Justice : On prend les mêmes et on recommence S’il y a eu un milieu où les détenteurs d’armes de la SELEKA ne sont rentrés que peu, c’est bien la corporation des magistrats. Mais est-ce à dire qu’à partir du dernier mouvement fait, l’heure est venue pour une justice juste en Centrafrique ? La grande inquiétude de tous les Centrafricains lambdas au jour d’aujourd’hui se ramène à la question suivante, quel magistrat pour quelle justice en Centrafrique ? En effet, eu égard aux dernières nominations, tout porte à croire qu’on a pris les mêmes et qu’on recommencera. Autrement dit, rien n’est appelé à changer, sinon ce serait davantage une descente en enfer pour le pays. Le premier constat fait, c’est la mise en retrait d’ici janvier 2014 de quelques magistrats dont Marcel MALONGA et Jean WILIBYRO SACKOT qui paient pour leur intimité avec le régime de François Bozizé. C’est donc une décision qui ne surprend personne. Marcel MALONGA était déjà dans de sales draps avant de se faire sauver des eaux. Son malheur, c’est d’avoir fait appliquer : « N’oublie pas qui te gratte le dos ». En dehors de ces malheureux, l’équipe des magistrats, juges et autres est restée intacte. Beaucoup ont été sautés de leurs fauteuils, là où le lait et le miel coulaient en abondance mais ils n’ont pas été astreints à rendre compte de leurs gestions durant ces plusieurs années passées. Nul n’ignore que la justice se gagnait dans les quartiers, des magistrats avaient des démarcheurs qui travaillaient pour eux mais cela n’a pas empêché que de tels magistrats soient nommés à des postes de responsabilité. Comme pour dire que « Tout est mieux au pays des merveilles ». Ce qui saute à l’œil dans ces nominations, c’est le retour en force de quelques barrons des anciens régimes. La transition ouvre la porte à des hommes qui, autrefois à la solde des régimes défunts, ont fait voir de toutes les couleurs aux Centrafricains, usagers des services publics notamment de la justice. Même si on ne les cite pas, l’opinion nationale peut s’en rendre compte elle-même. Selon les indiscrétions, le mouvement des magistrats a été l’œuvre de deux personnes, le Ministre de la Justice et son Directeur Général qui s’étaient enfermés dans le bureau du premier. On comprend alors pourquoi les choses ont été ainsi faites. Est-ce normal que dans une juridiction, du procureur de la république au président du tribunal, en passant par les autres fonctions, on ne retrouve que les gens d’une seule ethnie ? Ou encore est-ce possible que les gens d’une région y sont envoyés pour travailler librement? Quelle justice vont-ils rendre ? Et pourtant, c’est ce qui a été fait. Wait and see. Inutile de dire que les magistrats de même acabit, les amis d’un même club ou d’une même loge, se sont retrouvés dans un même service pour ruiner encore le pays. De plus, de ces nominations les autorités centrafricaines et celles qui sont en charge de la justice ont montré que la RCA fait preuve d’une carence incurable. Pourquoi détacher un magistrat d’un ordre pour le balancer dans un autre ? Est-il Dupuy ou Combaceau, KEBA MBAYE ou Jean Charpentier ? Même dans les pays évolués, il n’y a pas d’amalgame qui se fait comme on s’y prête bien en Centrafrique. Et encore, on se permet de nommer des retraités honoraires au Conseil d’Etat alors que ces retraités sont déjà à des hauts postes de responsabilités. Diantre! Pour tout dire, l’ordre administratif n’est pas plus en bonne santé que l’ordre judiciaire. Il y a plus de deux mois où une institution selon nos sources, avait écrit au Conseil d’Etat sur une question de droit. La réponse des juges était qu’il faudrait d’abord payer les frais de consultation qui s’élèveraient à 3 Millions. C’est une information qui n’est de nos jours, qu’un secret de Polichinelle. Les juges qui étaient au Conseil d’Etat sont encore là même si certains ont perdu leurs postes mais ont-ils été entendus ? Depuis quand, pour que le Conseil d’Etat donne un avais, ce qui n’est que naturel, car entrant dans ses attributions, il faudrait honorer des frais de consultation ? Pour tout comprendre, deux problèmes constituent le tendon d’Achille pour les hommes de toge en Centrafrique. Le premier est celui de leur indépendance. On ne comprend plus rien de ce qui se passe entre les magistrats et les politiciens depuis quelques temps. Ou encore de plus en plus, on voit des magistrats occuper de hautes fonctions politiques ou d’autres responsabilités de ce genre et au final, ils deviennent des gourous pour leurs amis ou confrères. Le danger, c’est qu’ils doivent vouer culte et adoration à l’homme politique. Ainsi, toutes les décisions de justice sont avant tout des décisions politiques. Les preuves sont légion qu’il est inutile de les exhumer. La magistrature est devenue un nid pour tous les politicards accidentés. Parlant d’indépendance, elle doit se mesurer par rapport l’attitude des magistrats à l’égard de l’argent. Les homes de toges sont presque les mieux payés de la RCA avec un statut particulier mais cela n’empêche qu’ils soient pleins dans la vulgarisation et la profusion des pots de vin. La corruption s’est profondément enfouie dans le milieu qu’il s’en dégage une odeur bien nauséabonde. Sous Bozizé et Patassé, les hommes en boubou étaient les chouchous de la justice. Maintenant qu’ils ont les armes et le pouvoir, ils seront des fils de Jupiter. Le dernier problème des magistrats, c’est celui de l’impunité dont on fait montre à leur égard. Il y en a beaucoup qui doivent faire la prison mais qui trainent encore dans les rues. Des magistrats auteurs de détournement, arnaqueurs, commerçants, fauteurs de troubles, des paruriers, des indécents, on en trouve en Centrafrique parce qu’on pense que la loi n’est faite et applicable que pour certaines catégories de personnes. Où est-ce qu’il est écrit que les magistrats sont au dessus de la loi ? Commencez par les traquer et vous verrez que la RCA a la chance de se développer. Il n’y a pas de places pour des magistrats escrocs en RCA. Odilon Maurice OUAKPO
Posted on: Sun, 29 Sep 2013 18:10:59 +0000
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