LUTTE CONTRE LES VIOLENCES À L’ÉGARD DES FEMMES Du fléau - TopicsExpress



          

LUTTE CONTRE LES VIOLENCES À L’ÉGARD DES FEMMES Du fléau social au phénomène incompressible Par Dj. Belkadi Le Provincial du 17/11/2013 • Même si elle ne déroge pas au topo habituel, la campagne de cette année permettra à partir des conférences qui seront données, d’ouvrir un large débat avec les populations ciblées, les jeunes surtout, sur la banalisation de ces exactions par le fait de la tolérance sociale. En prévision de la Journée mondiale de lutte contre les violences à l’égard des femmes commémorée chaque 25 novembre, la direction de l’action sociale de la wilaya de Constantine (DAS), a depuis ce vendredi, initié une campagne de sensibilisation qui ciblera outre les centres sous tutelle de la DAS, les élèves des lycées et collèges, ceux des établissements de la formation professionnelle, les résidences universitaires, notamment celles pour filles et le large public. Pour donner un impact certain à cette campagne, qui revêt cette année un caractère important au vu du gonflement des statistiques sur ces violences et de leurs incidences désastreuses sur la société, les cadres de la DAS, en étroite coordination avec des avocats du bureau du bâtonnat régional et des différents services de sécurité (police et gendarmerie), ont constitué des équipes composées de médecins, de psychologues, de sociologues et de juristes pour mener à bien cette mission. Même si elle ne déroge pas au topo habituel, la campagne de cette année permettra à partir des conférences qui seront données, d’ouvrir un large débat avec les populations ciblées, les jeunes surtout, sur la banalisation de ces exactions par le fait de la « tolérance sociale » et de tabous qui, non seulement perpétuent ces violences, mais élargissent insidieusement leur territoire, faisant de ce fléau social un phénomène incompressible. En effet, les statistiques des différents services de sécurité, ceux des services de médecine légale des CHU, ceux encore livrés annuellement par l’institut national de la santé et les associations impliquées dans la lutte, indiquent une explosion incommensurable de ces violences. Les chiffres communiqués par les services de la police judiciaire indiquent une hausse de pas moins de 426% des actes de violences à l’égard des femmes rien que durant les huit premiers mois de 2012 par rapport à ceux de la même période de 2011. Pour sa part le rapport 2012 de la gendarmerie nationale a fait état de plus de 6 000 femmes victimes de violences tous genres confondus. Selon ce rapport, ces violences ne se cantonnent plus aux grandes villes, à l’instar d’Alger (450 cas) et d’Oran (420 cas), mais touchent aussi les villes réputées conservatrices comme Constantine (300 cas), Ghardaïa et Aïn Defla. Le lieu du dernier pouvoir masculin C’est dire, au-delà de l’ampleur que prend ce terrible fléau, que l’explication du phénomène par les conditions sociales ne semble plus satisfaire. La sociologue et membre du réseau Wassila-Avife, Mme Fatma Oussedik, soutiendra judicieusement pour stigmatiser ce qu’elle désigne comme étant le lieu du dernier pouvoir masculin : « l’explication par les conditions sociales ne nous satisfait pas totalement car, bien que les victimes de Hassi Messaoud aient été coupables d’être femmes et pauvres, nous savons que d’autres victimes existent, nous les recevons et elles appartiennent à tous les milieux. De quoi peut-il s’agir ? Dans un contexte où l’accès aux droits est mesuré à chaque Algérienne et chaque Algérien, droit de se réunir, droit de manifester, droit au logement, droit à un emploi et enfin application des lois, les femmes sont données en pâture, livrées à un ordre patriarcal qui constitue le lieu du dernier pouvoir masculin, lorsque les hommes ont tout perdu et d’abord l’estime de soi ! Cette société est violente, secouée par des conflits au sein des lieux les plus intimes, alors que tous et toutes sont en quête de Hnana (affection) et de Qima (estime). » Ce constat alarmant s’accentue plus quand l’on mesure le retard dans la mise en œuvre des mesures et des réformes tant souhaitées sur le plan juridique, légal et constitutionnel, ce qui n’est pas sans accroître et prolonger les violences à l’égard de cette frange. Cette situation désastreuse culmine encore, quand l’on relève une incertitude politique permanente, un manque de visibilité et l’absence d’un projet de société clair, définissant le consensus fondamental sur lequel iront se construire les valeurs nouvelles de la société, qui libéreront l’individu des règles archaïques qui l’emprisonnent et étouffent ses aspirations à la modernité. Le chômage endémique, l’absence d’un horizon revalorisant pour des milliers de jeunes, mais encore, l’impunité, la corruption et la distribution inégale des ressources du pays, accentuent de manière sournoise les violences à l’égard des femmes. L’échec, cependant, se révèle plus prononcé encore par le fait de l’existence d’un mouvement de normalisation de l’immoralité, mouvement né à l’ombre d’une justice aux ordres et les incidences négatives de l’image qu’elle renvoie, autant chez l’individu que dans l’opinion publique et l’imaginaire collectif. Une perte de crédibilité pour la justice qui ouvre la porte au règne de l’impunité, l’absence d’un maillage associatif de la société et la relation conflictuelle entre société civile et État, sont les segments qui participent à l’éclatement des règles de fonctionnement de la société. C’est dire alors que la lutte contre les violences à l’égard des femmes se confond dans la lutte pour les droits de la femme et c’est aussi un combat pour les libertés démocratiques. Note de lauteur de larticle: Tel que paru sur Le Provincial du 17/11/2013, larticle a été mal présenté et complètement chamboulé dans sa présentation, ci-joint la véritable copie adressé au journal.
Posted on: Sun, 17 Nov 2013 20:25:37 +0000

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