LA DEVOTION MIRACVLEVSE DE SAINTE ANNE D’AVRAY EN BRETAGNE. PAR - TopicsExpress



          

LA DEVOTION MIRACVLEVSE DE SAINTE ANNE D’AVRAY EN BRETAGNE. PAR UN RELIGIEVX CARME PARIS M. DC. XXXVIII §. I. BRIEVE INTRODVCTION des grandeurs, & excellences de Sainte Anne. Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on employe les beautez du Soleil, pour dépein dre à nos esprits les perfections de la Diuinité. Cette image est la plus ancienne qui soit dans l’Vnivers; & la parfaitte ressemblance qu’elle a auec son original, a fait les premiers idolâtres. Mais la grâce de l’Euangile en arrestant les comparaisons dans le juste poinct de la vérité, nous enseignera maintenant, que comme les Planettes plus voisines du Soleil empruntent dauantage de ses qualitez, affin de les respandre plus efficacement sur les estres de ce bas monde: de mesme les grâces & les bénédictions célestes qui sont en Dieu & en Iesus-Christ, comme dans leur source première, sont heureusement communiquées aux fidèles par l’interession des Saincts, qui ont plus de liaison auec Dieu, & de rapport auec Iesus-Christ. C’est pourquoy nous deuons considerer la glorieuse Sainte Anne, comme vn sujet tres-exceilent de la grace et l’vn des miracles plus parfaits de l’Euangile: vn objet tres éminent de nos deuotions, & l’vne des voyes plus asseurées de nostre prédestination. II n’y a rien sans mentir, qui appartienne si immédiatement au Père Eternel, que son Fils vnique: & nous ne sçaurions approcher heureusement de Iesus, que par ces bénîtes personnes qui composent la tres-sainte famille. Comme donc la diuine Prouidence a choisi quatre personnes incomparables, par le mariage & la fécondité desquels le Verbe s’est incarné, & a pris alliance auec notre nature humaine: aussi deuons-nous reconnoistre, que ce qui nous approche dauantage de Dieu, est la liaison de nos coeurs auec ces bien-heureux parens, par lesquels il est venu à nous. Veritablement on peut bien dire, quw le caractère du siécle auquel nous viuons, est la deuotion & l’hommage à la Famille de Jesus-Christ. Sa gloire a esté misterieusement cachée au temps de nos Pères; & la postérité reçeura de nostre âge, le culte & l’honneur qu’on commence de rendre à ses mérites. Ie ne sçay si c’est que nous approchons de la fin du monde, & de la consommation des siécles; ou que nostre âge estant fertile en impieté, & stérile à produire des Saincts; Dieu soit contraint de découurir à son Eglise, ceux qu’il auoit celé dans ses premiers fondemens. Mais ie dois dire auec vérité, que nous sommes dans la plénitude du temps auquel Iesus veut releuer l’honneur, & reueler au monde là gloire de sa tres-sainte Famille. De sorte qu’âpres auoir veu és siécles passez, les respects de l’Eglise, à l’endroit de la glorieuse & incomparable Vierge Marie: les adorations, renduës au tres-Auguste Sacrement de l’Autel: la tendre deuotion, enuers le saint & sacré nom de Iesus: la pieté & l’ardeur des peuples à célébrer le nom, la feste, & les mérites du glorieux Patriarche Saint Ioseph; il ne restoit sinon de reconnoistre les grandeurs, & rendre hommage aux vertus éminentes des deux ayeuls de cette benîte Famille, saint Ioachin & sainte Anne. Cependant comme si les Estats de la grace commençoient par les plus foibles sujets, la deuotion à la Mère de Dieu, ayant éclairé auparauant celle de son cher Espoux; attendant que l’esprit qui conduit la pieté aussi bien que la créance de l’Eglise, inspire à quelqu’vn l’honneur qu’on doit rendre à saint Ioachin; voicy que de toutes parts on void reluire des prodiges & des miracles, qui obligent les fidèles à reconnoistre la grandeur de Dieu, dans les faueurs qu’il á departy à l’Ayeule de son cher Fils, & que les peuples reçoiuent par ses intercessions. De vray, la glorieuse Sainte Anne dans la propriété même de son nom, & la qualité de ses diuins emplois; n’est-elle pas la source des trésors, le trésor des grâces, la Mère de Marie, & la tres-sainte Ayeule de Iesus-Christ? C’est elle qui par la pratique des vertus sortables à sa condition, s’est disposée aux effets de la grâce, pour estre éleuée à vn si haut poinct d’eminence. La Nature, comme dit saint Damascene, n’osant preuenir les desseins de la grâce: vn insigne miracle l’a rendue feconde, de stérile qu’elle estoit auparauant. C’est le bel Orient de l’Eglise naissante qui nous a enfanté l’Aurore, deuenant Mère de la Mère de Iesus. Si le Père Eternel est couronné de son Fils, ny plus ny moins que d’vn glorieux diadesme: la couronne de Sainte Anne, sera sans doute la tres-sàinte Vierge Marie. Selon les droicts de nature, l’enfant est vne partie de la mere qui l’engendre: & nous pouuons bien dire certainement, que la Fille de Sainte Anne est le tiltre plus illustre, & le plus riche partage de sa benîte Mère. Par elle le Ciel se joint à la Terre, la Nature s’allie à la Grâce, & Dieu s’est communiqué aux hommes. Car estant Mère de Marie, elle est Ayeule & grande Mere de Iesus-Christ. De sorte que si au sentiment des Pères, ces deux tiltres incomparables de Fils de Dieu & de Mere de Dieu, sont en Iesus & Marie, le fondement de leurs grandeurs, le principe de leurs qualitez, la règle de nos hommages, & la mesure de l’honneur dont nous leur sommes redeuables: il n’est pas moins certain, qu’âpres auoir estably cette vérité, que sainte Anne est Mère de Marie, & Ayeule de Iesus-Christ; nos loüanges n’égalent jamais ses mérites, & nos seruices demeurent toujours au dessous de ses excellences. Le droict de nature luy donnoit, ie ne sçay quelle authorité sur celuy-là mesme qui en est l’Auteur. La ressemblance que les enfans ont auec leurs ayeuls, mettoit dans le Sauueur du monde beaucoup de rapport à Sainte Anne. Et cet instinct naturel, lequel par le poids & la pante de l’amour qui s’accroist en descendant, forme tant de tendresse entre les ayeuls & les petits fils: attachoit les deux coeurs de lesus & de sa grande Mere, par des chaisnes & des liaisons vrayement ineffables. Ces prerogatiues luy ont mesme donné entrée dans l’oeconomie de la grâce, & fait prendre part dans les misteres de la Redemption. Car la pieté médite certes auec assez de fondement, que les prieres de sainte Anne luy ont obtenu la grace, de conçeuoir miraculeusement la sainte Vierge. Et les Anges ont solemnisé aucc feste &hóneur, les neuf mois que Marie demeura dans les entrailles de sa benîte Mere. Que c’est elle qui par voeu ou deuotion particulière, offrit à Dieu & consacra la sainte Vierge dans le Temple. Et que si Elizabeth Mere du diuin Précurseur, fut remplie de l’Esprit de Dieu, qui luy fit pénétrer le mystère caché dans le sein de sa cousine: Sainte Anne a peû par reuelation, auoir des connoissances & des discernemens sur l’lncarnation du Verbe, qui deuoit s’accomplir dans les flancs de sa fille. Ce n’est donc pas de merueilIes, si vn sujet si releué mérite nos reconnoissances: & si la considération des priuileges dont Dieu a fauorisé sainte Anne, oblige nos esprits à luy rendre des cultes, des honneurs & des hommages tres particuliers. C’est à vray dire le dessein de Dieu, lors que de toute éternité il a choisi cette sainte Dame pour estre le principe de ses voyes sur le salut des hommes. Et les miracles qu’il fait en sa faueur, sont autant de nouuelles obligations à nous acquitter de nos deuoirs vers la Bienheureuse Sainte Anne. Tous les Chrestiens sont desormais obligez, à reconnoistre les merueilles de Dieu dans l’Ayeule de son Fils nostre cher Sauueur; & c’est vne faueur tres signalée à l’Ordre des Carmes, de voir ses enfans dépositaires d’vn lieu miraculeux, où le Ciel semble auoir voulu establir la pureté, les principes, & les premiers essais de cette grande & generale deuotion de sainte Anne…
Posted on: Sat, 13 Jul 2013 17:22:31 +0000

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