La Bohémienne La lune s’oubliait ainsi - TopicsExpress



          

La Bohémienne La lune s’oubliait ainsi qu’une bohémienne Penchée sur les mains frêles d’une âme angoissée, Sa bouche secrète et sombre retenait son haleine, Son long regard humide disait son anxiété. La terre en mère aimante prêtait sa blanche oreille Aux doux balbutiements d’un destin nouveau-né, Les étoiles riaient insouciantes et très belles Et le ciel taquin leur tendait ses filets. Mais la nuit qui régnait en vigile indomptable Poussa soudain un cri d’angoisse et de terreur, Car de loin accourait telle une pâle comète Traversant l’univers à l’allure d’un dément Une fusée qui fonçait dans un bruit de tempête Déchaînant sans mesure les foudres du firmament. Les étoiles sombrèrent dans une noire inconscience Et l’air se mua en sanglots éperdus Mais la lune attendit sans haine ni violence, Ses voiles admirables battant ses cheveux nus. Car la lune s’oubliait ainsi qu’une bohémienne Qu’une sauvage enfant des filles de gitans, Son corps tendait déjà ses jupes arachnéennes, Et ses yeux contemplaient l’immense vaisseau d’argent. Lorsqu’à se pieds surgirent des hommes en acier blanc, Une flamme jaillit de son œil aigue-marine, Une voix s’éleva de son jeune cœur ardent : « Il est venu ce temps, ce temps mille fois maudit Où des êtres insensés vanteront ma conquête ! J’en appelle à témoin les astres et les planètes, J’en appelle à témoin mes chantres les poètes Qu’un pareil sacrilège récoltera ses fruits. Il ne vous suffit point de lâcher vos cerbères, La haine, la rancune ,l’audace et la colère , De les laisser courir en maîtres sur la terre Pour venir ici narguer ma pureté ! Non je ne vous laisserai pas porter comme des joyaux L’aigue-marine de mes yeux, les diamants de mon corps ! Les trésors magnifiques et les purs émaux Que vous cherchez en moi avec la rage de l’or, Je les cacherai bien vite à vos regards faux. Et demain quand vous reviendrez sur la terre nourricière Quand les ombres surgiront de leurs sombres repaires Quand tout sera silence et que tout sera nuit, Je viendrai souriante et sereine, le cœur rempli d’ardeur, Mes voiles arachnéens battant mes cheveux nus, Et je prendrai les mains de la terre, ma sœur Et dans les lignes pâles je lirai l’imprévu : Ton sort ô fille du monde est sombre comme un mystère, La mort fauche tes fils, l’envie consume leur cœur , Ils sont comme des enfants qui n‘essuient point leurs pleurs Comme des enfants avides qui veulent jouer à Dieu. Prends garde à eux, Ma Sœur, ils sont ton plus grand bien, Enseigne- leur l’Amour, ce soleil déchirant, Ce poème qui naît chaque jour dans un enfantement Et plus tard, quand ils auront baissé les mains Et souffert le remords de n’être point divins Alors envoie-les moi et comme une seconde mère J’ouvrirai mes bras tendres à leur sourire radieux. L’aigue-marine de mes yeux, les diamants de mon corps, Mes trésors magnifiques et mes purs émaux, Je les allumerai au candélabre d’or De mon cœur enivré par leur jeune renouveau. Mélika Golcem Ben Redjeb Poème extrait du recueil « Alchimie »
Posted on: Sun, 06 Oct 2013 05:35:20 +0000

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