LE PRIX RENAUDOT L’histoire est le récit des choses - TopicsExpress



          

LE PRIX RENAUDOT L’histoire est le récit des choses advenues. La gazette seulement le bruit qui en court. Théophraste Renaudot Source : prixrenaudot.org La création du prix Renaudot en 1926 racontée par l’un de ses fondateurs, Georges Charensol « Depuis la fondation de l’Académie Goncourt, les Dix[1] déjeunaient le premier lundi de décembre et attribuaient leur prix au cours du repas. C’est dire que le lauréat était souvent proclamé assez tard car les délibérations des Goncourts ont toujours été tumultueuses, et leur histoire est jalonnée de départs fracassants et de protestations indignées. Sitôt le résultat connu, nous autres, les informateurs littéraires, allions porter la nouvelle au journal avant de nous mettre à la recherche du lauréat. Ce qui n’était pas toujours facile, les éditeurs étant moins bien organisés qu’aujourd’hui. Nous écrivions ensuite notre article, si bien que nous devions renoncer à déjeuner. Comme nous étions jeunes et dotés d’un solide appétit, en 1925 je proposai aux camarades attachés à la même galère de prendre ensemble notre repas ce jour-là à onze heures dans un petit restaurant voisin de Drouant, à la Fontaine Gaillon. Ils acceptèrent d’enthousiasme et Gaston Picard s’écria ” Pourquoi ne décernerions-nous pas un prix nous aussi ? ” L’idée me parut excellente : ” Un prix de journalistes, dis-je, auquel nous donnerions le nom de Théophraste Renaudot, le premier journaliste.” Quelques jours plus tard nous nous réunissions chez Raoul pour constituer un jury de dix membres. Nos statuts seraient calqués sur ceux des Goncourts, donc inutile de les déclarer et d’élire un président. C’est ainsi que, dans l’illégalité la plus totale, le prix Renaudot est attribué depuis près d’un demi-siècle. Les premiers membres furent Raymond de Nys de l’Intransigeant, plein de finesse, toujours souriant, Pierre Demartres du Matin, connu pour ses grands reportages comme Georges Le Fèvre du Journal. Mais ni l’un ni l’autre ne dédaignaient la petite information car nous étions tous des vrais journalistes et nous ne nous prenions pas au sérieux. Il y avait encore Noël Sabord de Paris-Midi, un homme de grande culture, Marcel Espiau qui s’était signalé par une farce assez joyeuse. Copain avec un maître d’hôtel de Drouant il avait obtenu de l’aider à servir le repas des Goncourts. Si bien qu’il put assister au début de leurs délibérations alors tout à fait secrètes. Pénétrer dans leur salle à manger, comme le font aujourd’hui reporters et photographes, eût paru aux frères Rosny, à Léon Hennique ou à Léon Daudet un crime de lèse-majesté. Mais Espiau fut reconnu, rapidement chassé et il raconta avec esprit son aventure dans l’Éclair. La présence d’une femme nous parut indispensable et nous fûmes heureux d’accueillir Odette Pannetier, célèbre pour ses articles au vitriol de Candide. Georges Martin du Petit Journal, Gaston Picard de la Renaissance et le dessinateur Henri Guilac du Canard enchaîné, qui donnait aux Nouvelles littéraires de pittoresques bandes dessinées, complétèrent le jury. Je ne dis pas que, dans notre esprit, il n’y avait pas un peu de malice et l’arrière-pensée de rectifier les votes des Goncourts que nous approuvions rarement, mais nous nous gardâmes de le proclamer et nos relations avec nos aînés furent si bonnes qu’une fois Lucien Descaves, provisoirement brouillé avec ses collègues, vint présider notre déjeuner. Le premier eut lieu en décembre 1926. Quand vint le moment du vote Odette Pannetier, dans cet esprit de canular qui nous animait, suggéra le nom d’Anatole de Monzie alors ministre de l’Éducation nationale. D’autres propositions du même genre ne nous parurent pas plus astucieuses. Si bien qu’une majorité se dégagea pour donner un coup de projecteur sur un inconnu. C’est ainsi que fut choisi le savoureux Nicolo Pecavi ou l’Affaire Dreyfus à Carpentras, premier roman d’un jeune professeur au lycée de Monaco, Armand Lunel. Notre initiative eut un retentissement qui nous surprit… » Georges Charensol, D’une rive à l’autre Mercure de France, 1973, ISBN 2715209983 ________________________________________ [1] « Les dix » est le surnom qui désigne les membres de l’Académie chargé du prix Goncourt depuis un article incendiaire de Jules Vallès (N.d.W) Source : prixrenaudot.org Théophraste RENAUDOT (1586-1653) Notice biographique par Gilles Feyel « Né à Loudun en 1586, Théophraste Renaudot est issu, par sa mère Cécile Fourneau, d’une famille bourgeoise de la ville, comptant des échevins, des chirurgiens et des apothicaires. Son père, Jean Renaudot, sieur de Saint-Jean, “précepteur de la jeunesse”, c’est-à-dire tout à la fois maître d’école et maître de pension, était venu de Luché, un village du Maine, actuel département de la Sarthe (canton du Lude), s’établir dans la petite cité huguenote l’année précédente. […] Renaudot se fit connaître par son projet sur le “règlement des pauvres”, un grand dessein qui avorta, mais qui lui permit de se pousser auprès des puissants de l’époque. Au début du XVIIe siècle, alors que la France, tout juste sortie des malheurs de la guerre civile, reconstruit sa société et son économie, le pouvoir royal et les municipalités des villes doivent affronter le mal endémique de la pauvreté, du vagabondage et de la mendicité. Les “Aumônes générales” qui depuis les années 1530 avaient distribué les secours aux “pauvres assistés” dans les grandes villes, ne peuvent plus faire face devant l’accroissement des besoins. La faillite du système d’assistance et les difficultés de la reconstruction économique poussent les premiers penseurs mercantilistes - par exemple Barthélémy de Laffemas - à militer sans relâche pour la mise au travail de tous les Français, à argumenter sur la valeur morale autant qu’économique du travail, à mener la guerre contre les “oisifs” […] Renaudot a publié deux périodiques, la Gazette, qu’il a rédigée entre le 30 mai 1631 et décembre 1651, et les Conférences du Bureau d’adresse, feuille hebdomadaire parue du 22 août 1633 au 10 juin 1641. […] En ces temps difficiles de la guerre de Trente Ans, Renaudot vivait les dangers d’une double contrainte : servir la politique de propagande de Louis XIII et de Richelieu, mais aussi satisfaire les exigences d’un lectorat bien spécifique. La noblesse d’épée et la Haute Robe donnaient au roi les officiers qui commandaient en ses armées. Anxieuse du sort d’un père, d’un époux ou d’un fils, cette élite sociale attendait de Renaudot les nouvelles les plus rapides et les plus exactes des derniers combats. Dans ce monde régi par les lois exigeantes de l’honneur, le “paraître” comptait tout autant, voire plus que l’“être”… » Lire la notice biographique complète de Théophraste RENAUDOT, établie par Gilles Feyel, professeur à l’Université Paris II, et éminent spécialiste de l’histoire de la presse sur le site de l’édition électronique revue, corrigée et augmentée duDictionnaires des journalistes (1600-1789). On conseillera vivement la lecture de cette notice plutôt que celle de Wikipédiaqui reste assez sommaire et « scolaire ». Source : prixrenaudot.org Social Scandale au Renaudot : ce jour de 2007 où le prix a basculé Le 12 novembre 2007, Christophe Donner, mauvais perdant de la promotion 2007, accuse Franz-Olivier Giesbert, d’avoir manipulé les délibérations du jury. De quoi animer le landerneau parisien de l’édition et des médias… Source : lejdd.fr Social Théophraste Renaudot : l’origine du journal en France vu en 1859 « Dans les premières années du XVIIe siècle était arrivé à Paris un jeune médecin qui n’avait pas tardé à faire beaucoup parler de lui : il s’appelait Théophraste Renaudot. C’était un homme à idées modernes, un de ces vifs esprits pour qui le progrès est un besoin, qui, dans leur impatience, peuvent quelquefois faire fausse route, mais dont la féconde activité tourne toujours, en fin de compte, au profit de la société. De notre temps on l’eût dédaigneusement qualifié d’industriel : ses ennemis le traitaient de charlatan ; mais alors, comme aujourd’hui, l’envie devait être impuissante contre le vrai mérite. Renaudot était né à Loudun en 1584. Après avoir étudié la chirurgie à Paris, il était allé se faire recevoir docteur à Montpellier ; il avait ensuite voyagé pendant plusieurs années. Revenu dans sa ville natale, il y exerça son art avec tant de succès, que sa réputation s’étendit bientôt dans tout le Poitou et dans les provinces environnantes. Mais Renaudot ne tarda pas à trouver ce théâtre trop étroit. Il revint donc à Paris en 1612, et il obtint, dès son arrivée, le titre de médecin du roi. A en croire ses détracteurs, ce n’était là qu’un vain titre, et, pour vivre, il aurait été obligé d’ouvrir une école. Qu’importe, après tout ? Les difficultés qu’il eut à vaincre ne sauraient amoindrir son mérite, et l’envie qui s’attache à ses premiers pas milite déjà en sa faveur. Quoi qu’il en soit, Renaudot eut le grand art de mettre le public dans ses intérêts, et de se faire de puissants protecteurs. Richelieu, qui se connaissait en hommes, le distingua bientôt, et lui donna l’office de commissaire général des pauvres valides et invalides du royaume. Renaudot méritait cette faveur à plus d’un titre. La chimie, qui était encore dans son enfance, commençait à fournir à la médecine quelques curatifs nouveaux, contre lesquels tonnait la Faculté de Paris. Renaudot, qui cherchait le progrès partout, se montra un des plus ardents à exploiter cette mine nouvelle, et, en dépit de la routine, ses remèdes chimiques eurent un succès d’autant plus grand, qu’il les donnait gratuitement aux pauvres, avec ses consultations. En effet, soit par un sentiment d’humanité, soit par calcul, il s’était fait le commissaire officieux, mais qualifié et breveté, des pauvres et des malades, de ceux qui ne voulaient pas entrer dans les hôpitaux, qui préféraient être traités à domicile : il se chargeait de leur procurer gratis médecins et médicaments. Ce n’était pas, du reste, le seul service qu’il rendît aux malheureux. Dans le désir de venir en aide aux travailleurs, il avait établi une maison de prêt, ou mont-de-pieté, où affluaient les gens nécessiteux. Ce fut le premier établissement de ce genre. On y prêtait le tiers de l’estimation des objets, moyennant 3% d’intérêt et un léger droit d’enregistrement. Les dépôts, il est vrai, devenaient la propriété du prêteur s’ils n’étaient pas retirés à l’époque convenue mais on ne dit pas que Renaudot ait abusé ou même usé de cette clause rigoureuse. Que l’on compare ces conditions à celles que font nos monts-de-piété actuels ! Cependant, les bonnes gens ne manquèrent pas de crier à l’usure. Mais Renaudot leur préparait de bien autres sujets de criailleries. On savait à peine, en France, au commencement du XVIIe siècle, ce que pouvait être, je ne dirai pas un journal dans l’acception actuelle de ce mot, mais même un recueil périodique ; on manquait presque absolument de moyens de publicité, ou l’on n’en avait que de très-élémentaires ; il n’y avait guère plus de publicité commerciale que de publicité politique. Ce n’était que par ouï-dire que l’on connaissait les événements, et ce que l’on voulait faire savoir au public, on n’avait d’autre ressource que de le faire crier par les rues. Pour avoir une idée de ce que devaient être alors les relations sociales à ce point de vue, qu’on se figure, si l’on peut, ce qui adviendrait si les journaux et les affiches venaient tout à coup à être supprimés. Ce fut Renaudot qui porta la lumière dans ce chaos… » [ lire la suite ] Eugène Hatin, Histoire politique et littéraire de la presse en France, Poulet-Malassis et de Broise éditeurs, 1859 Source : fr.wikisource.org Théophraste Renaudot (1586-1653) : les idées humanitaires dun homme de communication « Créateur du premier périodique français, la Gazette, en mai 1631, Renaudot est surtout le théoricien et le promoteur d’une vision sociale dont la vocation régulatrice est de concourir au bon fonctionnement de la chose publique. Sujet d’autant plus intéressant qu’il donne à réfléchir sur la dissociation, dans la reconnaissance publique entre l’auteur et son oeuvre : en effet, l’oeuvre de Renaudot a connu une consécration rapide et durable, qui pourrait le faire entrer au Panthéon des grands innovateurs de la vie publique, alors que sa légitimité à les produire a aussitôt fait l’objet de contestations… » Stéphane Haffemayer, Théophraste Renaudot (1586-1653) : les idées humanitaires d’un homme de communication, colloque international Les intellectuels dans la cité. Identités, sociabilités et fonctions intellectuelles de l’Antiquité à nos jours, 15-17 mai 2006, Mont-Saint-Aignan Source : halshs.archives-ouvertes.fr Proclamation des résultats du Renaudot 1959 et du lauréat Albert PALLE pour son livre L’expérience après une délibération du jury dans le…métro parisien ! » Source : ina.fr Théophraste Renaudot, portrait dun médecin philanthrophe « Médecin, philanthrope, homme de presse, inventeur du mont-de-piété et de ce que certains considèrent un peu vite comme l’ancêtre de Pôle emploi : la vie de Théophraste Renaudot, de fait, n’est pas banale… » Source : lesechos.fr Qui contrôle l’esprit des hommes a le pouvoir de gouverner… « “Qui contrôle l’esprit des hommes a le pouvoir de gouverner”, disait Campanella : nul plus que Richelieu n’en est persuadé. Le Catholicon français, publié en 1636, nous apprend que dès son lever, aussitôt après s’être informé des différentes nouvelles apportées par les courriers, il mandait l’un de ses secrétaires “pour dresser les mémoires aux imprimeurs et faire publier au Pont-Neuf les nouvelles en la forme qu’il voulait débiter au public, avec le déguisement requis.” En somme, persuadé — avec raison — que la censure ne pouvait suffire à museler la presse, Richelieu jugeait préférable de la canaliser à son profit ; et, Étienne Thuau a bien montré dans sa thèse à quel point la plupart des théoriciens politiques et des libellistes de son temps ont subi son influence, travaillé pour lui ou écrit sous son inspiration. Comment donc un ministre aussi convaincu de l’importance de l’opinion publique n’aurait-il pas appuyé de toute son autorité l’entreprise de Renaudot ? C’est donc, dès son origine, à l’ombre du pouvoir politique et pour sa défense que se déploie l’activité journalistique de Théophraste Renaudot : la Gazette est dès sa naissance un journal engagé, un organe de presse quasi officiel. Le privilège qu’il obtient du pouvoir royal le 30 mai 1631 a en effet quelque chose d’exorbitant, puisqu’il lui reconnaît le droit exclusif de faire paraître un périodique. Encore si ce privilège protégeait une véritable invention ! Mais quoique Renaudot se flatte dans la Préface de son Recueil des gazettes de l’année 1631 d’avoir été l’initiateur de la presse périodique en France, il n’en est rien : les recherches récentes — notamment celle de Folke Dahl en Suède et de Fanny Petitbon en France — ont établi que deux libraires parisiens, Jean Martin et Louis Vendôme, publiaient depuis le mois de janvier de cette même année 1631 des Nouvelles ordinaires de divers endroits. Naturellement, Martin et Vendôme, qui appartenaient, eux, à la communauté des libraires, cherchèrent à faire prévaloir leur bon droit et attaquèrent le privilège de Renaudot : mais à deux reprises, par ses arrêts du 18 novembre 1631 et du 11 mars 1633, le Conseil du Roi débouta les libraires et confirma le privilège de Renaudot. Comme le souligne à juste titre Roger Chartier dans son article de la monumentaleHistoire de l’édition française consacré aux pamphlets et gazettes du XVIIe siècle, la victoire de Renaudot dans cette affaire est significative d’un nouveau rapport de forces : c’est la victoire d’un homme seul sur l’ensemble d’un corps, le triomphe de liens personnels de fidélité et d’allégeance au pouvoir sur le corporatisme des gens de métier. Plus encore que ces deux arrêts du Conseil, ce qui marque la volonté royale de s’assurer avec la Gazette un organe de presse à sa dévotion, ce sont les lettres patentes données par Louis XIII à Renaudot en février 1635 pour lui assurer à perpétuité le privilège qu’il lui avait accordé quatre ans plus tôt, lettres patentes assorties d’une pension annuelle de huit cents livres. Cette sécurité enviable que Renaudot devait aux plus hauts patronages n’allait pourtant pas sans risques… » Hubert Carrier, L’engagement politique de Théophraste Renaudot Le Livre et l’historien, études offertes en l’honneur du professeur Henri-Jean Martin, réunies par Frédéric Barbier, Annie Parent-Charon, François Dupuigrenet Desroussilles, Claude Jolly, Dominique Varry. Genève : Droz, 1997. - xvii-817 p. ; 22 cm. - (Histoire et civilisation du livre ; 24). ISBN 2-600-00198-0. 576 F Théophraste Renaudot, fondateur du journalisme français « Alors qu’il venait tout juste de lancer la Gazette, Théophraste Renaudot a fondé le journalisme français en énonçant dans les “préfaces” de ses Relations une véritable éthique de vérité, qui lui a permis d’afficher une posture de liberté, une distance vis-à-vis des « puissances », mais aussi de ses lecteurs. Qu’une telle distance ait existé ou non, n’était pas l’important. Il fallait sembler y croire et s’efforcer de le faire croire. De ce début en fanfare, de toutes ces proclamations de vérité et d’impartialité, Renaudot a tiré une autorité, certes contestée, une autorité néanmoins face au pouvoir d’État et à ses “mystères”, face aussi à ses lecteurs, dont les “jugements” et les “censures” participaient à la formation de la “voix publique”, peut-être déjà à une opinion publique… » Gilles Feyel, Renaudot et les lecteurs de la Gazette, les « mystères de l’État » et la « voix publique », au cours des années 1630, Le Temps des médias 1/2004 (n° 2), p. 163-175. Source : cairn.info
Posted on: Mon, 25 Nov 2013 20:54:18 +0000

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