La Martinique, je me souviens la Martinique. Mon arrivée à 6 - TopicsExpress



          

La Martinique, je me souviens la Martinique. Mon arrivée à 6 ans. L’appartement. Les pièces dans les moindres détails, surtout ma chambre; le lit, la moustiquaire, le bureau, l’armoire à côté, la fenêtre un peu plus loin et la tête de poupée à coiffer. La chambre de mes parents qui collait au séjour et qui n’avait pas de porte, juste des rideaux. Le balcon sombre, les arbres y cachant la vue extérieure. La cuisine, lieu de refuge préféré des cafards immondes. Les escaliers en pierre avec ses rambardes blanches qui donnaient sur le bâtiment, dans lequel nous vivions. La voisine du rez-de-chaussée une fois commode, d’autres jours non; lunatique à souhait et ses 2 petits chiens. Tous les coins de verdures, tout autour des bâtisses. La hantise de tomber dans le ravin, à cause des épines et pourtant si souvent avoir le malheur de revenir avec des échardes, coincées ici et là. Les voisins de mon âge, les heures à passer les après-midi avec. Faire du vélo, encore du vélo, toujours du vélo. S’amuser à contourner les voitures en essayant de ne pas les rayer, jusqu’au jour où bam, la bêtise est faîte. Mon père très en colère, maman qui ferme la porte derrière moi, mon père qui me bat; les pleurs, les cris "Maman, maman!" mais elle ne vient pas… La trace sur ma joue, pendant des jours... Le taureau du près voisin, nous pourchassant, nous fonçant tête devant; "plus jamais, plus jamais, je n’y retournerais!!!", me suis-je juré. Les fleurs au pistil sucré, à picorer comme des bonbons jusqu’à en avoir un affreux mal de ventre, l’écœurement en prime. La maman crabe qui nous avions brisé avec un bâton, le liquide blanc qui en ressort et tous ses minuscules bébés qui s’en extirpent comme d’une fourmilière qu’on aurait saccagé; sadisme et cruauté enfantine. Etre dé punie et pouvoir refaire du vélo. La pente immense, dans mes yeux d’enfants à descendre à toute allure, dès que j’en ai eu l’occasion, la peur au ventre mais l’adrénaline et le bonheur que ça procure, toujours, un peu plus, à chaque fois; "plus vite, plus vite, sans les freins, sans les mains cette fois!". Prêter mon vélo à un ami alors qu’on me l’avait interdit, faire une rayure sur une voiture, dire à mes parents que c’est moi qui l’ai faîte pour ne pas que mon ami prenne, papa encore furieux, il me le fait savoir en me frappant. Résultat; encore des bleus. La mer, la douce et belle mer, chaude, azurée. Les heures à ne pas la quitter, le week-end pressée de la retrouver. Chaque semaine, un nouveau rôle où je me glisse dans la peau d’un poisson, d’une sirène ou d’un dauphin. La mer, mon élément; un poisson dans l’eau, comme disaient les autres. Aujourd’hui, je la fuirais presque… Le poulet délicieux et les chips, que l’on y mangeait chaque week-end, lorsqu’on s’y rendait. Mes parents en compagnie de leur couple d’amis et moi, en compagnie de leur fille Mélissa et de ma petite sœur. Mélissa, ma jolie Mélissa, 5 ans de plus que moi, grande, fine, les cheveux mi- longs formés comme un carré, les cheveux foncés et ondulés. Mélissa et les dessins aux pyrograveurs. Mélissa et notre divergence sur l’orthographe du mot "Mathématiques". Mélissa et nos étreintes, nos caresses, nos baisés. Mon lit; lieu favori, dans lequel nous jouions au papa et à la maman. Le ballon frappé trop fort, qu’elle m’envoie accidentellement un jour sur la figure; les pleurs plus qu’exagérés que je lance comme pour la punir, pour la rendre honteuse, la mettre mal à l’aise. L’école; tellement grande, pour moi si seule, sans réel ami(e)s. Les récrés remplient de solitude, accrochée aux grillages à regarder les autres jouer, avec pour espoir qu’on me conviera à leur jeux mais non, rien ne vient ou les occasions se font trop rares alors je m’évade dans mon imaginaire, comme je le peux. Ma maîtresse de CP, ma maitresse adorée, je la crains et pourtant je la respecte tant. Sa droiture et sa sévérité; mes doigts frappaient par sa règle en bois s’en souviennent encore. Mais sa gentillesse et ses sucreries antillaises ont primés sur le reste. Aymeric, le garçon qui me plaisait tant, en ce temps. Et bien des choses encore… Tout ça est si loin et pourtant… La Martinique, oui je me souviens, la Martinique...
Posted on: Sun, 04 Aug 2013 00:56:33 +0000

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