Il était tard déjà ... (du dialogue intérieur et du discours) Il était tard déjà, les frivolités du jour avaient fait silence, lexubérance sapaisait; le soir était devenu nuit. De mon air candide alors je vous ai interrogé, les joues roses, lesprit plein daurores. - Monsieur, Quel est le secret, dites-moi, pour faire de plats discours, ternes, béatement insipides, des oraisons bombées, brillantes, insolemment délicieuses, enfanter une plume digne des muses ? -* Osez laventure des mots, faites chanter votre plume, séduisez les dieux. - Séduire les dieux ? Mais quel esprit, quelle beauté, quelle folie peut-être, peut prétendre à si haut enjôlement ? -* Les prêtresses de la lyre élisent ceux qui savent se montrer dignes de leurs avances, amoureux de leur chant inaccessible. - Amoureuse de ce chant, je le suis pourtant. Jaime leur verve frappante, précise, comme des poignards de diamant, leur souffle de feu. Et leur bouche, comme la soie irisée des crépuscules, leurs doigts agiles qui tissent lâme des mots au creux des mondes, leur regard plus profond que leau bleue des mers, mais tout cela ne suffit pas. - * Alors, offensez lordinaire, agitez linerte, secouez LUnivers et ses sédentaires occupants ! - Vous mestomaquez ! Oserai-je aller jusque là ? Et me faire jeter le gant par lordinaire offensé ? Car celui-ci me demandera réparation, et choisira ses armes, les faciles, les sottes, les bassement vulgaires. Et prendrai-je lUnivers pour un pommier que lon peut secouer impunément ? Non, hélas, puisque je suis sans armure. Et si jai lâme brûlante, je lai aussi trop tendre. Je ne pourrai au mieux quagiter linerte, et tremper, quelques fois, ma plume dans lencre ténébreuse. Tout lArt nest peut-être que les mouvements du clair et de lobscur. Des mélanges savants de ténèbres et de lumières, et des jeux entre lange et la bête ? Cette bête et cet ange qui se disputent, depuis le début du monde sûrement, le coeur de lhumanité. Dailleurs, je me demande lequel des deux triomphera ? Peut-être, quand lhumanité aura vu la rose souvrir et pleurer , lange vaincra-t-il la bête... ? Si tu as vu la rose souvrir et pleurer le lac tranquille devenir saphir profond Si dans les sillons démeraude tes larmes ont filé que les quatre bras du monde tont bercés en des lits de lumière aux douceurs sans nom Tu sauras plus encore que Tu es... Et si à force damour et dineffable solitude Tu as contemplé leden rayonnant des mondes goûté à la source de toutes beautés que tu sais jusquà la perfection au plus haut du mystère qui tout fit être Nul doute que les étoiles même alors sinclinent Que les rois jaloux déposent leur couronne aux pieds des vents qui meurent à ta parole... Trinity * Les répliques de Monsieur sont tirées dun texte de Raphaël Zacharie de Izarra, Votre plume et mon aile.
Posted on: Wed, 06 Nov 2013 15:51:18 +0000
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