La Chancellerie congolaise des Ordres nationaux de la République - TopicsExpress



          

La Chancellerie congolaise des Ordres nationaux de la République du Congo envisage de décorer le chanteur Tabu Ley Rochereau pour l’ensemble de sa carrière et de son œuvre d’ une distinction honorifique en Arts, Sciences et Lettres. En marge de l’ouverture de l’édition 2013 du Fespam, une délégation Rd.congolaise s’est rendue à Brazzaville avec à sa tête le ministre Baudouin Banza Mukalay en charge des Sports de la Jeunesse, de la culture et des Arts, accompagné de quelques artistes comme Verckys Kiamwangana Mateta, président de l’Union des Musiciens Congolais (Umuco), Lutumba Simaro et autres Félix Wazekwa. En toile de fond de ce déplacement, la décoration annoncée à titre honorifique, par la République du Congo, du chanteur Tabu Ley Rochereau pour l’ensemble de sa carrière et de son œuvre. Dans son mot de circonstance, le Chancelier congolais des Ordres nationaux a ainsi annoncé une distinction honorifique en Arts, Sciences et Lettres en faveur de Tabu Ley absent à la cérémonie pour raison de santé. L’occasion de faire ici une évocation de quelques lignes de l’immense carrière de Rochereau, de sa personnalité, de quelques confidences qu’il nous a faites avant la maladie qui l’accable depuis prés de six ans jusqu’à ce jour. Le plus grand chanteur des deux Congo... Au crépuscule de sa carrière musicale suspendue, d’abord, par la vie politique, ensuite arrêtée net par la maladie, Tabu Ley Rochereau apparaît comme le plus grand chanteur sur les deux pays riverains du fleuve Congo et aussi un des tout grands d’Afrique. Ici, on rappellera qu’au Festival Varadero à Cuba en 2007, Rochereau a été consacré musicien africain du Cinquantenaire passé. Devant les Manu Dibango, Myriam Makeba, Youssou N’dour et toutes les autres sommités connues de l’art d’Orphée sur le continent noir. Le plus grand chanteur congolais de tous les temps ? A coup sûr. Certes, on évoquera le nom de son maître, Joseph Kabasele Tshamala, le Grand Kallé Jeef, celui-là même qui l’avait porte sur les fonts baptismaux avec son célèbre African Jazz en 1959. Seulement si le père de la musique congolaise moderne a connu une carrière plutôt en dents de scie et relativement brève, Pascal Tabu Ley à l’avantage d’avoir une œuvre plus abondante et variée, une carrière plus longue et rectiligne mais, surtout d’avoir suscité le plus de vocations dans les rangs des chanteurs tant sur les deux rives du fleuve Congo qu’ailleurs en Afrique. Une, œuvre d’une richesse qui révèle les diverses facettes de l’homme. Si l’homme, né Sinamoy Pascal, à une personnalité plutôt controversée, le chanteur, lui, a tout pour être un modèle pour la société, à la lumière de ses chansons, un échantillon. Comme mari et père, Ley révèle un attachement et une affection pour sa famille digne d’admiration. On le voit notamment dans « Adios Théthé, loba na bana ngai na keyi mosala na kozonga » et dans « Théthé nakozonga », dans lequel il célèbre une naissance dans sa famille et dit « nazalaka ata nakei, nakumbaka se nzoto; motema natika » lors de mes voyages, je n’emporte que mon corps, mon cœur reste auprès de vous). Restons-en là. Dans les deux titrés ci-dessous cités, Rochereau affiche également, comme dans plusieurs, autres chansons, son attachement à son pays. « Je voyage en quête de l’honneur du Congo, y explique-t-il. Son patriotisme, Pascal Tabu Ley l‘exalte dans le fameux titre « Congo avenir ». Et que dire de son « Congo lelo » contenu dans l’album «Tempelo » ? Face aux incessantes turbulences que connaît le pays mais, surtout en ce moment de déplorable cacophonie autour des concertations convoquées par une Ordonnance du Chef de l’Etat, « Congo, lelo » est d’une pertinente et saisissante actualité et interpellation. « Si vraiment nous aimons ce pays, tous les Congolais devons nous entendre, nous lever pour relever le Congo. Levons-nous, brisons le carcan de la division ! », chante le patriote Ley. - A la jeunesse, le seigneur Rochereau a aussi montré la voie: « Les jeunes s’embarrassent de métier à embrasser, qu’ils se consacrent à la terre, un travail noble nous laissé par nos ancêtres », exhorte Pascal Tabu dans « Kiwele wele ». Epicurien dans le même titre, Ley ne manque pas de montrer aux chefs de familles leur devoir de subvenir aux besoins des leurs, de leur rappeler que la dignité d’un homme réside dans le travail. Tout ceci n’est juste qu’un tout petit échantillon de facettes de philosophe, moraliste et peintre de la société qu’est Pascal Tabu Ley Rochereau. Passons donc. L’Olympia de Paris, la plus flamboyante réussite Un grand honneur pour le pays, dont le chanteur a été le tout premier artiste d’Afrique noir à se produire décembre 1970 sur la prestigieuse scène de l’Olympia de Paris. Le passage de Rochereau dans ce music hall a suscité une certaine polémique au pays. D’aucuns ont évoque un échec, d’autres, un flamboyant succès. Mais, qui ignore que ce pays est la terre par excellence de la polémique, voire de toutes les excentricités ? Il reste que l’événement de chez Bruno « Coquatrix a été un tournant des plus décisifs dans la carrière de « idole d’ébène » qui a par là connu une consécration internationale. Tabu Ley devenu, dès lors, porte- étendard avéré de la musique congolaise à travers le monde, avait, à l‘occasion, par ailleurs symbolisé une révolution dans la prestation des orchestres congolais. Lui-même - il est vrai- inspiré en cela par le passage de l’Américain James Brown à Kinshasa, Rochereau a introduit le spectacle. On était désormais loin des chanteurs figés devant leur micro qu’ont été à l’époque lui-même Pascal Tabu, les Vicky Longomba, Mulamba Mujos, Kwamy Munsi... On découvrait en outre les célèbres Rocherettes et danseurs Kinsekwa... Et Tabu Ley se tissait les lauriers de « maître du spectacle » au pays. Ce mérite, la République le lui a officiellement reconnu en lui confiant la direction de l’Onaza (Orchestre National du Zaïre) appelé à participer au Festac 77, le Festival des Arts Nègres à Lagos, au Nigeria. Nyoka Longo et Likinga, pour ne citer que ces deux- là, furent de cette sélection. Luambo Makiadi Franco avec son TP OK Jazz participa au même événement mais, dans le volet soirées de gala. Le pardon de Mbilia Bel Un monument plus durable que l’airain, dira-t-on de Mbilia Bel en tant que créature - artistiquement s’entend - de Rochereau. Une chanteuse qui a fait ses débuts auprès de la « Tigresse » Abeti Masikini avant d’être choriste brièvement aux côtés du chanteur Sam Mangwana puis, d’être consacrée « Cléopâtre de la musique africaine » sous l’encadrement du maître, le Seigneur Tabu Ley. La rupture en 1987 entre les deux artistes par ailleurs conjoints eut lieu dans la douleur, Rochereau en a été groggy, comme il a eu à nous l’avouer personnellement. Et pour dire vrai, le chanteur ne s’en est jamais révélé. Mbilia Bel de son côté eut un tel ressentiment envers son ex encadreur qu’elle s’offrit même de l’humilier publiquement à une édition passée du Fespam à Brazzaville. Mbilia Bel montée sur scène (à une autre occasion) demanda solennellement pardon au public ému par l’incident du Fespam. Elle expliqua qu’elle devait à Rochereau la Mbilia Bel qu’elle est à ce jour, une marque qui constitue à ce jour son gagne- pain. Ministre provincial de la Culture Flash back. Après sa séparation d’avec Mbilia Bel, le Seigneur Ley poursuivit sa carrière sans grand bonheur avec les chanteuses Faya Tess et Beyou Ciel. S’ensuivit un long exil en Europe. De retour au pays au lendemain de la chute du régime Mobutu Sese Seko, Tabu Ley s’engagea dans la vie politique. Vice-Gouverneur de la ville de Kinshasa, il devint par la suite Ministre provincial de la Culture et des Arts, poste qu’il quitta en 2010 pour cause de maladie. Des projets contrariés Alors ministre de la Culture et des Arts de la ville de Kinshasa, Tabu Ley eut à visiter le marché d’œuvres d’art ancien qu’était situé à la Gare Centrale, à la Gombe. Il y exposa aux artistes et aux marchands sa vision d’un nouveau marché que l’on pourrait aujourd’hui inscrire dans la « Révolution de la modernité », concept du Président de la République non encore tancé à l’époque. Après cette visite, Rochereau gagna dans l’après-midi son immeuble en chantier sur le site Sebene au croisement des avenues Kasa-Vubu et Dima dans la commune de Kinshasa. Nous y rejoignîmes. Il était la au 2ème niveau, réuni avec un de ses Conseillers, Dieudonné Michel Malanda, journaliste bien connu et auteur à l’époque, de la célébrissime rubrique « Tam-Tam » au percutent Journal » Salongo Selection ». Ils taillaient bavette autour d’une boîte de corned beef de marque Exeter et de la chikwangue. Nous nous joignîmes à eux. Autour de nous, dans les locaux voisins, des ouvriers s’affairaient à leurs tâches. Ley nous expliquait son projet. Déjà initiateur et propriétaire d’une école de musique à sa résidence sur la 10éme rue à Limete, il était en train de construire sur la place Sebene un grand centre culturel à vocation continentale. Le centre devait abriter des salles de cours, de réunions, de conférence, de cinéma, des bibliothèques... Un investissement de l’ordre de plusieurs millions de dollars américains. Très coûteux Ley entendait tisser patiemment sa toile. Une église pour le Bon DIEU Ancien des écoles catholiques comme Sainte Anne à l’ex Kalina (Gombe) et Ecomoraph, l’ex Ecole Moyenne Saint Raphael à Limete, Tabu Ley Rochereau, est-il profondément chrétien ? Des gens ont eu à broder autour. Dans une de ses chansons, il répondait en disant qu’il refusait de suivre ceux qui lui recommandaient de voir un magicien. « Pour avoir mon fétiche, j’implore Dieu ». Tranchait Rochereau... » Au cours de notre entretien dans son chantier de Sebene, il nous révéla un autre projet qui lui tenait à cœur : construire un édifice et le dédier à Dieu par le biais d’une église à déterminer. Cet acte m’a été inspiré par un richissime homme des Etats-Unis, qui pose pendant mon long séjour américain », nous, a expliqué Pascal Tabu Ley. Au prochain rendez-vous que nous prîmes, le chanteur ne se signala pas. Un proche nous invoqua une méchante malaria. En réalité, un accident vasculaire cardiaque avait entre-temps frappé Roche, dont il n’est pas encore sorti jusqu’à ce jour et qui le maintient en longue convalescence en Europe. Que de projets contrariés.
Posted on: Tue, 23 Jul 2013 15:44:36 +0000

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