Ils descendirent du véhicule, il la précéda, lui indiqua la - TopicsExpress



          

Ils descendirent du véhicule, il la précéda, lui indiqua la voie, puis galamment, lui céda le passage. Elle se dirigea vers l’entrée de l’appartement, se déplaçant telle une féline rejoignant son antre, invitant à la suivre. Il la suivait du regard, hypnotisé par sa grâce, conquis et envouté par sa grande beauté mi-femme, mi-enfant. Une fois à l’intérieur les préliminaires furent de courte durée. La fin de la nuit fut torride, à la limite de l’incompréhension, jusqu’aux aurores où épuisés, assouvis, ils s’endormirent enlacés. Bruno se réveilla en sursaut, ébloui par un rayon de soleil qui perçait à travers l’espace laissé par les volets entre-ouverts. Son regard se tourna vers Camille qui dormait paisiblement. Il esquissa un geste tendre puis déposa un léger baiser sur sa joue. Ils avaient dormi à même la moquette du séjour. En un flash Bruno se remémora quelques bribes de cette nuit sulfureuse. Il était autant ravi qu’abasourdi. Il se leva, un peu groggy, trébucha sur la bouteille de champagne vide abandonnée sur le sol. Leurs vêtements étaient éparpillés ci et là. Il se saisit de son polo, l’enfila et se dirigea vers la cuisine. Tout était nickel dans sa cuisine, comme dans toutes les autres pièces de son appartement d’ailleurs, trop nickel même, le célibat lui avait fait prendre des habitudes de « vieux jeune homme ». Il fit du café, mit quelques toasts à griller. Sortit du chocolat en poudre, du lait et du thé, au cas où, du beurre et de la confiture. Puis il rejoint sa salle de bains, s’examina au miroir, qui lui refléta une image à laquelle il ne s’attendait pas, comme si son regain de jeunesse de la veille s’était évanoui. Résigné il regagna le salon silencieusement, s’approcha de Camille, admira sa délicieuse plastique laissée dévoilée par le drap repoussé à ses pieds, troublé il resta en contemplation sur son visage presqu’enfantin. Ses sourcils se froncèrent, son front se plissa, la réalité venait lui tenir compagnie pour le petit déjeuner. Elle lui avait dit qu’elle était en congés et qu’ils avaient donc tout loisir d’agrémenter la journée à leur convenance. Il tenta de relativiser car une question le taraudait : quelle suite donner à cette aventure ? En sirotant laborieusement son café, il se rappelait que depuis sa séparation avec Sybille, s’étaient installés des rites de « vieux jeune homme », bon nombre de petites manies avaient fait leur apparition et faisaient partie de son quotidien. Il se demandait s’il serait prêt à s’en départir si une nouvelle vie de couple serait de nouveau à envisager, même en cas de liaison durable, comment ferait-il pour moduler son comportement. Pour tenter de se rassurer il se dit aussi qu’il n’en était pas encore à ce stade. Avec son ex, Sybille, ils avaient vécu ensemble presque quinze années, avec des hauts et des bas. Les dix premières années furent quasi idylliques, jusqu’à ce que, sur de ses acquis et trahi par un égocentrisme surdimensionné, il trouva agréable de se prendre au jeu aléatoire et parfois dérisoire de la séduction. Elle s’en amusait souvent, elle le trouvait si séduisant, si original, qu’elle s’en accommodait, elle l’aimait, lui aussi d’ailleurs. Puis vint le temps ou le passage à l’acte usurpa la place du fictif. Il faut dire qu’hormis le long épisode Sybille, il n’avait jamais désiré de « compagne attitrée ». Bruno était le prototype même de l’éternel insatisfait, d’où, sans aucun doute, sa collection d’échecs à divers degrés. La lassitude était sa pire ennemie. Femme maîtresse ou maîtresse femme, il s’était créé son dilemme. Camille se réveilla, s’étira gracieusement, se leva, laissant Bruno se délecter à la vue de sa plastique de rêve. Elle se saisit d’un paréo qui traînait sur un fauteuil et s’en drapa, laissant deviner ses formes délicieuses. - Bonjour mon chéri. – adressât-elle à son amant, un sourire ravageur illuminait son visage juvénile. - Bonjour, bien dormi ? J’ai pas fait trop de bruit en préparant le petit déj ? - Non, non, nickel ! Ce dernier était bêtement soulagé, elle ne l’avait pas affublé d’un ridicule sobriquet, du style Nono ou ma puce. Mais il était déçu aussi. Monsieur s’attendait à crouler sous les compliments relatifs « la nuit d’amour » qu’il lui a offert et à l’appétissant « breakfast » qui se présentait sur la table. Piqué au vif son ego venait de prendre un sérieux uppercut mais il était resté impassible. Il fut sauvé du ko par un waouh retentissant émis par Camille quand celle-ci eut posé son regard sur la tablée. - Yes ! Super ! Au fait on fait quoi today ? - Ce que tu veux bébé. Répondit-il d’une voix de fausset qu’il avait tenté de rendre suave. - On va aller chez moi, je vais me doucher et me changer, ok ? Après, tu veux bien m’emmener dans l’allée des pins, une copine y a ouvert un magasin de fringues, il me faut un maillot de rêve, l’été approche. En plus il y a un chouette kébab à côté, tu vas adorer. Abasourdi il opinait de la tête à chaque proposition. Mais ce n’était pas ce qu’il avait prévu. Il se demandait quel âge avait cette amie, qu’allait-elle pensé de cette liaison, Camille ne faisant pas dans la discrétion, il voyait déjà le tableau. Flash back, il se remémora le reflet du miroir, et jeta un furtif regard sur sa maîtresse… Un kébab ! Il y avait erreur de casting pour lui un défenseur de la gastronomie, sans pour autant dénigrer ce genre d’établissement. Ce n’était pas prévu dans son plan, dans le cadre de son jeu de la séduction il comptait lui proposer quelque chose de plus classique. Si cette amourette venait à perdurer, il faudra qu’il s’adapte le Bruno. Camille engloutit son petit déjeuner, Bruno se contenta de se resservir un café. Une fois prêts ils prirent la direction d’Argelès sur mer, une petite station balnéaire à une trentaine de kilomètres. Ils laissèrent l’appartement dans un état que Bruno assimilait à un cahot. Ils passèrent par le studio de Camille afin qu’elle se fasse belle. Sans grande motivation il avait accédé à sa demande. Pour l’occasion il avait revêtu son costume de séducteur, bas de survêtement noir, polo couleur parme, baskets dernier cri, s’évertuant à rajeunir son allure de quadragénaire. Ils passèrent la journée ensemble, il n’y en eut pas d’autres. Elle s’était amusée comme une folle, lui s’était cru téléporté dans un autre univers. Lassé de faire semblant il avait prétexté une incompatibilité de mode de vie pour s’éclipser et mettre un terme à cette aventure. Elle n’en fut pas outrée, « cet incident » semblant relever de la plus stricte des banalités. Elle était jeune, jouissive et opportuniste. Passant du rêve à la réalité, ainsi s’acheva sa folle aventure. On ne peut pas être et avoir été, l’avait-il simplement compris. Il s’était fait dépasser par les évènements et rattraper par la réalité. Il n’avait pas été blessé, il était juste sonné comme un vieux boxeur fatigué. Il la ramena chez elle sans perte ni fracas. Ils échangèrent leurs coordonnées, paroles d’usage, petit baisé pour se dire au revoir. Une nouvelle page de Bruno s’était tournée le laissant quelque peu désabusé alors qu’elle respirait la sérénité. Pour notre héros une période de remise en question débutait insidieusement. Son égo avait été taquiné, mais pas malmené, l’apparence était sauve. D’autant plus qu’il avait envisagé de rompre lâchement avec Camile, par téléphone.
Posted on: Thu, 28 Nov 2013 17:14:22 +0000

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