Je publie plus loin lextrait dun article de Médiapart: Le premier point me paraît limpide : le langage performatif fait advenir dans la réalité, ce quil dénonce et cest bien pourquoi les propos dun ministre déclarant les Roms incapables de sintégrer au mode de vie des Français, me paraissent si dangereux, dautant que ce ministre est en position de responsabilité. Quant au deuxième point, il me semble poser question. Lespèce humaine dont Madame Taubira a en effet parlé au cours dune interview est le titre dune œuvre de Robert Antelme, publiée à son retour des camps et il me semble que cette formule, dans lesprit de son auteur, ne dissocie pas humanité et animalité. Le terme espèce indique au contraire une appartenance commune : nous sommes une espèce particulière danimaux. Cest pourquoi je me méfie du consensus médiatique sur ce point: la banane de la petite fille nous est aussi destinée. je pense au séminaire de Derrida :Lanimal que donc je suis. Zoologiser la question du racisme mapparaît comme une façon inconsciente de le reconduire. A la différence des autres espèces animales, nous possédons un bagage symbolique. Mais ne sommes- nous pas en train de le perdre dans une prolétarisation, cest à dire une défaillance de notre aptitude au discernement, une faiblesse desprit favorisée par les nouvelles technologies et les nouveaux pouvoirs? Nest-ce pas cette faiblesse desprit qui déchaîne ceux (dont nous voulons bien, par ailleurs entendre les arguments lorsquils sont sensés), dans des manifestation qui tiennent de l(é)meute et non plus de largumentation. Et ainsi samalgament des formes diverses et violentes de phobie, vite récupérés, bien sûr, par des mouvements extrêmes et/ou intégristes Extrait de larticle: Si on répète à bon droit que le racisme n’est pas une opinion mais un crime et que, comme l’a affirmé François Hollande à Jérusalem, « il n’y a pas de différence entre les paroles et les actes racistes », c’est que la parole raciste n’est pas seulement une parole attentatoire, un défi ou une insulte. C’est ce que les théoriciens du langage avec John Searle appellent un « speech act », c’est-à-dire une parole qui agit, un acte performatif qui a le pouvoir de réaliser ce qu’il énonce. La parole raciste exclut de « l’espèce humaine », comme l’a rappelé Christiane Taubira, celui ou celle qu’elle animalise. Ce n’est pas une blague, c’est un scalpel qui permet depuis l’aube de la colonisation de tracer la frontière entre humains et esclaves, colons et colonisés, civilisés et sauvages. Et lorsque l’insulte se met en scène au travers des expositions coloniales et des zoos humains, le racisme devient une performance collective. C’est une cérémonie et un rituel. Sa fonction ? Redéfinir les contours de la communauté nationale
Posted on: Tue, 26 Nov 2013 10:30:00 +0000
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