La solitude du philosophe « La solitude du philosophe découle - TopicsExpress



          

La solitude du philosophe « La solitude du philosophe découle de son choix, celui de la raison. Par là même, il se trouve séparé du tout-venant des humains, lesquels sont motivés et guidés par les valeurs ou les impératifs ». Ecrit le magazine littéraire dans son dossier consacré à la solitude. Dans ce dossier le magazine passe en revue les différentes visions d’hommes d’art et de lettres oscillant entre détresse et sérénité, mal de vivre et plénitude. La solitude chez Sophocle Il est déjà dur d’exposer sa vie. Il l’est plus encore de l’exposer sans être compris ni aidé de personne. Or, les héros de Sophocle doivent mener un double combat: ils ont des adversaires, qui représentent l’autorité, que ce soit le roi dans la cité ou bien les chefs qui commandent les armées grecques à Troie, mais ils ont également à se défendre contre les instances de leurs proches. Leur goût de l’absolu, qui les rend différents, les isole. Aussi perdent-ils de proche en proche leurs espoirs, leurs amis. Ajax finit par se tuer sur une scène vide. Antigone meurt emmurée loin de tous. Électre se voit privée de son dernier espoir. Le héros sophocléen va vers la mort de plus en plus isolé des autres. On dirait qu’il a contre lui non seulement ses ennemis, mais aussi ses amis, et même les dieux. La solitude chez Kierkegaard C’est avec Kierkegaard que le problème de la communication a pris une place aussi grande dans la philosophie. Un hégélien dira sans doute que, dans La Phénoménologie de l’esprit, on va des étapes que constituent la lutte à mort puis le rapport du maître à l’esclave à la reconnaissance de l’autre. Mais la solitude où s’est trouvé Kierkegaard, la difficulté qu’il a éprouvée dans ses relations avec son père, avec sa fiancée, font qu’il ne pouvait pas considérer comme répondant à sa situation le cheminement historique, le cheminement de la raison tel qu’il est conçu par Hegel. La solitude de Kierkegaard peut être comblée par la grâce. Cette grâce n’est cependant jamais certaine, et, d’après lui, nous sommes toujours dans un état de demi--communication. La solitude chez Daniel Drouin Rousseau Victime de l’incompréhension et de la persécution, Rousseau se mit à rédiger ses Confessions, à la fois pour justifier sa conduite et pour éclairer le monde sur sa personnalité. La «lapidation» de Môtiers, puis l’expulsion de l’île de Saint--Pierre interrompirent une première fois ce travail qui fut repris à Wootton, en Angleterre, où Rousseau s’était réfugié. Toutefois la solitude, la méconnaissance de la langue et les dispositions psychiques de Rousseau lui-même (certains incidents aggravant un délire de persécution déjà latent) persuadèrent l’auteur qu’il était la proie d’un immense complot, ourdi non seulement par les encyclopédistes et les théologiens, mais encore par les ministres et même par les simples citoyens pour étouffer sa voix, la voix de la vérité. Pris de panique, il quitta subitement l’Angleterre, en déclarant qu’il s’engageait à ne plus rien publier de son vivant «sur quelque sujet que ce puisse être» et qu’il renonçait même à écrire ses mémoires. Désormais Rousseau va vivre dans la société de la nature, se passionnant pour la botanique et s’enchantant au souvenir des moments heureux de sa jeunesse que ses promenades lui rappellent. Il collectionnera des plantes, formera des herbiers et rédigera pour une de ses amies des «lettres sur la botanique». La nature n’a rien perdu, à ses yeux, de sa vertu apaisante, elle détourne l’homme de ses angoisses et de ses obsessions, elle est source de rêverie et même d’extase, car elle témoigne de l’art avec lequel Dieu a construit le monde. La solitude chez Chateaubriand Par son ascendance paternelle, qui remonte au XIe siècle sur les confins de la Bretagne et de l’Anjou, François-René de Chateaubriand vint au monde breton, royaliste, et épris d’indépendance. Ce cadet de famille, destiné tour à tour aux ordres, à la marine, suivit des études irrégulières; de ses jeunes années il retint surtout les impressions reçues au château de Combourg, acheté par son père en 1761 et où celui-ci se retira en 1777. L’adolescent y vécut notamment, après l’interruption de sa scolarité, de l’été de 1783 à l’été de 1786, et s’y créa dans la solitude une amoureuse imaginaire, sa «Sylphide», fantasme ô combien fondateur de son esthétique et de sa psychologie. Géographiquement, sentimentalement, il est et restera cet «enfant de la Bretagne» qu’il évoque encore, vieillard, dans sa Vie de Rancé. La solitude chez camus L’apprentissage du réel se fait avec difficulté, comme le prouvent ses tout premiers écrits consacrés au «quartier pauvre» – dont certains ont été publiés de manière posthume – mais aussi avec la «joie profonde» d’écrire. Les récits mi-autobiographiques, mi-symboliques de L’Envers et l’endroit (1937) disent qu’«amour de vivre» et «désespoir de vivre» sont inséparables, que tout notre «royaume est de ce monde», affirment la pleine conscience de la solitude de l’homme, le tragique de son face-à-face avec la nature, et la volonté de «tenir les yeux ouverts sur la lumière comme sur la mort». Plus lyriques, les essais de Noces (1939) orchestrent ces thèmes qu’ils inscrivent avec bonheur dans les paysages méditerranéens; ils chantent la «gloire d’aimer sans mesure», la contemplation exaltée du monde, la vérité du soleil, de la mer, de la mort. La présence d’une subjectivité vivante, d’un «je» qui décrit ou médite, évite toute abstraction, et ouvre la voie aux personnages--narrateurs des romans, et au «je» des textes philosophiques. La solitude chez Apollinaire Dans Alcools voisinent des poèmes de jeunesse et des poèmes écrits en 1912. Près de la moitié du recueil se rattache au séjour en Allemagne de 1901-1902 et à ses suites sentimentales. Mais Apollinaire a renoncé à l’ordre chronologique ou à l’ordre thématique, pour disposer ses poèmes selon un subtil dosage des sujets et des techniques. Il crée ainsi un climat de mélancolie qui n’exclut ni l’enjouement et le regard amusé sur le monde, ni l’humour. S’ouvrant sur «Zone», poème du souvenir et de la solitude, Alcools s’achève avec «Vendémiaire» dans un élan d’ivresse lyrique, en passant par des sommets représentés par «La Chanson du mal-aimé», «La Maison des morts», «Le Voyageur», «Le Brasier», «Les Fiançailles». La solitude chez Bachelard Bachelard est psychologue, mais de l’esprit scientifique; cela change le sens du mot «psychologie»: il signifie non plus la description du fonctionnement réel de l’esprit, mais la désignation d’un lieu où le secret et la solitude deviennent une détermination de l’être pensant: «On ne peut penser librement que si l’on a la faculté de cacher absolument sa pensée» («La Surveillance intellectuelle de soi», in Le Rationalisme appliqué, chap. IV). La curieuse association du « larvatus prodeo » et de la sociabilité de la science – la cité des travailleurs de la preuve – confère à ce rationalisme une allure singulière: enraciné et engagé, mais non l’un sans l’autre. La solitude chez Flaubert Tout est à reprendre: en quinze ans, les exigences de l’écriture de Flaubert ont considérablement évolué. La version de « LA Tentation de Saint Antoine » de 1874 va transformer du tout au tout le contenu et la structure de l’œuvre. Ce texte inclassable s’éloigne maintenant du modèle théâtral pour se rapprocher du récit et du poème. L’inspiration se fait aussi plus intellectuelle et plus savante. Le Diable s’efface derrière Hilarion, et le scénario devient celui d’un itinéraire mental dominé par les tentations de « la libido sciendi »: un homme perdu dans l’univers et qui essaie de le comprendre. Somptueuse fresque historique des débuts de notre ère, et inventaire extravagant de tous les délires engendrés par les philosophies et les religions révélées, La Tentation est, selon l’expression de Baudelaire, un «capharnaüm pandémoniaque de la solitude». Nul doute que le solitaire de Croisset ait voulu y laisser entrevoir «la chambre secrète de son esprit». À la publication, les ventes s’annoncent assez bien, car le livre intrigue le public. Mais tout s’effondre très vite sous l’éreintement systématique de la critique, effrayée par l’extraordinaire vertige de culture et d’érudition qui habite La Tentation.
Posted on: Sun, 29 Sep 2013 23:00:21 +0000

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