Interview d’Eric Aubin en charge du dossier des retraites à la - TopicsExpress



          

Interview d’Eric Aubin en charge du dossier des retraites à la CGT Quels sont les points du projet de réforme qui vous paraissent particulièrement critiquables ? On a l’impression de ne pas avoir été entendus parce que nous avons porté une véritable réforme du financement de la protection sociable, et notamment des régimes de retraite, qui permettait à la fois d’assurer l’équilibre de ces régimes sur le court, moyen et long terme et de revenir sur des dispositifs qui coûtent très cher aux retraités actuels et qui coûterons très cher aux retraités futurs. Notamment en revenant sur l’indexation des prix adoptée par Balladur en 1993. On propose également de revenir aux dix meilleures années de cotisation, de rétablir le départ à la retraite à 60 ans, et de supprimer l’article de la loi Fillon qui lie automatiquement espérance de vie et durée de cotisation. Mais le gouvernement actuel considère ces dispositifs comme acquis. Ils disent qu’ils ne toucheront pas au montant des pensions mais en durcissant les conditions pour avoir une retraite à taux plein et en allongeant la durée de cotisation, la première conséquence, c’est la baisse des pensions. D’autant plus dans une période où la situation de l’emploi est catastrophique. On sait que moins d’un salarié sur deux est encore en activité à 60 ans. En plus, c’est une mesure anti-jeune parce que les jeunes entrent tardivement sur le marché du travail. Même avec la mesure proposée qui consiste à pouvoir racheter 4 trimestres, les jeunes partiront bien après 65 ans pour avoir un taux plein. Et il ne faut pas oublier que les retraités sont mis aussi à contribution : le passage de la revalorisation d’avril à octobre va peser sur leur pouvoir d’achat. La deuxième mesure qui nous fait bondir, c’est le transfert des cotisations familles vers l’impôt. C’est une revendication de longue date du MEDEF. On leur fait cadeau de 5,4% de cotisation sur la branche famille en échange d’une hausse très limitée des cotisations vieillesse. Une nouvelle fois, après les cadeaux comme le crédit d’impôts compétitivité, le rapport de forces est en faveur du Patronat. Que pensez-vous des contreparties avancées, notamment concernant la pénibilité ? Sur la pénibilité, si la mesure avancée peut paraître positive, le barème proposé n’est pas bon. On nous propose un an de départ anticipé pour trente ans d’exposition ! Avec un âge légal à 62 ans, ça veut dire que le salarié partira à 61 ans, alors que les salariés exposés partent plutôt de l’entreprise vers 55 ans. Pour le « stock », c’est-à-dire ceux pour qui la prévention ne peut plus avoir d’effet, on a enlevé le critère d’effort physique, dont plusieurs dizaines de milliers de salariés effectuant des tâches pénibles ne rentrent plus dans le dispositif. Quant à la majoration de 10% à partir de trois enfants, celle-ci avait été créée pour compenser le fait qu’un ménage avec trois enfants avait plus de difficulté à se constituer un patrimoine, la forfaitisation change complétement la nature du dispositif Ces annonces renforcent donc votre détermination pour la journée de mobilisation du 10 septembre ? Quatre organisations syndicales : CGT, FO, FSU et Solidaires appellent à manifester, et on sent que l’on peut encore élargir le champ de la mobilisation. Il y a une fébrilité du gouvernement ; on le mesure sur les reculs qu’on a malgré tout obtenus en appelant à manifester. Maintenant, il faut réussir le 10 septembre pour changer la donne. La retraite, c’est une bataille qui permet d’aborder l’ensemble des sujets revendicatifs : comme l’emploi, les salaires et les conditions de travail. La meilleure façon de financer notre protection sociale, c’est d’avoir le plus d’emplois possible, les meilleurs salaires possible, une réelle politique industrielle.
Posted on: Mon, 02 Sep 2013 21:39:29 +0000

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