LE BILLET DU VICAIRE GÉNÉRAL AUX ARMÉES Nécessité d’un - TopicsExpress



          

LE BILLET DU VICAIRE GÉNÉRAL AUX ARMÉES Nécessité d’un nouvel aggiornamento (à propos de la notion de "guerre juste") Reconnaissons-le franchement, la nomination de Mgr Parolin comme Secrétaire d’Etat de Sa Sainteté, est passée pratiquement inaperçue en France. Seuls les familiers de la vie diplomatique en ont saisi toute l’importance. Comme l’a écrit un « vaticanologue » le nouveau pape veut marquer le retour du Saint-Siège dans le concert des nations : il faut que la voix de l’Eglise soit à nouveau entendue au plan géopolitique comme elle le fut jusqu’à la fin du pontificat de Jean-Paul II. Son successeur était un théologien et, de fait, sous Benoît XVI, l’Eglise s’est peu fait entendre dans ce domaine. Le cardinal Bertone, Secrétaire d’Etat de l’ancien pape, et son équipe, n’étaient pas formés à la diplomatie internationale et, en se laissant accaparer par les affaires internes de la curie romaine et de l’Eglise italienne, avaient mis en sourdine les interventions d’ordre politique qui auraient permis au Saint-Siège de continuer de se faire entendre dans le monde. Depuis le début de son pontificat, mais surtout ces dernières semaines, les prises de parole du pape François puis la nomination de Mgr Parolin laissent bien deviner les axes de gouvernement qui se dessinent actuellement à Rome : finie la pédale douce, maintenant la partition va se jouer fortissimo, comme sous Jean-Paul II, pour faire entendre la voix de l’Evangile. Mais, en même temps, il semble aussi que l’Eglise soit en train de prendre conscience du retard qu’elle a accumulé en matière de réflexion éthique sur la question de la guerre ; car les conflits actuels n’ont plus rien à voir avec ce que nous avons connu jusqu’à la fin du bloc soviétique. La notion « classique » de guerre impliquait d’une certaine manière que le conflit soit institutionnalisé par des formes précises : déclaration de guerre d’un Etat à un autre, respect de normes de droit international acceptées par tous, suspension d’armes, trêves et armistices, règles sur le traitement des prisonniers et des blessés, traité de paix, etc. Désormais tout est bouleversé : les conflits sont devenus asymétriques et sans aucun souci des règles internationales patiemment établies depuis des siècles. La doctrine de l’Eglise en matière de « guerre juste » se trouve ainsi battue en brèche par des théologiens qui, se basant sur l’étude des conflits modernes, notent qu’il faut désormais concevoir des réponses neuves à des problèmes neufs : quid des guerres internes apparaissant comme des guerres civiles mais qui n’en sont pas ? quid des conflits nés du terrorisme ? Les réponses issues de la pensée scholastique ne suffisent plus : il est désormais nécessaire de proposer un aggiornamento de la réflexion chrétienne sur les conflits et le droit de la guerre. Sans cet effort, la pensée chrétienne est rapidement obsolète car les critères qui définissaient la guerre juste face aux conflits récents, dont celui notamment de la Syrie, font voler en éclat la notion de « guerre juste ». Nous le sentons bien de par la difficulté qui est la nôtre - et qui nous paralyse - d’évaluer les moyens d’intervention adéquats face à des belligérants qui, dans les deux camps, ne sont ni tout blancs ni tout noirs... Parallèlement, nous sentons confusément que nous ne pouvons pas davantage rester les bras croisés, sans rien dire et sans rien faire. Comme le constatait récemment un géopoliticien catholique, la doctrine politique de l’Eglise s’avère désormais défaillante. Nous risquons de nous laisser entraîner sur la pente d’une recherche minimaliste du moindre mal. Le pape François a bien compris tout cela et la nomination de Mgr Parolin manifeste à l’évidence son désir de reprendre les manettes et de faire évoluer à la fois la pensée et l’action de l’Eglise au service de la paix. ROBERT POINARD Publié sur le site du diocèse aux armées
Posted on: Sat, 07 Sep 2013 08:54:48 +0000

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