étalement au grand jour des jeux de la corruption et de la collusion et la confirmation que nos viaducs, nos routes, notre système de purification d’eau, l’état de nos écoles aux
Posted on: Fri, 12 Jul 2013 11:46:05 +0000

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