La Lettre de lIMSEPP n° 17a - 18 octobre 2013 Analyse - TopicsExpress



          

La Lettre de lIMSEPP n° 17a - 18 octobre 2013 Analyse conjoncturelle du 3ème trimestre 2013 : La reprise de l’investissement se fait attendre Des signes d’amélioration du climat des affaires sont apparus en Martinique comme en France depuis la fin du premier trimestre de cette année. Il ne s’agit toutefois pas d’ores et déjà de la reprise espérée. Les indicateurs « quantitatifs » d’activité n’ont pas embrayé jusqu’à présent sur ces signes d’amélioration. A l’inverse, tant les indices de production (BTP, industrie) que ceux du chiffre d’affaires dans les activités de services ont déçu récemment. Si la modération de l’inflation a pu soutenir en début d’année le pouvoir d’achat du revenu des ménages, la progression attendue des impôts versés par les ménages pourrait à nouveau venir freiner celui-ci. Quelques signes d’amélioration de la situation financière des entreprises sont également apparus. Ils restent encore bien trop fragiles pour se traduire par un basculement à la hausse des anticipations d’investissement et d’emplois formulées par ces dernières. Un grand écart entre indicateurs quantitatifs et qualitatifs Les indicateurs conjoncturels sont à fronts renversés par rapport à leur position observée l’année dernière à la même période : les indicateurs « qualitatifs » de climat des affaires s’orientent à la hausse quand les indicateurs d’activité déçoivent. De fait, ainsi que nous l’anticipions l’an dernier à la même période, le niveau d’activité économique a reculé pendant deux trimestres consécutivement avant de connaître un rebond, aussi bienvenu que peut-être circonstanciel, au cours du deuxième trimestre 2013 (voir évolution de l’emploi salarié – Lettre de l’IMSEPP n° 15 de septembre 2013). Ce rebond paraît avoir déjà laissé la place à une nouvelle contraction qui devrait peser sur l’évolution du PIB durant le troisième trimestre. Les indicateurs quantitatifs pointent ainsi pour la plupart vers une activité atone, voire en léger recul. Leur orientation tranche avec le redressement à partir de niveaux bas de la plupart des indices du climat des affaires. Un tel décalage entre des appréciations du climat des affaires à la hausse et des données d’activité décevantes n’est pas exceptionnel. Il s’observe en France et dans plusieurs pays européens. Par le passé, l’évolution des appréciations qualitatives a eu tendance à précéder celle des données d’activité. C’est l’hypothèse d’une répétition de cette configuration qui a notamment conduit l’Insee, dans sa dernière note de conjoncture nationale, à retenir une franche accélération de l’activité de l’économie française en fin d’exercice 2013 (+0,4 %, non annualisé attendu par l’Insee au quatrième trimestre 2013 par rapport au troisième trimestre). Notons à cet égard, que les services de l’INSEE aux Antilles-Guyane n’ont toujours pas livré la valeur du PIB et des principaux agrégats économique martiniquais pour l’année 2012 et restent muets sur nos évolutions conjoncturelles. Si nous retenons également qu’une progression du PIB local pourrait intervenir en fin d’année, elle tiendrait pour partie à des phénomènes d’anticipation d’achats de biens, phénomène habituels à l’approche des fêtes de fin d’année mais qui appellera, selon toute vraissemblance, une contrepartie négative au début du prochain exercice. Plus fondamentalement, il est probablement encore trop tôt pour conclure quant à une prochaine accélération franche de l’activité et ce pour au moins deux raisons : Tout d’abord, les indices du climat des affaires n’ont fait au mieux que rejoindre leurs niveaux moyens de longue période, une observation qui suggère que seule une croissance tendancielle serait atteinte. Ensuite, au regard de l’évolution observée de leurs revenus, les conditions d’une accélération de la dépense des entreprises comme des ménages ne paraissent pas réunies. Amélioration du climat des affaires… Les signes d’une orientation plus positive de l’activité sont incontestablement à rechercher du côté des indicateurs qualitatifs du climat des affaires. Ils s’observent dans la plupart des secteurs, celui de la construction restant en retrait même si les opinions sur l’évolution prévue de l’activité dans le BTP se sont sensiblement améliorées en fin de trimestre. C’est dans le secteur du commerce de détail que l’amélioration a été la plus spectaculaire avec des intentions de commande qui ont retrouvé leur moyenne de longue période, une hausse en ligne avec celle observée en France et dans l’ensemble de la zone euro. Dans l’industrie, le solde des opinions sur les perspectives personnelles de production sont restées plus modérées quant à l’amélioration des perspectives générales. Les chefs d’entreprises ne sont pas rassurés sur les choix définitifs qui seront arrêtés par le parlement français en matière de défiscalisation des investissements productifs outremer, ni sur le sort réservé par la commission européennes aux différentiels de taux d’octroi de mer censés protéger la production locale de la concurrence extérieure. Dans les activités de service, les soldes d’opinion dépassent désormais largement leur moyenne de long terme. A ce stade, trois observations doivent être effectuées : Tout d’abord, et ainsi que nous l’avons déjà relevé, les indicateurs synthétiques du climat des affaires, qu’il s’agisse des enquêtes de l’iedom ou d’autres organismes, n’ont fait dans la plupart des cas que se rapprocher de leur moyenne de long terme. Ils leur restent même très souvent en-deçà. Le tempo de l’activité paraît ainsi modéré. Ensuite, cette amélioration n’est pas propre à la Martinique, elle concerne la plupart des économies domiennes et européennes. Elle est même peut-être un peu plus faible en Martinique qu’ailleurs. Enfin, cette amélioration du climat des affaires ne se traduit pas par des intentions d’investissement ou d’emploi plus soutenues. Si la tendance prévue des effectifs dans les activités de services tend à se redresser, ce n’est pas le cas dans le secteur industriel. Cette atonie de l’investissement est bien illustrée par la stabilité à un niveau bas du solde des opinions des commerçants de biens d’équipement quant à leurs intentions de commandes. Cette frilosité persistante des anticipations tient peut-être à une consistance encore trop fine des signes d’amélioration de l’activité. … sans relais, jusqu’à présent dans les données d’activité En l’absence de comptes nationaux officiels (les dernières données provisoires publiées par l’INSEE pour la Martinique datent de 2011…), nous devrons nous contenter de nos propres estimations trimestrielles d’évolution du PIB. Il en ressort que la majeure partie des indicateurs quantitatifs parus et estimés ont été plutôt orientés à la baisse, à l’exception de l’emploi salarié. L’indice moyen estimé de la production industrielle des mois de juin, juillet et août 2013 en Martinique se contracte par rapport à l’indice estimé moyen des trois mois précédents. L’indice moyen estimé de la production du secteur du BTP reste encore inférieur à celui observé l’année dernière à la même période, lequel était déjà mauvais. Une petite amélioration de l’activité est notable dans le secteur des travaux publics grâce à l’accélération des opérations liées à la réalisation du TCSP. Au-delà des secteurs industriels et de la construction, les indices de chiffres d’affaires des secteurs de services marchands pointent pour leur part vers une orientation baissière. C’est le cas du chiffre d’affaires dans l’hôtellerie-restauration (basse saison) ou dans les services aux particuliers (vacances d’été). Les indices de chiffres d’affaires dans les transports, d’une part, dans les services aux entreprises, d’autre part, piétinent également. Ils s’inscrivent en juillet à un niveau comparable à celui qui était le leur début 2013. Cette mise en parallèle d’indicateurs médiocres d’activité tient à ce que l’ensemble des postes de la demande pâtissent d’un manque de ressort. Tassement des exportations Les échanges extérieurs n’ont pas réussi à confirmer les signes timides d’amélioration aperçus au premier trimestre. Les exportations ont renoué avec la baisse et restent très largement inférieures aux importations. Une consommation des ménages sans orientation claire Exprimée en volume, la demande des ménages progresse très faiblement au troisième trimestre. Sur le champ des seuls produits manufacturés, la progression ressort à moins de 1% l’an. L’investissement des ménages connaît un recul marqué. A noter toutefois que de nouveaux crédits à l’habitat ont mis un terme à leur reflux et retrouvé une trajectoire très modérée à la hausse. La reprise de l’investissement industriel est retardée Les indications en provenance de l’investissement des entreprises sont à peine plus favorables. Ainsi que nous l’avons déjà noté, les opinions des industriels sur l’évolution de l’investissement restent déprimées et n’ont marqué aucun signe d’amélioration. Les anticipations d’investissement formulées par les chefs d’entreprise des secteurs de services s’étaient, à l’inverse, quelque peu redressées au premier trimestre. Cette amélioration ne s’est pas poursuivie durant le troisième trimestre, sans rechute pour autant. Au-delà de ces appréciations qualitatives, les signaux d’évolution de l’investissement restent plutôt contrastés. Les observations sur la dynamique du marché restent plus largement assez décevantes. Les intentions de commandes des commerçants de gros interrogés en septembre sont également stationnaires, en lien avec le niveau insuffisant de la demande, l’incitation technique à l’investissement restant particulièrement faible. En conséquence, l’investissement n’apparaît aucunement comme un facteur de soutien de la demande de crédit en provenance des entreprises. De même, les nouveaux crédits aux entreprises poursuivent leur recul, signe d’anticipations qui peinent à se réorienter à la hausse. En outre, les créations d’entreprise connaissent depuis quelques mois un certain tassement. Les raisons de l’affaiblissement des deux principaux postes de la demande interne sont connues : la hausse du nombre de demandeurs d’emploi et une pression fiscale accrue se sont combinés pour aboutir à une évolution très lente du pouvoir d’achat du revenu des ménages. Celle-ci n’a été soutenue que par la modération des prix et par la progression des prestations sociales réelles. la faiblesse de la demande interne et l’absence de demande externe, un environnement économique dégradé, un environnement fiscal fluctuant et difficilement prévisible ont pu jouer, pour leur part, dans le sens d’une modération des anticipations d’investissement. Pourtant, quelques signes timides d’amélioration de la situation financière des entreprises apparaissent. Ces signes s’avèrent fragiles. Accroissement de l’emploi, mais ralentissement des salaires nominaux Le réel accroissement des effectifs salariés marchands au second trimestre contraste avec le contexte de progression du nombre de demandeurs d’emploi lequel ne crée pas un climat propice aux accélérations de salaire. De fait, l’indice du salaire mensuel de base a vu sa progression passer en-dessous de 2 % sur un an au deuxième trimestre. Il en va de même pour l’indice du salaire horaire de base des ouvriers. Pourtant la masse salariale comme le salaire moyen par tête, estimés par l’Acoss, a rebondi au deuxième trimestre. Ce mouvement renvoie sans doute, pour l’essentiel, à des raisons circonstancielles. L’Acoss se retranche, en effet, derrière une hypothèse d’accélération des primes versées aux salariés avant les vacances, y compris des primes de licenciement, pour expliquer la progression de la masse salariale intervenue au deuxième trimestre. De fait, même si la progression des indices de salaire a ralenti, elle reste supérieure à celle des gains de productivité par tête dans les sociétés non financières (+1,4 % sur un an). En revanche, du fait de la faible progression de l’emploi salarié, la part des rémunérations dans la valeur ajoutée des sociétés non financières aurait reculé depuis quelques trimestres depuis leur point haut inscrit à proximité de 68 % de la valeur ajoutée mesurée aux prix du marché. Les prix à la consommation ont sensiblement ralenti Parallèlement à la modération des indices de salaire, l’inflation mesurée au niveau des prix à la consommation a sensiblement ralenti. Mesuré en glissement sur un an, l’indice d’ensemble des prix à la consommation progresse peu sur un an en septembre. Exprimés en termes réels, les indices de salaire ont ainsi eu tendance à accélérer quelque peu au cours des deux derniers trimestres. Le risque inflationniste est ainsi très faible. Seule la hausse programmée de la TVA pourrait occasionner une petite accélération des prix à la consommation TTC en début d’année prochaine. Cet impact de la hausse de la TVA sur les prix peut être estimé dans une fourchette allant de 0,3 à 0,5 point d’inflation selon que la baisse de la TVA à taux réduit sera ou non mise en œuvre. En conséquence, un nouveau fléchissement de la progression des prix paraît peu probable. Progression temporaire du pouvoir d’achat du revenu des ménages au premier semestre 2013 Le ralentissement de l’inflation au cours de la première partie de l’année a contribué à soutenir le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages. Celui-ci progresse peu en glissement sur un an au deuxième trimestre. En conséquence, la progression des dépenses de consommation finale des ménages s’est opérée sans réduction de grande ampleur de l’effort d’épargne des ménages. Deux observations doivent cependant être effectuées : Par convention, les hausses de prélèvement sur les ménages sont comptabilisées par les comptables nationaux au cours du second semestre. Les hausses d’impôt sur le revenu ne sont ainsi pas encore intégrées dans les estimations des comptes nationaux. Rappelons qu’en 2013, sur le plan national, les prélèvements additionnels sur les ménages sont d’un montant de 13,7 milliards d’euros, soit environ un point de leur revenu disponible brut. Cette hausse sera de 11,3 milliards en 2014 sur la base des propositions incluses dans le PLF et le PLFSS (voir dossier associé sur la trajectoire des finances publiques). Signalons également que le taux d’imposition apparent du revenu des ménages avant impôt (et hors EBE des ménages) a déjà progressé d’un peu moins de deux points depuis le début 2011 par suite du tournant fiscal amorcé avec les premières mesures du gouvernement Fillon adoptées à l’automne 2011. Il devrait prolonger sa trajectoire haussière. La progression du revenu disponible brut des ménages doit peu à l’évolution des revenus d’activité et beaucoup à la hausse des revenus de transferts. Au cours du premier semestre, la somme des revenus salariaux nets, de l’EBE et du revenu mixte des ménages et des entrepreneurs individuels et des revenus de la propriété a expliqué un peu plus d’un tiers de la hausse des revenus des ménages alors que leur masse représente les deux tiers de l’ensemble des revenus. En comparaison, la moitié de la hausse des revenus est expliquée par l’accélération des prestations sociales reçues par les ménages alors que celles-ci ne représentent qu’un peu plus du quart de l’ensemble des revenus des ménages. Cette observation est vérifiée à la fois sur l’ensemble de l’année 2012 et sur le premier semestre 2013. Au total, la progression du revenu des ménages paraît peu affermie, insuffisante en tout état de cause pour soutenir une hausse durable de leurs dépenses, qu’il s’agisse de dépenses de consommation ou d’investissement. En revanche, la demande de crédit des ménages est perçue en accroissement par les établissements de crédit. Cette observation ne s’applique toutefois pas au crédit à la consommation qui reste sur une trajectoire baissière. Quelques timides signes d’amélioration des comptes des sociétés non financières L’appréciation de l’évolution infra-annuelle de la situation des entreprises apparaît toujours délicate à effectuer sur la base des seules indications tirées d’estimations trimestrielles. Fruits de projections statistiques et d’analyses économétriques, celles-ci sont souvent sujettes à des révisions de grande ampleur qui invitent à prendre avec beaucoup prudence les analyses qui peuvent en être tirées. La période récente suggère toutefois qu’après une dégradation marquée qui s’est prolongée jusque fin 2012, quelques signes d’amélioration de la situation des entreprises sont apparus. Le montant de l’excédent brut d’exploitation des sociétés non financières est en hausse sur un an au deuxième trimestre. Leur taux de marge a regagné quelques dixièmes de point depuis son point bas touché fin 2012. Le taux d’autofinancement de leurs investissements s’est raffermi depuis la fin 2011. Les besoins de financement des sociétés non financières restent stables à hauteur d’environ six points de leur valeur ajoutée Dans l’immédiat, deux évolutions marquantes sont à relever. Tout d’abord, le taux de prélèvement sur les salaires (cotisations sociales + impôts liés à la main d’œuvre / rémunérations salariales) est orienté à la hausse. Il a gagné près de deux points en l’espace de quatre ans, effaçant ainsi environ 40 % de la baisse de ce taux apparent qui était intervenue depuis l’adoption des premiers dispositifs de baisse des charges sociales en 1993. Ensuite, le rapport des impôts directs aux profits avant impôt a eu tendance à se redresser au cours des derniers mois. Rappelons que le montant des prélèvements additionnels sur les entreprises (y compris les réductions d’impôt comme le CICE) peut être estimé sur la période 2012-2014 à 11 milliards d’euros pour l’ensemble de la France, soit l’équivalent de 4 % des profits bruts de l’ensemble des sociétés. En 2014, du fait notamment de l’introduction du CICE, les prélèvements sur les ventes reculeraient ex-ante de 10,4 milliards d’euros. La friabilité des estimations infra-annuelles des comptes des sociétés non financières invite à confronter ces trajectoires à l’évolution de l’appréciation que formulent les chefs d’entreprise de la situation financière de leurs entreprises. Là aussi, un point bas paraît avoir été dépassé, en particulier en ce qui concerne l’appréciation de la situation de trésorerie des entreprises de services qui s’est un peu redressée depuis un point très bas mais sans confirmer son orientation à la hausse depuis deux mois. L’appréciation par les chefs d’entreprise du secteur du bâtiment de la situation financière de leurs entreprises reste très médiocre. Il en va de même en ce qui concerne la situation de trésorerie des entreprises industrielles. Sur un autre plan, le nombre d’entreprises sollicitant un délai pour le règlement de leurs cotisations Ursaaf n’a cessé de progresser en Martinique, alors qu’il a reflué depuis quelques mois en France. Cette situation financière des sociétés, qui reste encore peu affermie, ne constitue pas un socle pour un redémarrage de l’investissement productif. Comme, par ailleurs, la réduction de l’endettement des sociétés non financières est restée de très faible ampleur, c’est l’ensemble des indicateurs du financement de l’investissement qui restent inscrits sur une trajectoire sans relief. Au total, si un basculement à la hausse des indices de climat des affaires s’est bien opéré, ce qui peut conduire à un optimisme un peu plus affirmé pour l’activité d’ici la fin de l’année, cette amélioration ne s’est pas traduite jusqu’à présent par un basculement à la hausse des anticipations d’investissement et de créations d’emplois. L’activité ne pourra s’afficher en réelle reprise qu’à partir du moment où de telles anticipations positives se feront jour. Nous n’y sommes pas encore. Sources et documentation : IMSEPP / PARA Georges COE-REXECODE / FERRAND Denis Georges PARA 18 octobre 2013 © imsepp
Posted on: Tue, 22 Oct 2013 22:46:53 +0000

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