Laser lundi : La naissance inexorable du duo anti-Macky (Par - TopicsExpress



          

Laser lundi : La naissance inexorable du duo anti-Macky (Par Babacar Justin Ndiaye) Laser du lundi ,Retrouvez chaque Lundi matin sur Dakaractu la chronique politique de Babacar Justin Ndiaye, Analyste politique et social . Laser lundi : La naissance inexorable du duo anti-Macky (Par Babacar Justin Ndiaye) DAKARACTU.COM - Le Golfe Arabo-Persique est-il devenu subitement un prolongement proche-oriental de l’échiquier politique sénégalais ? Tout porte à le croire, au vu des contacts et conciliabules sénégalo-sénégalais qu’il abrite depuis la première quinzaine du mois d’octobre. Car – en dépit des dénégations dérisoires de REWMI – Abdoulaye Wade et Idrissa Seck ont multiplié, sur le sol saoudien et à Dubaï, les concertations les plus fébriles et les plus fructueuses pour leurs partis respectifs. Si l’on y ajoute le voyage très prochain de Macky Sall vers les pétromonarchies arabes, on obtiendra un concentré des grouillements officiels et officieux des acteurs sénégalais dans cette partie du Moyen-Orient. Au demeurant, pourquoi le député Thierno Bocoum s’escrime-t-il à nier ce qui découle de l’ordre (politique) normal et prévisible des choses ? Pourquoi Wade et Idy devraient-ils éprouver une gêne (absurde) à se voir et à combiner leurs efforts ? La politique n’est-elle pas, quelque part, la danse du diable, c’est-à-dire un perpétuel jeu de collision et de collusion ? Si le PS n’avait pas implosé (la double hémorragie provoquée par l’URD de Djibo et l’AFP de Niasse), Wade n’aurait pas accédé au pouvoir, à fortiori Macky. Mieux, si le social-démocrate Moustapha Niasse n’avait pas épaulé, en 2000, le libéral Abdoulaye Wade contre le PS créé par Senghor (pourtant père spirituel de l’actuel Président de l’Assemblée nationale) les socialistes n’auraient pas été défaits ; et leur parti ne serait pas, aujourd’hui, réduit à l’état politiquement végétatif. Et au statut d’auxiliaire – pardon, d’allié – de l’APR dans la majorité et au gouvernement. En résumé, la politique est, à la fois, le cimetière des amitiés (Macky Sall et Alioune Badara Cissé) et le berceau des retrouvailles (Abdoulaye Wade et Idrissa Seck). Politiquement, il n’existe pas de motifs à rougir d’une rencontre voire d’une collusion entre deux leaders brusquement confrontés à un adversaire inflexible qui traque les biens supposés mal acquis et crucifie réellement les ambitions politiques de certains de ses concurrents. En temps de guerre – remplacez guerre par politique – l’ennemi commun devient automatiquement un trait d’union qui cimente les alliances. Comme quoi, les porte-parole de REWMI peuvent s’épargner la fatigue et le ridicule de contester des faits avérés. Par ailleurs, on est dans « un village planétaire » où un battement d’ailes de papillon à Tokyo répand ses échos jusqu’à Tombouctou. Du coup, il devient possible de promener un faisceau de lumière sur les itinéraires et les étapes des périples chevauchants des deux chefs de file de la famille libérale, au-delà de la mer rouge. En effet, Idrissa Seck a quitté Dakar, quelques heures avant la dernière manifestation du PDS et des autres forces de l’opposition, organisée au début du mois d’octobre. Après Paris, le maire de Thiès s’est rendu à Djeddah où se trouvait déjà Me Wade. A l’issue d’une ou de deux conversations-marathons (les sources diplomatiques ouest-africaines divergent sur ce point) Idrissa est allé à Dubaï via Bahreïn. Peu de temps après, le Président Wade a atterri à Dubaï qui a été aussitôt le cadre d’un nouveau tête-à-tête entre les deux leaders. Cet entretien de Dubaï a-t-il modifié les agendas ? En tout cas Me Wade qui était attendu à Rabat et à Libreville, a in extremis ajourné ces deux voyages. Il va sans dire que ce duo d’acteurs intrépides (ils ne sont ni évêques de diocèses ni recteurs de mosquées) ont parlé et longuement parlé de la vie politique au Sénégal. Des sources non éloignées des lieux révèlent que la réunification de la famille et son corollaire (un meilleur ordre de bataille contre Macky Sall) ont été passés en revue jusqu’au stade ultime de la planification stratégique. Avec des résultats probants ; puisque que le Président de REWMI, Idrissa Seck, est adoubé par Abdoulaye Wade qui en a désormais fait le porte-étendard des forces libérales (toutes sensibilités confondues) au Sénégal. Une intronisation qui a été évidemment, simultanément précédée par de solides réglages et par des excommunications discrètes. Ainsi, Karim Wade (star coincée du PDS) a compris – à défaut d’accepter avec enthousiasme – le choix fait par son père. De son côté, Oumar Sarr intérimaire illégitime, s’est incliné de facto, ou le fera incessamment. Quant à Ousmane Ngom, figure emblématique du libéralisme sénégalais, il est sans poids électoral, par conséquent, il est dépourvu de capacité de résistance ou de riposte. Donc condamné à la résignation. Reste alors l’équation Aida Mbodj, la lionne du Baol farouchement hostile au retour d’Idrissa Seck dans le giron familial. Son sort a été scellé lors des conversations de Djeddah et de Dubaï, en ces termes : « Elle n’est pas une libérale historique ; elle nous arrive du PS ». C’est pratiquement l’équivalent d’une excommunication silencieuse par le Pape Wade et son nouveau vicaire Idy. En vérité, le surgissement du duo Wade-Idy prélude à l’élargissement et au compactage d’un front anti-Macky. Car Abdoulaye Wade n’est pas homme à baisser pavillon. Il faut être plaisantin ou stupide pour envisager une minute que Wade s’accommode, sans réactions, de la victoire de son ancien et féal subordonné : Macky Sall. Même si l’évidence s’impose à lui, il se cabrera et se battra toujours. Par habitude et par tempérament. Les deux étant, aujourd’hui, rageusement fouettés par l’emprisonnement de son fils. Léopold Sédar Senghor est (il est immortalisé) un académicien raffiné. Abdou Diouf demeure un technocrate pondéré. Abdoulaye Wade, lui, est un gladiateur invétéré, de surcroit pétri de capacités et d’expériences politiques. Ni trouillard ni capitulard. Son interminable et victorieux combat contre Senghor d’abord, et contre le tandem Diouf-Collin ensuite, constitue le parfait baromètre de sa ténacité. Chez le très rusé politicien Wade, même le cessez-le-feu et l’armistice sont des armes. Combien de fois, il a été ministre et finalement tombeur de Diouf, en mars 2000 ? Une façon de dire qu’un hypothétique deal relatif à la libération de Karim Wade – cocktail Molotov ou pétard mouillé lancé par Me Amadou Sall – ne serait qu’une pause dans la guerre d’usure que l’ancien Président peaufine contre son successeur. Certes, les ardeurs sont contrecarrées par la vieillesse ; mais il subsiste chez Wade, un reliquat de pulsions offensives. Bref, Abdoulaye Wade est le bon élève qui a assimilé la leçon de Paul Austin : « En politique, si on n’est pas prêt à tout, on n’est prêt à rien ». Quant à Idrissa Seck, il porte son ambition en bandoulière. Sans aucun camouflage. Il est, à ce titre, un bretteur très coriace et diablement manœuvrier au combat. Toujours à la quête du moment opportun pour placer le coup qui assomme l’adversaire. Sa dernière conférence de presse sur les deux supports de GFM (Rfm et Tfm) avait déboussolé par sa soudaineté (effet de surprise) et désarçonné par le poids des arguments. Des arguments qui, in fine, abrégèrent la carrière des deux banquiers, Abdou Mbaye et Amadou Kane, titulaires de postes-clés dans le premier gouvernement formé par le Président Macky Sall. Idrissa Seck fait penser au personnage de la pièce Henry IV de Shakespeare, s’écriant : « Pas une de mes pensées qui ne pense au pouvoir ! ». Face à la veillée d’armes qui a rassemblé Wade et Idy au Golfe (ce dernier devait quitter les Emirats, hier dimanche) que fait le camp de Macky ? Sur le terrain, la pression judiciaire s’accentue contre le PDS ; tandis que les débauchages dégarnissent les instances dirigeantes du parti REWMI. Ici, il faut interroger l’Histoire, afin d’inventorier les armes et les atouts qui sont déterminants en politique. La politique étant comprise comme une guerre où les morts se relèvent et poursuivent le combat. Sous cet angle, il est clair que la transhumance n’est pas une arme nucléaire. L’odyssée du PDS – Macky Sall, ancien Président de la CIS, en sait un bout – démontre amplement que les départs n’ont jamais fermé les portes de la victoire. Sinon, après les démissions volontaires ou suscitées de Sérigne Diop, Fara Ndiaye, Booker Sadji, Puritain Fall, Jean-Paul Dias, Ousmane Ngom et Marcel Bassène (du noyau fondateur du PDS en 1974, seul Alioune Badara Niang est allé jusqu’au bout de l’aventure) le destin présidentiel de Me Abdoulaye Wade serait inaccompli. En lieu et place d’un duel où l’opposition est toujours plus à l‘aise qu’un pouvoir, Macky Sall doit concentrer son attention et ses efforts sur le bilan de son quinquennat. Un bon bilan, notamment sur le terrain social, paie davantage que mille coups fourrés habilement réussis dans les limites restreintes de l’arène politique. Face au front anti-Macky qui se dessine, le salut de la majorité réside dans « l’accélération de la cadence » en direction des urgences…endogènes. Et non dans la miltiplication des voyages hors du Sénégal que dicte une surcharge injustifiée de tâches. Des missions herculéennes que le Président Sall accepte de la part de ses pairs. Déjà Président du Comité d’orientation du Nepad, pourquoi veut-il se coltiner encore cette négociation ardue avec l’UE autour des fameux APE ? Parmi la quinzaine de chefs d’Etat de la CEDEAO, Alassane Ouattara ancien numéro deux du FMI et ex-numéro un de la BCEAO est indiscutablement le plus grand connaisseur des arcanes de la haute finance multilatérale. Donc l’interlocuteur le plus armé contre les raides commissaires de Bruxelles. Pendant que le géologue Macky Sall se documente laborieusement sur la coopération eurafricaine (EAMA, ACP, STABEX, SYSMIN et j’en passe) Wade et Idy vont souffler méthodiquement sur les braises de la sourde et rampante colère des populations qui fournissent les gros bataillons d’électeurs nettement plus nombreux que les wagons pleins de militants de tous les partis réunis. Le duo Wade-Idy n’est pas d’emblée plus fort que le bloc Macky 2012. Loin s’en faut. Mais il tirera sa potentielle suprématie des faiblesses éventuelles du bilan du Président de la république. Telle est l’ultime vérité.
Posted on: Mon, 11 Nov 2013 16:37:35 +0000

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