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LE TRANSPORT DES DEPORTES Depuis six décennies, le wagon , le plus souvent à bestiaux, apparaît comme un symbole récurrent de la déportation. Un wagon qui acheminait les déportés lors du « grand voyage » (J. Semprun) vers les camps de l’Est dans des conditions épouvantables (enfermement, entassement, promiscuité, faim et soif, étouffement,…). En vertu de la convention d’armistice du 22 juin 1940, « le gouvernement français » devait veiller « à ce que, sur le territoire occupé, soient disponibles le personnel spécialisé nécessaire et la quantité de matériel roulant de chemins de fer et autres moyens de communication correspondant aux conditions normales du temps de paix » : en clair, le gouvernement français s’engageait à mettre au service des occupants tous les moyens de la SNCF en fonction de leurs exigences, tout en gardant la responsabilité des chemins de fer. La SNCF conservait la propriété de son matériel, ses trains étaient conduits par des cheminots français, mais elle se trouvait placée sous la surveillance de la Direction des Transports de l’Armée allemande (Wehrmacht Verkehrs Direktion) qui soumettait le personnel aux lois de guerre allemandes et imposait la présence de 6500 cheminots allemands dans les gares, les dépôts et les chantiers d’exploitation chargés de s’assurer sur place du bon fonctionnement de l’entreprise. Le SNCF se trouva ainsi impliquée dans le mise en œuvre de la Solution finale. Elle effectua le transport des résistants, des otages, des prisonniers politiques et des droits-communs, et tout naturellement des Juifs , vers les camps de concentration et d’extermination . Des responsables du service technique participèrent d’ailleurs aux réunions préparatoires organisant les convois de déportés. Néanmoins, les agents de la SNCF n’eurent pas leur mot à dire sur les conditions pratiques du transfert des déportés. Si le premier convoi vers Auschwitz (27 mars 1942) se composa de voitures de 3ème classe, dès le suivant (5 juin 1942), l’Occupant imposa le choix de wagons de marchandises, plus « sécurisables », sans doute sur ordre de Dannecker, chef du service des affaires juives de la Gestapo et organisateur de la « Solution finale » en France. Quant aux transports à l’intérieur du pays, notamment de la zone Sud vers Drancy, ils relevèrent cette fois de l’autorité du ministère de l’Intérieur de Vichy et des préfectures régionales, qui prirent en charge l’aménagement des wagons. (D’après Annette WIEVIORKA, « La SNCF, la Shoah et le Juge », L’Histoire, n° 316, janvier 2007, p.89-99)
Posted on: Mon, 22 Jul 2013 17:29:01 +0000

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