La petite fille aux chaussettes en papier journal…. J’avais - TopicsExpress



          

La petite fille aux chaussettes en papier journal…. J’avais 8 ans, cet hiver là ! Un mercredi classique, ou j’accompagne mon père aux vignes, pour travailler sur les pieds, nettoyage, et vérification de la bonne santé du cep. Brrrrrrr ! Il fait frisquet, ce matin ! L’eau des rares flaques d’eau, ici en champagne, à flan de coteau, est gelée. Je m’amuse à faire de la fumée en respirant fort. Je fais comme les vendangeurs, en été, quand ils sortent une cigarette, à la fin du repas pris en commun, en fin de journée, dans les éclats de rire et les chansons qui ponctuent ce moment de convivialité, de fraternité et de camaraderie. Papa d’un coté, moi de l’autre, chacun son rang, on avance pied par pied. La matinée se passe dans le sérieux, de temps à autre, mon père vient me voir pour rectifier avec tendresse un geste ou une position. Je ne sens plus mes pieds dans mes bottes en plastique. J’ai l’impression d’avoir des bâtons à la place des jambes. Je serre les dents, je dois tenir jusqu’à midi, pour le repas, ou je pourrais enfin retirer ces bottes pour poser mes pieds nus à coté du feu. Le froid me pique les yeux, et me fais sortir des larmes. Pourtant je ne veux pas pleurer, on a eu plus froid, ici ! Je pense, de rage, à ma sœur, restée au chaud, protégée par ma mère des travaux et de la difficulté de l’exploitation viticole champenoise. Si je pouvais lui mettre une peignée bien méritée. Cette pensée m’aide à tenir, les dents serrées. A un moment je sens une main sur mon épaule d’enfant de 8 ans. Je me retourne, mon père se tient derrière moi, et me regarde de la tète au pied, avec un sourire que j’adore. Assied toi, Mumu ! J’obéis, et prenant un fagot de bois sec pour m’isoler les fesses, je m’assois devant mon père. Papa, avec ses grandes mains biens abimées, mais pleine de tendresse à mon égard, me retire mes bottes. Il ouvre sa veste, en sort un journal, pour chiffonner quelques feuilles.il regroupe du bois sec qu’il avait coupé sur les pieds, et allume un feu entre 2 rangs, là ou il m’a fait asseoir. Je regarde fascinée ces flammes timides qui essayent de combattre le froid. Papa rapproche mes pieds de la chaleur, dans ses mains calleuse, je sens la chaleur m’envahir des pieds, des larmes de bien être sortent toute seules. Mon père prend mes bottes pour les retourner au dessus du feu, pour en réchauffer l’intérieur, puis une feuille de journal, qu’il entoure autour de mon petit pied droit. Il enfourne ensuite mon pied dans la botte réchauffée. Il fait de même avec mon pied gauche. Lève-toi, Mumu ! On va terminer nos rangs. Comme je l’aime mon papa…
Posted on: Sun, 17 Nov 2013 10:23:20 +0000

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