Je lis souvent sur la toile – et les évènements récents aux États-Unis ne feront qu’accentuer cette tendance – « 1984 [le roman dystopique de George Orwell] was not supposed to be an instruction manual ». Le constat s’impose de lui-même : les démocraties libérales avancent tous les jours un peu plus vers ces mondes terrifiants dont l’imagination d’Orwell, d’Huxley et d’autres précurseurs ont esquissé, bien avant l’heure, les contours. Non seulement ce sont les dystopies qui servent de modèle à tous les puissants de la planète, mais tout ce qui, dans la science-fiction, parle de cyborgs (« homme augmenté » dans le langage bien-pensant et « langue de bois » des technophiles et des technocrates contemporains, « post-humains », comme en parlent d’autres qui s’intéressent à l’idéologie transhumaniste) est entré dans les mœurs d’un certain nombre de personnes. Ce documentaire, que je rapproche d’ « Un monde sans humains » diffusé sur Arte l’année dernière, glace le sang. Déni du corps, eugénisme libéral, délire prométhéen, deshumanisation, mercantilisme de l’enfantement, anéantissement du hasard, idéologie de la performance, conformisme et uniformisation sur mesure… : la science-fiction dystopique se réalise, épousant les dérives de l’utralibéralisme, du fascisme et du dogme du progrès. Ces thématiques, fondamentalement importantes pour l’avenir de l’humanité, sont totalement absentes des débats politiques (qui d’ailleurs, ne sont plus politiques depuis bien longtemps). Il convient de mettre la lumière sur ce futur qui s’avance inéluctablement vers nous, car si nous n’y prenons pas garde, le peu qu’il restait d’humanité et de liberté en ce monde risquera de disparaître à tout jamais. « Mères porteuses, nanotechnologies, intelligence artificielle, refus de l’enfant, fabrication de chimères, quête d’immortalité… Le corps humain serait-il has been ? En tout cas, avec les prouesses toujours plus ébouriffantes de la science et le grand bond en avant de la technique, voici venue l’époque des "technoprophètes". Chercheurs talentueux, joyeux apôtres d’une dématérialisation de l’homme, ils annoncent une ère radicalement nouvelle. Un temps où l’on n’aura plus besoin de l’être humain, cette vieille chose prisonnière d’un corps de chair et enserrée dans d’étroites limites biologiques et sociales. Loin de demeurer d’aimables utopistes, ces experts préparent activement, avec l’aide de puissants lobbies scientifiques et industriels, l’avènement de la posthumanité. » (Jean-Pierre Denis dans « La Vie », à propos du livre « La vie vivante. Contre les nouveaux pudibonds. » de Jean-Claude Guillebaud) youtube/watch?v=rW_4Mhe6mBQ
Posted on: Tue, 11 Jun 2013 23:40:46 +0000
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