Jacques Ferron a eu pas moins de 326 correspondants, parmi eux, l’écrivain André Major. Cette correspondance s’étale de 1962 à 1983. Dans son texte de présentation visant à saluer « un grand personnage », André Major écrit : « Je dirai que si Ferron prétend parfois être mon débiteur pour ceci ou cela, surtout pour avoir jeté une passerelle entre lui et ma génération, je suis le sien pour bien davantage, et d’abord pour m’avoir rappelé qu’on demeure, quoi qu’on prétende, un bien petit personnage au cœur des ténèbres que sont le moi, la famille, le pays et le monde. Mais je sais aussi – grâce à lui et au docteur Tchékov – que c’est le propre d’un grand personnage de prendre courageusement et sans fausse modestie la mesure exacte de son moi – ce moi qui ne peut aspirer à la grandeur qu’en désertant pour s’aventurer dans la nuit, à ses risques et périls, sans plus de garantie de salut que n’en a le commun des mortels dont il tente d’interpréter la voix étouffée. C’est pour la brèche qu’il a ouverte sur cette grandeur que j’ai admiré l’écrivain autant que j’ai aimé l’homme. Peut-être est-ce le fait d’approcher de l’âge qu’il avait au moment où il est disparu dans la nuit, son souvenir m’incline à préférer la mort à la déliquescence. » (En suivi du précédent partage dans cette page au sujet de Louis Hémon, il faut savoir que, de tous les écrivains québécois, Jacques Ferron jugeait que c’est André Major qui ressemble le plus à Hémon.)
Posted on: Fri, 12 Jul 2013 01:28:54 +0000
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