La déstabilisation de Mouloud Hamrouche La "guéguerre" - TopicsExpress



          

La déstabilisation de Mouloud Hamrouche La "guéguerre" DGPS-DCSA ou comment le général Betchine a été piégé Dès novembre 1987, la SM, "reconvertie" en DGPS (Délégation à la Prévention et à la Sécurité) sous le commandement du général Mejdoub Lakhal Ayat subissait une nouvelle restructuration, donnant naissance à deux entités fonctionnellement autonomes et clairement distinctes: la DGPS, qui dépendait de la présidence que dirigeait toujours le général Lakhal Ayat, et la DCSA (Direction centrale de la sécurité de l’armée), confiée au général Mohamed Betchine. La DGPS avait pour mission de s’occuper du contre espionnage, de la sécurité intérieure et de la prévention économique, qui n’est autre qu’une gestion de la sécurité préventive adaptée au secteur économique pour contrer les détournements, la corruption, et les malversations, mais aussi pour assurer le suivi des marchés publics et celui des sociétés étrangères implantées en Algérie. En un mot, tout ce qui relevait du domaine civil faisait partie des attributions de la DGPS. La DCSA s’occupait spécifiquement et exclusivement des affaires militaires. Lakhal Ayat et Mohamed Betchine, bien que n’étant pas issus de la SM et sans compétence intrinsèque en matière de renseignement, avaient tous deux une réputation de bons militaires et enregistré un parcours presque similaire (commandement d’une brigade, commandement d’une région militaire…) mais chacun avait son caractère propre. Le général Lakhal Ayat, issu d’une famille aisée de Ain Regada près de Oued Zenati, était très respecté ; bon vivant et d’une modération qui frisait parfois le laxisme, il avait délégué une bonne partie de ses pouvoirs à ses subordonnés à qui il accordait une confiance aveugle et qui en ont profité pour lui jouer bien des tours. Le général Lakhal Ayat est l’un des rares officiers supérieurs de l’ANP qui acceptait volontairement de servir de bouc émissaire et de "payer" pour les autres, jouant le rôle de "fusible" pour ses compagnons du cabinet noir. Ceci étant dit, son intégrité morale n’est pas à mettre en doute. À l’inverse, le général Betchine, plus méfiant et dont la force de caractère est incontestable, est connu à Constantine, sa ville d’origine, comme un fervent supporter du CSC (Club sportif de Constantine), le club de football dont il est le président d’honneur. Ancien boxeur, nationaliste convaincu, homme de décision, son autorité ne souffrait aucune discussion, il avait toutefois un handicap de taille pour un responsable dans sa position : une double faiblesse pour le "business" et les "femmes". De novembre 1987 à octobre 1988, la SM est en stand by. Les généraux Lakhal Ayat et Betchine ont passé une année à se "chamailler" sur le partage et la répartition du personnel et des moyens. Les éléments des deux services ne trouvaient rien de mieux que de se surveiller mutuellement, rappelant les "guéguerres" des années 1970. Le Président Chadli, conseillé par son chef de cabinet le général Larbi Belkheir, envisageait une sorte d’ouverture économique (il n’a jamais été question d’ouverture politique mais seulement de plus de liberté à l’intérieur du FLN) plus ou moins grande en fonction des enjeux et voulait se débarrasser des officiers de la SM qui s’opposait à cette politique ; d’où la décision de cette "restructuration" qui visait en réalité á mettre à l’écart toute une génération d’officiers de l’ALN et notamment les partisans farouches du parti unique et de l’idéologie socialiste. Cette restructuration qui s’imposait en vertu des changements opérés dans l’armée (mise en place des forces armées et de l’Etat Major) fut l’occasion inespérée pour le général Larbi Belkheir, directeur de cabinet à la Présidence de la République, de réaliser la liquidation des services, (il faut préciser que la SM est considérée comme un corps au sein de l’ANP, et ce, au même titre que la marine, l’aviation, les blindés, l’artillerie ou la santé, sans toutefois posséder son propre insigne distinctif), ou du moins l’affaiblir en vue des "échéances" à venir et de placer en son sein des hommes de confiance membres de son clan, fidèles à sa politique et qui exécuteront à la lettre et sans aucune objection ses directives. A ce titre je pourrai citer le cas de dizaines d’officiers, notamment les directeurs régionaux de la SM, les commandants Hadj Amar, Maarouf, Abdelali, Mahmoud, ou encore (et seulement ceux que j’ai personnellement connus au niveau de la 5eme Région Militaire, car la même démarche prévalait dans les autres régions) les capitaines Boukelab Mohamed de Constantine, Amirèche Ali de Sétif, Khène de Collo, Belgacem Menassel de Batna, Abbaoui de Sétif, et les chefs de BSS (Bureau de sécurité du secteur; il y en avait un au niveau de chaque wilaya) comme les lieutenants Sahraoui Abdallah de Annaba, Belgacem Dernouni de Tébessa, Seddik de Khenchela, Amor de Skikda,…etc. Empêtrée dans de faux problèmes, et victime d’une hémorragie sans précédent qui a vu le départ en retraite de nombreux cadres compétents, la SM n’a pas été en mesure d’appréhender les événements d’octobre 1988 dont l’une des conséquences fut le limogeage du général Lakhal Ayat. Pour rappel ; le 5 octobre 1988 fut le signal du déclenchement d’une révolte populaire organisée par des cercles occultes du pouvoir essentiellement Larbi Belkheir, pour fragiliser le FLN parti unique depuis l’indépendance de l’Algérie en juillet 1962 et amorcer une ouverture politique. Les émeutes qui avaient débuté pour dénoncer les pénuries ; provoquées sciemment pour obliger les gens à sortir dans la rue ; ont été détournées par le "cabinet noir" et transformées en émeutes revendiquant la "démocratie". Chadli Bendjedid fragilisé par le scandale de l’affaire "Mouhouche" où son propre fils Toufik est impliqué, et lorgnant un troisième mandat, ne pouvait que se conformer aux idées de son conseiller Larbi Belkheir. Du coup, plusieurs personnalités politiques et militaires "gênantes" ont fait les frais de ces "évènements spontanés". Cette technique qui a permis en 1988 de déstabiliser et d’éjecter le chef du gouvernement Abdelhamid Brahimi sera également usitée en juin 1991 pour écarter le réformateur Mouloud Hamrouche. La tactique du général Larbi Belkheir, l’éminence grise du président Chadli fut payante. Le général Betchine, qui à vidé la DGPS de ses meilleurs moyens au profit de la DCSA, se retrouve nommé à la tête de la structure "civile" dénommée DGDS (Délégation générale à la documentation et à la sécurité) qu’il venait malencontreusement de dépecer. Le général Toufik qui était responsable de la coordination des services de sécurité à la présidence se voit désigner à la tête de la DCSA, direction puissamment dotée en moyens matériels. Il venait tout simplement d’hériter "sur un plateau d’argent" d’une direction que le général Betchine a eu du mal mettre en place, usant souvent de coups de gueule, ce qui lui a valu de nombreuses inimitiés. Le contexte politique de l’époque exigeait un homme fort à la tête de la SM, qui soit à la fois fidèle et proche du clan décideur. Le général Mohamed Betchine n’était pas l’homme qu’il fallait mais les circonstances difficiles du moment l’ont imposé, tout comme ce fut le cas pour Kasdi Merbah en octobre 1988 lorsqu’il a fallu diriger le gouvernement après le bain de sang qui a réprimé la contestation populaire et faire face à la résistance des apparatchiks du FLN. Le pays venait de connaître une nouvelle "révolution" au lendemain des événements d’octobre 1988. De son vrai nom Khalef Abdallah Merbah est un ancien responsable de la SM sous Boumediene, écarté en janvier 1982 de l’armée après un bref passage en tant que vice-ministre de la défense chargé des industries militaires. Il occupa les portefeuilles de ministre de l’industrie lourde de 1982 à 1984 dans le gouvernement de Mohamed Ben Ahmed Abdelghani puis celui de l’agriculture et de la pêche de 1984 à 1986 dans le gouvernement de Abdelhamid Brahimi et fonda en 1989 le MAJD. Mouloud Hamrouche avait la redoutable tâche d’engager son gouvernement sur deux fronts: mettre en œuvre les réformes économiques et reconstruire les institutions pour les adapter aux nouvelles exigences démocratiques. DGPS ou DGDS, cela n’a en rien affecté les missions et les attributions de la SM, d’ailleurs à l’intérieur même de la "boite" absolument rien n’a changé: Les mêmes hommes, les mêmes fonctions et pratiquement le même organigramme. De toute manière l’on a continué à parler de la "SM" en évoquant les services de sécurité. Le terme DGDS étant uniquement utilisé dans les entêtes de rapports ou lors des demandes de permission et de congé. Après les événements d’octobre 1988, on l’a vu, les "décideurs" avaient compris que le régime ne pouvait être maintenu que par une ouverture politique "sous contrôle". Tablant sur la devise "diviser pour régner", un plan simple avait été élaboré: celui de partager non pas le pouvoir, mais sa façade politique, avec le courant islamiste, le courant nationaliste (le FLN) et le courant dit "démocratique" (représenté par le FFS, les communistes et les berbéristes du RCD). Leur calculs se fondaient sur 30 % à chacun, avec une marge de manœuvre de 10 % qui pourrait éventuellement revenir aux tenants du libéralisme, aux écologistes, aux indépendants, aux technocrates… Peu importe, l’essentiel était que leur base populaire reste limitée et qu’il n’ait aucune chance réelle de s’imposer seuls sur la scène politique. L’objectif poursuivi inavoué était qu’aucune majorité absolue ne se dégage: le jeu d’alliances nécessaires pour la gouvernance permettrait aux "marionnettistes" de continuer à diriger grâce aux pions placés ça et là au sein des formations politiques.
Posted on: Wed, 05 Jun 2013 06:58:31 +0000

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