La « famille » Parti pris de Ferron était assez « homogène » quant à certaines questions fondamentales dont l’importance de faire l’indépendance du Québec. Toutefois, des débats ont eu lieu. Des années plus tard, dans Rebonds critiques (no 1 Questions de littérature), Michel Van Schendel (1929-2005) interpelle son collègue Ferron sur l’interprétation à donner des événements de 1837-1838 : … les indépendantistes ont méconnu les caractères sociaux spécifiques d’un mouvement qui, en 1837, n’était pas, ne pouvait être nationaliste dans le sens moderne du mot. Mais une continuation, celles des traditions religieuses locales parmi les plus lourdes, les plus inconscientes ou opaques, génératrices de l’oubli qui efface la réalité et l’histoire des luttes anciennes. Je désigne, ce disant, moins un respect littéral de ces traditions, - bien des indépendantistes étaient ou sont des agnostiques distraits, - qu’un fidéisme unanimiste qui en est le résidu coriace. Curieusement, le polémiste Jacques Ferron lui-même, peu soupçonnable d’une crédulité catéchistique, a commis l’hypostase, - ou l’hyperbole, c’est selon, - est soigneusement modérée d’un transfert au détail des événements relatés. Le récit (publié dans Les lettres aux journaux, VLB éditeur) est caustique; sa généreuse brièveté contient de multiples informations jusqu’alors peu communiquées. C’est sa qualité. Mais il demeure largement biographique. À la limite, il tient d’une biopsie, pas d’une sociographie, Cette économie est aussi son défaut : la narration des faits et gestes de quelques acteurs de 1837-1838 ne contredit pas la mode, la fluidité passagère d’une commémoration; l’étroit de l’histoire anecdotique racontée ne dément pas les ferveurs fidéistes, leur apporte au contraire l’appui solidaire d’une demi-vérité. …» Rebonds critiques 1 – Questions de littérature, Éditions de L’Hexagone, coll. Essais littéraires, décembre 1992.
Posted on: Wed, 25 Sep 2013 00:24:30 +0000
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