La vertu senseigne-t-elle ? Encouragé à poursuivre la - TopicsExpress



          

La vertu senseigne-t-elle ? Encouragé à poursuivre la recherche, Ménon insiste cependant pour que lon abandonne la recherche de lessence de la vertu et que lon passe à la question quil posait au tout début du dialogue : la vertu sacquiert-elle par enseignement ou dune autre manière ? Socrate accepte, bien que cette démarche ne lui semble pas correcte : comment savoir quelque chose de la vertu si lon ne sait pas ce quest la vertu ? Il propose donc une nouvelle méthode : la méthode des hypothèses. La première hypothèse envisagée est que la vertu est science, cest-à-dire quelle est connaissance, savoir, raison. Cette hypothèse peut sappuyer sur le fait que le savoir guide laction correcte. Les autres qualités que lon appelle vertu deviennent au contraire des vices si elles sont utilisées avec ignorance (par exemple, le courage devient témérité). Si cette hypothèse est juste, la vertu senseigne. Cependant, lhypothèse est contredite par un constat : il nexiste pas de maître de vertu. Socrate dit en tout cas quil nen connaît pas. Il examine la question avec Anytos (homme politique athénien qui sera plus tard lun de ses accusateurs). Les sophistes, il est vrai, prétendent enseigner la vertu. Anytos les critique sévèrement... tout en reconnaissant ne pas connaître leur enseignement. Il soutient que ce sont les hommes de bien qui enseignent la vertu. Mais Socrate objecte que les grands hommes tenus pour les plus vertueux (comme Périclès) nont pas su transmettre leur vertu à leurs fils. Irrité, Anytos interrompt son entretien avec Socrate. Ménon, quant à lui, est dans le doute concernant lexistence de maîtres de vertu. Mais ce doute lui-même, partagé par beaucoup, laisse penser quil nen existe pas. On aboutit une fois de plus à une impasse (aporie), et Ménon en vient même à douter quil existe des hommes vertueux. Socrate envisage alors une deuxième hypothèse. Il ny a pas que le savoir qui peut guider laction bonne, il y a aussi lopinion vraie. Une opinion, même vraie, a sans doute moins de valeur quun savoir, en particulier parce quelle est instable, quelle nest pas rattachée à des raisons solides, et quelle ressemble ainsi aux statues de Dédale qui sont douées de mouvement et senfuient lorsquon croit les posséder. Malgré cela, lopinion vraie, tant quelle existe, est aussi efficace que le savoir. Il se pourrait donc que la vertu soit une opinion vraie. Dans ce cas, elle ne provient ni de lenseignement, ni de la nature, mais plutôt dune grâce divine, dune inspiration. Lhomme vertueux ne sait pas ce quil doit faire, mais il a une opinion correcte, droite par faveur divine. Il est comparable au poète qui énonce des paroles dépassant sa propre compréhension. Ménon semble convaincu par cette réponse à la question quil posait. Socrate exprime quant à lui quelques réserves. Cette réponse ne provient pas dune connaissance de la vertu, puisquon a renoncé à en chercher lessence. Elle repose sur une méthode hypothétique, et elle est donc elle-même hypothétique. (Il nest pas sûr en effet que cette théorie selon laquelle la vertu est opinion droite reflète la conception de Socrate ou de Platon.)
Posted on: Tue, 22 Oct 2013 18:33:25 +0000

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