Je me suis assise et j’ai pleuré. La légende raconte que tout - TopicsExpress



          

Je me suis assise et j’ai pleuré. La légende raconte que tout ce qui tombe dans les eaux de cette rivière, les feuilles, les insectes, les plumes des oiseaux, tout se transforme en pierres de son lit. Ah ! que ne donnerais-je pas pour pouvoir arracher mon coeur de ma poitrine et le jeter dans le courant… Il n’y aurait alors plus de douleur, plus de regret, plus de souvenirs. Sur le bord de la rivière Piedra je me suis assise et j’ai pleuré. Le froid de l’hiver a fait que j’ai senti les larmes sur mon visage, et elles se sont mêlées aux eaux glaciales qui coulent devant moi. Quelque part, cette rivière en rejoint une autre, puis une autre, jusqu’au moment où, bien loin de mes yeux et de mon coeur, toutes ces eaux se confondent avec la mer. Que mes larmes coulent ainsi très loin, afin que mon amour ne sache jamais qu’un jour j’ai pleuré pour lui. Que mes larmes coulent très loin, et alors j’oublierai la rivière, le monastère, l’église dans les Pyrénées, la brume, les chemins que nous avons parcourus ensemble. J’oublierai les routes, les montagnes et les champs de mes rêves, ces rêves qui étaient les miens et que je ne reconnaissais pas. Je me souviens de mon instant magique, de ce moment où un « oui » ou un « non » peut changer toute notre existence. Il me semble qu’il y a bien longtemps de cela, et pourtant voilà seulement une semaine que j’ai retrouvé mon amour et que je l’ai perdu. C’est sur les rives de la rivière Piedra que j’ai écrit cette histoire. J’avais les mains gelées, mes jambes repliées s’engourdissaient, et je devais m’interrompre à tout instant. « Essaie seulement de vivre. Se souvenir est l’apanage des plus vieux », disait-il. Peut-être l’amour nous fait-il vieillir avant l’heure et redevenir jeunes quand la jeunesse s’en est allée. Mais comment ne pas se rappeler ces moments-là ? C’est pour cette raison que j’écris, pour transformer la tristesse en nostalgie, la solitude en souvenirs. Pour que, lorsque j’aurai fini cette histoire, je puisse la jeter à la rivière Piedra – ainsi avait dit la femme qui m’avait reçue. Alors, pour employer les mots qu’avait prononcés une sainte, les eaux pourraient éteindre ce que le feu avait écrit. Toutes les histoires d’amour sont semblables.
Posted on: Wed, 09 Oct 2013 11:39:52 +0000

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