La chancelière sortante a été plébiscitée par lélectorat - TopicsExpress



          

La chancelière sortante a été plébiscitée par lélectorat allemand, mais lopinion outre-Rhin est désormais prête à un changement de cap de la politique européenne, que lalliance probable avec le SPD pourrait également favoriser. Une version courte de cette tribune a été publiée dans le quotidien Libération Advertisement Les Allemands ont élu leur nouveau parlement et, comme il était prévisible, Angela Merkel et son parti sont arrivés largement en tête. Ils devraient conclure prochainement un accord avec le SPD pour former une « grande coalition ». Mais du côté français, il faut sortir dès maintenant de l’attentisme qui avait prévalu avant ces élections. La crise de la zone euro est en effet loin d’être terminée et il y a toujours urgence à infléchir notablement une politique européenne de l’Allemagne qui a depuis trois ans constamment prolongé et aggravé la crise. Malgré la victoire d’Angela Merkel cette bataille n’est pas perdue d’avance. Une chancelière plus sociale que Schröder La chancelière sortante l’a donc emporté haut la main. Ce n’est pas vraiment surprenant car elle apparait volontiers plus sociale que des sociaux-démocrates qui n’arrivent toujours pas à rompre avec l’héritage de Gerhard Schröder et de ses « réformes » devenues un véritable sparadrap du capitaine Haddock pour la gauche allemande. En ayant engagé la sortie du nucléaire, la chancelière a également privé les Verts allemands de leur combat le plus identitaire, même si cela lui vaut par ailleurs de nombreuses critiques dans son propre camp. Tandis qu’elle incarne aussi une société enfin en marche vers l’égalité homme-femme. Privant là encore la gauche allemande d’une de ses raisons d’être. Les Allemands doutent de plus en plus de la politique européenne d’Angela Merkel Les Allemands ont-ils aussi plébiscité son intransigeance dans la crise de la zone euro ? Sans doute mais ceux qui perçoivent les limites de sa politique européenne sont aussi de plus en plus nombreux. Ils vont bien au-delà désormais des grands noms comme le philosophe Jürgen Habermas, le sociologue Ulrich Beck ou encore l’ancien chancelier Helmut Schmid et l’ancien ministre des affaires étrangères Joschka Fischer qui tirent la sonnette d’alarme depuis de longs mois déjà. L’institut Gallup vient de réaliser sur tout le vieux continent un sondage intéressant. A la question « la politique de l’austérité obtient-elle des résultats en Europe ? », seuls 39 % des Européens répondent « oui » contre 51 % de « non ». Mais les Allemands ne font absolument pas exception : ils ne sont que 42 % à penser que l’austérité fonctionne contre 53 % qui n’y croient pas. Quant à la chancelière elle-même, son intransigeance des dernières années résultait pour une part non négligeable de sa profonde méconnaissance de l’Europe de l’ouest et du sud, liée à sa biographie d’ex-Allemande de l’Est entrée à l’âge de 35 ans seulement dans l’Union européenne. On peut espérer que son apprentissage européen est désormais achevé, même si celui-ci nous a coûté très cher. Enfin la nouvelle majorité gouvernementale devrait elle aussi favoriser une inflexion de la politique européenne de l’Allemagne dans la mesure où ses très probables partenaires sociaux-démocrates font incontestablement preuve d’un engagement européen plus sérieux que ses ex-alliés libéraux devenus sur le tard eurosceptiques. L’Allemagne doit accroître sa demande intérieure Le moment est donc plus favorable qu’il n’y paraît de prime abord pour faire bouger la politique allemande. Mais sur quels sujets faut-il porter en priorité l’accent ? Tout d’abord les Allemands eux-mêmes semblent (enfin) prêts à se desserrer la ceinture. Or accroître significativement la demande intérieure allemande est à coup sûr la contribution la plus utile que notre voisin pourrait apporter à la résolution de la crise de la zone euro. Les temps semblent (enfin) mûrs pour un salaire minimum en Allemagne afin de limiter les dérives qui ont résulté des réformes Schröder. Nos voisins semblent prêts également à accroître leurs dépenses publiques pour disposer (enfin) eux aussi de crèches et de structures d’accueil pour les enfants scolarisés. Ils sont (enfin) décidés à moderniser les infrastructures qu’ils ont laissé se dégrader depuis une quinzaine d’années faute d’investissement public. Alors que les excédents extérieurs allemands vont frôler les 200 milliards d’euros cette année, il ne faut pas hésiter à « mettre la pression » sur nos voisins pour leur rappeler leur responsabilité en la matière. Assez perdu de temps sur l’Union bancaire Il faut ensuite parachever rapidement l’Union bancaire dont le principe est acquis depuis juin 2013 mais que le gouvernement allemand a constamment freinée ces derniers mois. S’agissant d’un projet susceptible à terme d’engager des montants importants, cette attitude était certes compréhensible en période préélectorale, même si elle n’était pas glorieuse puisque l’Union bancaire est la réforme la plus fondamentale engagée jusqu’ici pour assurer la stabilité et la pérennité de la zone euro car elle permet de dissocier les difficultés du système financier de celles des Etats. Il faut que le nouveau gouvernement allemand adopte d’urgence une attitude plus constructive sur ce dossier. D’autant que le système bancaire allemand n’a pas particulièrement brillé par la qualité de sa gestion dans la crise. Une initiative franco-allemande sur l’harmonisation fiscale Il faut aussi avancer très rapidement en matière d’harmonisation fiscale, un dossier sur lequel Angela Merkel n’avait montré jusqu’ici qu’une volonté politique très limités bien qu’elle ait donné la priorité absolue au rétablissement des comptes publics. Il faut dire que la hausse des impôts sur les revenus des plus aisés n’était pas la tasse de thé de ses ex-alliés libéraux. Au contraire, son gouvernement avait même activement saboté les timides efforts engagés en la matière en Europe en signant un accord avec la Suisse qui préservait son secret bancaire. Il faut désormais une action franco-allemande déterminée pour ramener les paradis fiscaux internes à l’Union à la raison et réviser rapidement la directive sur la fiscalité de l’épargne afin de boucher les trous béants ouverts à la fraude par la version existante. Il faut ensuite s’entendre avec le nouveau gouvernement allemand pour mettre en place – au moins dans la zone euro – le vieux projet d’assiette commune consolidée pour l’impôt sur les bénéfices des entreprises afin d’empêcher l’optimisation fiscale des multinationales. Les couches populaires ne peuvent pas continuer à être les seules à payer le prix du rétablissement des comptes publics. Un parlement de la zone euro pour sortir de la stupide logique de règles Au-delà, la faible légitimité démocratique des institutions européennes empêche les Allemands d’accepter de sortir d’une logique de règles et de sanctions pour aller vers une certaine solidarité budgétaire et un véritable pilotage en commun de la politique économique au sein de la zone euro. Or les réformes engagées depuis 2009 n’ont fait qu’aggraver les choses en mettant en place une gestion opaque et purement intergouvernementale des nouvelles institutions de la zone euro, et notamment du Mécanisme européen de stabilité (MES). Si on veut desserrer l’étau des règles budgétaires stupides qui bloquent l’économie de la zone euro, il faut donc d’urgence démocratiser sa gestion. Un objectif auquel ne répond pas le discours traditionnel des dirigeants français sur le « gouvernement économique » de la zone euro : ce n’est pas tant d’un gouvernement que d’un parlement dont elle a besoin dans l’immédiat. Il faut faire cette proposition dès maintenant au nouveau gouvernement allemand. Bref, même avec Angela Merkel, on peut infléchir la politique européenne de l’Allemagne mais pour y parvenir effectivement, il ne faut pas perdre de temps. Guillaume Duval
Posted on: Wed, 23 Oct 2013 01:37:28 +0000

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