LAMPEDUSA OU LE NAUFRAGE DE LA POLITIQUE EUROPéENNE DE - TopicsExpress



          

LAMPEDUSA OU LE NAUFRAGE DE LA POLITIQUE EUROPéENNE DE L’IMMIGRATION Le massacre des harraga De notre bureau de Bruxelles Aziouz Mokhtari 500 migrants, la plupart disparus, dévorés par la mer, avalés par les vagues incessantes, sans répit, cruelles de la mer d’Ulysse, de Raïs Hamidou, du comte de Lampedusa et de la Commission européenne. La tragédie d’avant-hier marque un tournant majeur de la politique aussi égoïste qu’inefficace de Bruxelles par rapport aux flux migratoires venant du Sud, de tout le Sud du Vieux-Continent. De la Méditerranée ou d’ailleurs. Les pauvres naufragés d’avant-hier ont embarqué de Libye et sont originaires d’Afrique subsaharienne… L’après-Gueddafi n’a pas encore livré tous ses drames. Les horreurs continueront… «C’est une horreur, une horreur absolue. Ils n’arrêtent pas de transporter les corps…». Dépassé par l’ampleur du drame et désemparé, le maire de Laupedusa ne savait plus, avant-hier, où donner de la tête. L’Italie décrète un deuil national, le pape François, voix sincère, évoque une «honte», face à ce énième massacre et, visiblement ému, a dénoncé la «culture du déchet» éliminatoire des démunis, des faibles au rang desquels le souverain pontif classe les immigrés clandestins. Le chef de l’Eglise catholique a fustigé «l’indifférence à l’égard de ceux qui fuient l’esclavage et la faim…». D’un mot, le gouverneur de l’Etat Vatican pointe du doigt toute la politique en matière d’immigration de la Commission européenne, le gouvernement des 28 en définitive, et des Etats membres associés en Union européenne. Les Européens repus, pansus, égoïstes et ne regardant pas plus loin que le bout de leur nez, croient possible de construire un mur en Méditerranée pour se prémunir des pauvres gens du Sud, de l’autre rive, de la misère et du dénuement. Toute la démarche de Bruxelles est, relevons-le, mue par la seule conviction, la seule certitude de bloquer toutes les issues menant vers ses côtes en instituant, voire en élevant en institutions immuables le confort du Nord, de l’Europe. En piétinant allégrement le processus de Barcelone (1975), cadre généreux et propice pour une politique équilibrée entre les Sudistes et les Nordistes de la mer chère à Hachemi Guerrouabi, les Européens ont créé le vide et le désappointement. Ils élaborent, après Barcelone, d’autres mécanismes, par eux seuls décidés, comme la politique de bon voisinage (P.E.V), pour contourner le bon traité de la capitale catalane. Depuis, la Commission Barroso ne cesse de multiplier les projets, les structures et les conclaves pour ne prendre de la coopération que ce qui arrange ses affaires. Puis vint l’Union pour la Méditerranée, cadre imposé par la France sarkozienne afin de transformer les Etats non européens en commissariats de police chargés de casser du clandestin, du harrag, de l’immigré ou de l’émigré venant de pays où il ne pleut pas. L’Union pour la Méditerranée, cadre de type néocolonial, n’a pas survécu au démantèlement du régime de Hosni Moubarak. Le Raïs d’Egypte devait selon la doctrine «méditerranéenne» des faucons de l’UE, présider ce lugubre ensemble. Les premiers et les derniers de la rive-sud à soutenir allégrement la tristement célèbre Union pour la Méditerranée sont, c’est une preuve de son caractère obsolète et indigne, Moubarak d’Egypte, Mohammed VI du Maroc qui se sont livrés une âpre bataille pour diriger l’Union pour la Méditerranée de Nicolas Sarkozy. Il est vrai, cependant, que les Allemands et les Britanniques ont cadré ce capharnum et pu ajouter l’appellation processus de Barcelone à l’UPM. Lors du Sommet de Bruxelles qui a traité de cette affaire, le communiqué officiel qui a conclu le conclave des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE a enfanté un générique rigolo «Union pour la Méditerranée - processus de Barcelone». Ce qui signifie, sans doute et pour toujours, la fin peu glorieuse de l’idée dangereuse de la droite de la droite européenne, pour autant, Barroso, président de la Commission européenne, et beaucoup d’Etats membres continuent dans leur politique d’exclusion et du tout sécuritaire pour la sécurité de l’Europe sans tenir aucunement compte de l’état de délabrement dans lequel se trouvent la plupart des pays hors UE et voisins, et certains riverains et d’autres arrière-pays de la mer Méditerranée… Tant et si bien, si mal devrions-nous écrire, que depuis le règne de Barroso, jamais le fossé ne s’est autant creusé entre le Nord et le Sud, entre l’Afrique et l’Europe, entre les pauvres et les riches, entre les repus et les chercheurs de pain… De renoncement en renoncement, et de démantèlement en démantèlement de ses propres engagements, Bruxelles en est arrivé à soutenir, toute honte bue et ouvertement, des guerres coloniales et des expéditions punitives contre des Etats avec lesquels, pourtant, des relations de coopération et de bonne intelligence étaient entretenues. L’Union européenne se positionne, hors ONU et toute honte bue, pour la guerre en Libye et pour le crime commis contre Gueddafi en coordination avec l’Otan, par une intervention guerrière et musclée contre Bachar El Assad… L’Union européenne a depuis quelques années perdu le sens de la mesure, son âme et, oublieuse de son positionnement géographique, évoque la rive sud de la Méditerranée comme s’il s’agissait de terre sans maître, de terre nulle ou d’espace lointain alors même que les drames d’ici ont des répercussions immédiates là-bas et vice-versa… Lampedusa avant-hier, Ceuta et Mellila juste avant et les naufrages réguliers de milliers et de milliers de clandestins échouant, pour la plupart morts, sur les rives italiennes, espagnoles et grecques (25 000 en une année selon des organismes indépendants de défense des droits des migrants), sont en définitive, le naufrage de la politique européenne en matière d’immigration. Les morts de Lampedusa de mercredi ont embarqué à partir de Libye ce qui prouve que l’après-Gueddafi est terrifiant. Que se serait-il passé en Méditerranée si Bachar Al Assad n’avait pas opposé une farouche résistance au Royaume-Uni, à la France et aux Etats-Unis ? Comment l’UE désargentée, en crise, désemparée face aux marchés aurait-elle fait face aux millions de réfugiés, dont énormément de chrétiens fuyant les Etats djihadistes que la chute de Bachar aurait installés en Syrie ? Lampedusa crie sa colère contre l’Union européenne. Condoléances aux nombreuses victimes, les harragas, nos voisins, nos frères, les Subsahariens fuyant la misère... A. M.
Posted on: Sun, 06 Oct 2013 08:23:45 +0000

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