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La Femme - Mère : Terre nourricière du genre humain La filiation utérine chez les Berbères de l’Afrique du Nord qui se reflète dans la désignation des enfants d’une même famille a été très tôt observée par Marcy (187-211). D’après cet auteur, la famille maternelle n’aurait pas été détruite par la fa mille paternelle d’origine plus récente puisque les vestiges de la parenté maternelle se retrouvent dans les rites après la naissance d’un enfant (p. 208) qui sont entièrement pratiqués par la mère et les femmes de son clan sans l’intervention des hommes. Les rites de lutration à la lune et autres pratiques magiques ne sont réalisés encore de nos jours que par les femmes. ”...; la filiation maternelle se retrouve dans la manière de désigner les enfants : ainsi les frères sont les enfants de mère, atmaten comme 1e sont les soeurs, tissetmatin ; Ego désigne ses frères par ”les fils de ma mère”, aytma et ses soeurs par ”les filles de ma mère”, issetma.” (Plantade, S.46) La parenté utérine dans la désignation des enfants se retrouve dans les termes pour désigner les membres du ”clan de la mère” mais aussi dans les relations privilégiées à l’intérieur de ce clan. Quand une femme rencontre des difficultés, se sont d’abord ses frères puis ses oncles - les fils et les frères de sa mère - et non pas son père ou le mari de sa mère - qui lui viennent en aide. La relation naturelle mère/enfant est tellement intégrée dans le système social que le plus grand fléau qui puisse arriver à un Kabyle est, dit-on, de perdre sa mère : ”A qui j’ai enlevé son père, je n’ai pas fait de tort. A qui j’ai enlevé sa mère, je n’ai rien laissé.” Au sujet de l’organisation de la parenté, il faut bien remarquer qu’il n’est nullement incestueux de se marier chez les Kabyles dans 1e groupe de parenté auquel on appartient. L’alliance la plus encouragée et la plus fréquente demeure le mariage entre cousins directs. L’endogamie familiale et villageoise occupait autrefois une place prépondérante dans le régime matrimonial car elle représente le meilleur moyen de conserver les enfants et leur descendance dans le sein d’un même groupe de parenté. Ce genre d’alliance présente un avantage, celui de l’appartenance à la terre commune qui évite le morcellement des terres en renforçant l’unité du groupe originel. Un autre qui n’est pas moindre est le fait que les futurs époux se connaissent dès leur naissance pour avoir grandi ensemble. Cependant si deux enfants d’un même ventre ne peuvent pas se marier, cela est aussi valable pour ceux qui ont tété le même sein. Le lien de collation, en effet, est un signe aussi fort que celui du sang. Mohand Khellil se cite en témoin d’un mariage fort critiqué sous des apparences d’ordre financier. Il dénonçait, en réalité, le caractère incestueux de l’alliance de deux personnes qui avaient été élevées au- tour d’un même foyer ”comme s’ils étaient alors censés avoir tété le même sein” (1984, p.89). Rappelons qu’en Kabylie, donner le sein et seulement son geste symbolique est un véritable rite d’adoption qui entraîne les mêmes interdits de mariage. C’est donc la femme qui dans ce geste maternel permet d’introduire un enfant dans le groupe familial. ”On sait en effet que la femme peut aussi donner l’anaya, mais encore, elle seule, être le fondement de la famille, non seulement par les liens naturels mais par la colactation créant entre l’adopté et celle qui l’a allaité, même symboliquement, des liens aussi puissants que ceux du sang.” ( Laoust- Chantréaux, p. 255).
Posted on: Sat, 07 Sep 2013 09:25:10 +0000

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