LES EXAMENS D’ETAT, UN CIRQUE ? Par Jean-Paul KUKABUSU - TopicsExpress



          

LES EXAMENS D’ETAT, UN CIRQUE ? Par Jean-Paul KUKABUSU (00243814335062) La semaine dernière, à la faveur de la publication des examens d’Etat, Kinshasa a été le théâtre de véritables scènes d’hystérie collective. Les heureux lauréats se sont vu saupoudrer de poudre blanche (usage courant pour fêter un diplômé à Kinshasa) et ont réservé le même sort à leurs proches. Le tout dans une ambiance hystérique où l’on a vu les diplômés, déchirer leurs uniformes, danser dans les rues, ou même fréquenter les bars et débits de boisson jusqu’à une heure tardive. D’autres ignorant le code de la route ou les exigences de la circulation routière, se sont engouffré à plusieurs dans des voitures et ont roulé à vive allure, question de fêter avec faste, parfois même, hélas, en état d’ivresse. Cette « médiatisation » du succès des uns, cache mal les échecs des autres. A ce chiffre, les chiffres pour la ville de Kinshasa sont effarants. La capitale de la RDC n’a réalisé que 52 % de réussites, alors que la moyenne nationale est de 68 personnes. C’est dire que près d’un élève sur deux a échoué. Une certaine opinion parle de 16 morts rien que dans la commune de Ngaliema, soit par les accidents causés par l’expression débordante de la joie, soit celle du désespoir. François MITTERRAND, l’ancien président Français, avait dit un jour « la bonne gestion d’un échec procure parfois à long terme plus de satisfaction que la jouissance inconsidérée d’un succès ». Tout ceci cache une véritable tare dans la société, le culte du diplôme. Si celui-ci représente en gros un document officiel qui atteste une certaine connaissance, l’on a fini dans notre pays par attacher plus d’importance au document qu’à ce qu’il est censé représenter. Dans le même temps, l’on accorde un intérêt démesuré au processus classique d’acquisition des connaissances, en négligeant non seulement la nécessité d’apprendre par soi-même, et des structures d’éducation permanente. Sans parler de celle d’actualiser ses connaissances par la lecture, l’observation et l’échange avec les autres. Dans tout cela, on ne s’interroge même pas pour savoir si le profil actuel du diplômé d’Etat correspond aux exigences de la mondialisation ou même du marché du travail. Ailleurs, on attend d’un tel récipiendaire, au moins trois aptitudes ; la maîtrise de l’outil informatique notamment des nouvelles technologies de l’information et de la communication, la maîtrise d’au moins deux langues étrangères et une culture générale susceptible de fournir au futur étudiant des outils pour s’adonner à la recherche. Peut-on sérieusement affirmer que dans notre pays on tend vers cet état des choses ? Plus tard, le même élève lorsqu’il aura obtenu un diplôme de graduat, se livrera, à quelques nuances près, au cri de « alongi na ye » (il a vaincu), aux mêmes scènes dans les rues de Kinshasa. Il est fort à parier qu’il puisse hélas rejoindre la cohorte non pas des créateurs mais de demandeurs d’emploi. Ce diplômé, sensé être rationnel, sera même prêt, à embrasser des pratiques moralement peu recommandables, notamment, la fréquentation d’on ne sait quel « loge » pour obtenir une occupation plantureusement rémunérée. Ailleurs, notamment en Chine et aux Etats-Unis, sans parler des 4 dragons asiatiques, nombre d’observateurs ont observé que la croissance économique s’explique largement par le rang mondial de leurs universités. Ici au pays, la multiplication du nombre des diplômés dans tous les domaines, ne semble pas résoudre de manière significative les défis auxquels est confronté la RDC. Pourtant, derrière chaque diplômé universitaire, derrière chaque récipiendaire provoquant des cris « alongi na ye », se cache un travail de recherche, un travail de fin d’étude mené en respectant les normes en la matière. En principe, si chaque étudiant, chaque futur diplômé opte, en guise de travail de fin d’études, pour un sujet contribuant à régler de manière scientifique l’un ou l’autre problème de développement qui se pose dans son environnement, le pays s’en porterait mieux. Et à ce sujet, notre société offre une large panoplie des choix, notamment la gestion des déchets urbains, l’organisation rationnelle du transport en commun, le montage des unités locales de production des bus et des pièces de rechange, la mise sur pied d’un schéma de développement conforme aux opportunités (et contraintes) propres à une région…pour ne citer que ceux-ci. Tout ceci suppose bien entendu, une collaboration étroite entre gouvernants, entreprises, administrations publiques et universités, le tout sur fond, d’une vision qui ferait de l’université une organisation où l’étudiant est au centre. Une organisation qui remplirait rationnellement ses trois devoirs avec toute la rigueur nécessaire, l’enseignement, la recherche et le service à la société. De plus, l’université étant un endroit où l’on trouve la plus grande concentration des personnes hautement qualifiées dans des nombreux domaines, cela doit se refléter dans son environnement. Celui-ci, à défaut d’être luxueux, doit être au moins propre et connecté aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Tout en se caractérisant par une organisation rationnelle de ressources. Dans le même temps, les différents comités de gestion doivent, nous semble-t-il, être des exemples vivant de la bonne gouvernance, et ainsi, donner un signal à l’ensemble de la société. Hélas, hélas, hélas, une observation même sommaire de nos différentes universités, surtout publiques, révèle qu’on est véritablement loin de cet état des choses. Il nous faut, non pas une réforme, mais une véritable révolution de fond en comble du monde universitaire congolais, de manière à ce que tout étudiant, tout diplômé soit véritablement, un signe d’espérance non pas seulement pour sa famille, mais aussi pour sa rue, son quartier, sa commune et, pourquoi pas, son pays. Il suffit qu’à tous les niveaux, s’opère d’abord une révolution mentale. Toute révolution, avait dit un jour un certain GORBATCHEV, commence dans les esprits. C’est aussi cela, Monsieur LAMBERT MENDE, l’éducation à la nouvelle citoyenneté, cet assainissement des mœurs, dans les milieux universitaires sensés fournir au pays, l’élite dont il a besoin pour opérer la révolution de la modernité destinée à faire du pays dans les années à venir, une nation véritablement émergente.
Posted on: Fri, 26 Jul 2013 11:47:03 +0000

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