Iréné Agossa ou le délire politique… Le samedi soir dernier - TopicsExpress



          

Iréné Agossa ou le délire politique… Le samedi soir dernier vers 20h15, comme à l’accoutumée, j’avais ouvert mon poste téléviseur et avais câblé notre chaîne nationale, la fameuse ORTB et j’entendais la journaliste annoncer d’entrée un titre sensationnel. Il s’agissait d’une rencontre politique tenue dans la cité d’Allada, la cité du célèbre Toussaint Louverture où, disait-elle, plusieurs hommes politiques proches de la mouvance présidentielle se seraient donné rendez-vous pour proclamer haut et fort leur foi en la révision de notre constitution. Soit. Rien d’extraordinaire à signaler a priori puisque la chose est déjà rentrée dans nos habitudes d’assister à des déploiements médiatiques hors normes des thuriféraires du régime en place qui n’hésitent pas du tout à nous rabattre les oreilles de choses merveilleuses que réalise le Grand Bonhomme de la République qui se préoccupe du bien-être de ses concitoyens… Mais, ce qui m’avait plutôt intrigué au point de susciter en moi un certain dédain, c’était l’acteur principal du reportage. En fixant correctement mes regards sur l’écran, je vois s’afficher en grand manitou le très remuant Iréné Agossa, président du mouvement nationaliste de notre République. Il était évidemment dans ses grands airs de pédagogue patriote imbu comme il le prétendait pour sauver la nation d’un gouffre qui se profilerait à l’horizon si le projet de révision que porte à pas forcés le président de la république ne prospérait pas hit et nunc. A l’entendre, on dirait un véritable acteur politique préoccupé de recentrer les débats actuels autour de la révision autour de l’essentiel, c’est-à-dire le développement socioéconomique du pays…Iréné s’était visiblement taillé la posture de rassembleur et de point d’intersection entre les pro et les antirévisionnistes engagés plus que jamais dans un antagonisme sans précédent. Je ne voudrais pas dire comme l’autre qu’Iréné Agossa serait tout simplement « un vuvuzela » beaucoup occupé à sonner du cor et rien d’autre…Je crois qu’il faut assainir les discours politiques et restaurer un tant soit peu le principe du respect et de la courtoisie entre les acteurs politiques de notre pays…Je préfère le commentaire qu’a fait Urbain Amègbédji sur ces choses… Sachons rester positifs malgré toutes sortes de passion et de relents politiciens. En réalité, ce qui choque chez le frère Iréné, c’est la poigne dont il fait montre pour porter dans le cœur des Béninois un projet tout aussi inopportun techniquement qu’impopulaire politiquement. Ce qui gêne dans l’attitude de ce jeune homme, c’est son délire politique sur des sujets dont il pèse à peine la complexité et la densité socio-politique. Car en fait, de quoi parle-t-on en réalité ? D’entrée, disons que les arguments avancés par Iréné Agossa ne valent rien qui soit. Et que disait-il en effet ? Que si nous ne révisons pas vite notre constitution, nous aurions bloqué la voie royale au Chef de l’Etat d’enclencher enfin la lutte contre l’hydre de la corruption…Que si nous ne révisons pas assez vite notre constitution, nous aurions avalisé des pratiques de mauvaise gestion qui à terme risqueraient de précipiter notre pays, le Bénin vers une faillite entière et totale, disons dans un état de déchéance tel qu’il cesserait même de vivre et de fonctionner…Et que dit-il d’autre ? Que l’urgence est à signaler pour barrer la route aux mauvais gens qui ne veulent pas du progrès de ce pays et qui seraient en train d’œuvrer contre l’ambitieux projet de notre prégo national…A présent, j’aimerais essayer d’interroger un à un les arguments avancés par mon frère Iréné… Primo, quand il soutient mordicus que le succès de la lutte contre la corruption ne serait chose tangible si la constitution n’est révisée et sn délais, je me dis que quelque chose s’enchaine mal dans la logique de l’homme qui nous haranguait la fois dernière à Allada. Car en fait, Yayi qui a cru devoir inaugurer sa campagne contre la corruption par une marche restée fameuse dès son entrée au Palais de la Marina en sait plus que quiconque qu’il faut savoir s’y prendre pour déposer les corrupteurs au Bénin. Car en fait, si le chef lui-même ne produit pas des actes et faits susceptibles d’insuffler un réel dynamisme à la lutte contre ce mal, le peu de ses compatriotes qui y croient encore seront démoralisés et entrainés comme par des vagues houleuses dans l’abime de la vie facile et du « tout fric ». Or, à bien y voir, notre pays a connu un tel degré de dépravation financière sous ce régime qu’on en perd parfois le souffle. Et rien ne s’appelle affabulation ou désinformation. L’on sait bien que les nominations dans les cabinets ministériels non seulement ne respectent aucunement de la compétence encore moins du souci de la hiérarchie. Et le cadre qui sait qu’il ne doit son fauteuil que par son allégeance au Prince fort de la Marina n’éprouve aucun besoin de se soumettre aux règles orthodoxes de gestion encore moins de reddition de compte à son chef. C’est sur des critères purement politiciens ou régionalistes qu’ont été prononcées la majorité des nominations en conseil des ministres sous l’ère Yayi. Conséquence : ces cadres pour la plupart des incompétents n’ont pas toujours géré les deniers publics avec rigueur. Au contraire, ces grands appartements qui sortent de terre au nom de X ou Y tout juste après leur bail dans les allées du pouvoir ont de quoi interpeller notre conscience nationale. Et pourtant, le président n’avait pas cru devoir lancer au plus vite le chantier de la révision en expliquant l’urgence par rapport à son fameux combat contre la corruption. La Cour des comptes ne sera qu’une institution de plus, quoi qu’elle ait juridiquement des prérogatives constitutionnelles d’investiguer sur des actes de malversation financière et de permettre une poursuite plus aisée des mauvais gestionnaires dans notre pays. On a beau installer cette cour des comptes que les pratiques en cours actuellement risquent de ne pas s’amender notablement. Mais en fait, là où Iréné Agossa semble manquer d’aplomb dans sa rhétorique c’est d’ignorer sciemment peut-être que son apôtre de la refondation de notre république n’a pas montré une réelle capacité à respecter les prérogatives des institutions déjà établies constitutionnellement. La preuve est qu’il a dépouillé littéralement la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) qui n’est plus qu’un appendice du ministère en charge de la communication. La preuve est qu’il a toujours cherché à contourner le pouvoir législatif en instrumentalisant la cour constitutionnelle alors dirigée par un certain Robert Dossou lui aussi débarqué presque méchamment de cette institution tout dernièrement. Franchement, si tant est que Yayi et son gouvernement voulaient lutter efficacement contre la corruption, il fallait qu’ils fissent montre d’un respect scrupuleux de nos institutions républicaines qui constituent des contre-pouvoirs et le garde-fou contre les dérives dictatoriales et les abus. Il fallait également qu’ils donnassent aux structures telles que l’Inspection Générale d’Etat (IGE) un véritable crédit pour leurs actions. Or, assistons-nous ? On a droit depuis 2009 à une flopée d’organismes administratifs créés tout juste pour satisfaire l’appétit vorace des parents et proches-parents politiques. Une véritable inflation institutionnelle budgétivore en somme. En plus, Iréné Agossa de par son itinéraire politique ne rassure personne. Pas qu’il soit nul ou mauvais en soi. Mais, tout jeune acteur politique, il ne se démarque nullement d’une chapelle politique visiblement en mal de popularité ces derniers temps. Surtout lorsqu’on sait tout le supplice que le peuple vit actuellement du fait des dossiers dits d’empoissonnement et de tentative du chef d’Etat…Quel peuple peut croire en un président qui livre un combat forcé contre la justice de son pays et qui recherche un second souffle politique après que son jeu de cache-cache révisionniste soit démasqué récemment ? Que va chercher Iréné Agossa dans cette galère de pourriture? Lui qui s’est révélé au monde estudiantin avec l’Union Nationale des Etudiants du Bénin (UNEB), l’autre aile dissidente de la Fédération Nationale des Etudiants du Bénin (FNEB) alors dirigée de main de maître par un certain Séraphin Agbahungbata, personnage atypique issu des rangs du Parti Communiste du Bénin (PCB). Le régime du président Soglo qui était très impopulaire sur le campus surchauffé d’Abomey-Calavi voulait en découdre avec certains caciques de son ennemi juré, le PCB. C’est alors que dans sa posture de Maitre Aliboron, le jeune Iréné Agossa prendra les devants pour fonder l’UNEB. Malgré cet activisme du remuant commandant en chef de l’UNEB, le président Soglo perdra le pouvoir en 1996 au détriment de Kérékou dans une ambiance que seule l’histoire se chargera de restituer fidèlement à la postérité. Des couloirs du parti des Houézèhouè, Iréné se retrouvera à la HAAC où il a fait un bail en tant que conseiller. Mais, au moment la providence lui offre une chance pour se lancer politiquement, il fonde un mouvement dit nationaliste où il colporte des jeunes étudiants qu’il a voulu monnayer politiquement lors des présidentielles de 2011. Là encore, je n’en veux pas du tout à mon frère Iréné. Car il avait encore une chance unique de s’imposer dans le débat de son pays s’il ne cherchait pas résolument à s’aligner derrière le wagon de la Refondation. Car ce faisant, il risque de compromettre ses chances de positionnement politique pour l’avenir. A supposer que le projet de révision soit sans arrière-pensée politicienne, il faut reconnaitre que la constitution du 11 décembre 1990 reste un état d’esprit issu des houleuses et laborieuses délibérations de l’historique Conférence Nationale des Forces Vives de Février 1990. La question qui mérite d’être posée à ce jour est peut-être celle-ci : cet état d’esprit est-il déjà forclos ? Interrogeons-nous sincèrement. Car le destin de notre nation se joue présentement… Bref, on ne change le cours de l’histoire d’un peuple s’il n’est pas prêt d prendre une autre direction dans son parcours. D’où je veux que chacun des lecteurs de mes posts réfléchisse avec moi sur ce questionnement important. Peut-on aller vers une meilleure démocratie dans notre pays si on n’a pas de véritables leaders politiques qui osent assumer leurs choix et se lancer indépendamment de tout chapeau politique ? Les idées progressistes peuvent-elles provenir d’acteurs qui jouent constamment les sangsues et les parasites politiques ? Certes on a toujours besoin d’un mentor qui nous chaperonne dans la vie. Mais, sans plus. L’avenir du continent africain ne se construira pas avec des leaders poltrons et trop calculateurs. Enfin, vu l’incongruité de son action visiblement opportuniste qu’opportune, ne peut-on pas en conclure que notre ami Iréné se livre à un délire politique ? Je laisse chacun y répondre. Mais, je voudrais finir mon analyse par cette citation que je tiens du célèbre écrivain Victor Hugo. Dans l’une des grandes œuvres, ce dernier disait : « N’imitez rien ni personne. Un lion qui imite un lion devient un chien »
Posted on: Tue, 09 Jul 2013 16:47:36 +0000

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