Jonathan a préféré simmoler plutôt quêtre harcelé 23 octobre - TopicsExpress



          

Jonathan a préféré simmoler plutôt quêtre harcelé 23 octobre 2013 OUEST-France Numéro vert de lÉducation nationale, 0808 80 70 10 ; agircontreleharcelementalecole, toussolidairespourjonathan En novembre, une grande campagne de lutte contre le harcèlement aura lieu dans les établissements scolaires. Pour la première fois, ce fléau est pris en compte par une loi. Des dizaines de milliers délèves en souffrent, comme Jonathan Destin, qui est allé jusquà tenter de se suicider, à lâge de 16 ans. Difficile pour Jonathan Destin de marcher dans la rue. Son visage couvert de cicatrices, ses cheveux dont une partie ne repousse plus, son oreille droite manquante, attirent irrésistiblement la curiosité. Impossible de prendre le métro. « Je serais trop mal à laise. » Surtout, sa peau, brûlée sur tout le corps, à 72 %, ne le protège plus de la chaleur. pourtant, Jonathan, 18 ans, dit quil va mieux « quavant ». Avant, lorsquil était bousculé, traité de « gros porc », racketté. Avant ce terrible 8 février 2011, où il sest immolé par le feu, parce que cétait le seul moyen pour lui den finir avec ses problèmes. Il a subi 17 opérations, passé deux années dans divers hôpitaux. Il a raconté son histoire dans un livre. Et rencontre les journalistes chez son éditeur, à Paris. « Je me sens libéré, reconnaît-il. Parler, ça fait du bien. » Le calvaire a commencé dans son école primaire de Marquette-lez-Lille, dans le Nord, où il vit toujours. Dès lâge de 10 ans, il est mis à lécart, subit les moqueries, notamment sur son physique enrobé. Au fil des années, cela empire. « Parce que je me laissais faire », analyse aujourdhui ce garçon timide, qui senhardit au fil de linterview, parvient à sourire. « Jen ai parlé à un prof. Il ma dit Cest pas grave, ils samusent avec toi. Au collège, des jeunes le rackettent à la sortie. Il se rebelle et en blesse un avec un couteau. Le lendemain, il se retrouve avec une arme sur la tempe. « Cest là que jai décidé de mourir. La douleur de la mort, cétait moins pire que de souffrir tous les jours. Je venais de voir un reportage sur un garçon harcelé qui était mort comme ça. Jai voulu faire pareil. » Un jour, il se verse dessus une bouteille dalcool à brûler et allume un briquet. Mais devant la souffrance atroce, il se jette dans un canal tout proche. Il sera sauvé par deux passantes. Horrifiés, les parents et les deux soeurs de Jonathan découvrent les raisons de son geste. Dans cette famille aimante et protectrice, mère au foyer, père installateur de systèmes de sécurité, on navait rien vu. « Il nallait pas bien, mais comme il a toujours eu du mal à lécole, on croyait que cétait à cause de ça quil détestait y aller », culpabilise encore sa maman, Marie-Pierre.Aujourdhui, ils ont fondé une association pour aider les jeunes harcelés et leurs parents. « On reçoit beaucoup de mails, de coups de fil. » Parfois, Jonathan répond à des ados désespérés. « Je leur dis quils doivent parler à quelquun de confiance, un psychiatre, un policier... Surtout, ne pas rester seuls dans leur coin. » Le jeune homme a porté plainte contre ceux qui lont menacé, extérieurs à son collège. Ils nont toujours pas été retrouvés... Des Jonathan, malheureusement, les cours décole en sont remplies. La plupart souffrent en silence. Mais la liste est longue de ceux qui sont passés à lacte. Jonathan, 18 ans, de Bordeaux, et Maxence, 17 ans, de Marseille, qui se sont immolés dans leur lycée, en novembre 2010 et janvier 2011 ; Pauline, 12 ans, suicidée au fusil de chasse à Eleu-dit-Leauwette, dans le Pas-de-Calais, en janvier 2012 ; Matteo, 13 ans, de Bourg-Saint-Maurice, en Haute-Savoie, et une ado de treize ans, habitant Vaugrigneuse, dans lEssonne, tous deux retrouvés pendus chez eux en février... « Des cas extrêmes, mais on estime à 10 % le nombre délèves victimes de harcèlement, dont 5 % de façon sévère, soit des dizaines de milliers délèves, souligne Eric Debarbieux, universitaire et délégué ministériel en charge de la lutte contre les violences scolaires. Parce quils sont obèses, nont pas la bonne couleur de cheveux, sont bons élèves, ou mauvais... Le mécanisme, cest le refus de la différence. » « Surtout, il faut parler » Longtemps, lécole ne sest guère préoccupée du phénomène, qui génère pourtant « un absentéisme important ». La prise de conscience date dil y a trois ans. Pour la première fois, le harcèlement vient dêtre inscrit dans une loi, celle du 8 juillet 2013. « Le maître mot, cest la prévention, parce quune fois quun élève est pris dans les filets du harcèlement, cest compliqué, précise Eric Debarbieux. Nous insistons beaucoup sur la formation des personnels pour reconnaître les situations et les traiter. » Une grande campagne aura lieu en novembre. Jonathan approuve : « Une histoire comme la mienne, ça aura au moins servi à ça... » Le jeune homme se prépare à subir de nouvelles opérations. Plus tard, il se verrait bien avec une femme, des enfants, une maison. Il espère devenir pâtissier, sa passion de toujours. Condamné à me tuer, XO, 196 pages, 16,90 €.
Posted on: Wed, 23 Oct 2013 11:49:12 +0000

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