Le Congolais s’étonne? Un ami du bien qui a longtemps séjourné au Sénégal et qui est rentré cette année au bercail pour un congé, s’est dit choqué par la misère noire qui frappe le Congo et par le silence coupable d’un peuple qui n’a jamais eu le courage de se révolter contre ses propres fils, alors que beaucoup le poussent à vivre en sous-hommes. On ne s’étonne plus? En effet, nous nous trouvons dans un pays où les choses ne nous étonnent plus, puisque certaines reviennent comme dans un cycle, sans que cela n’émeuve personne. Dans la sphère de la morale ou de l’éthique par exemple, des pillages systématiques du trésor public continuent de se faire sans que nos populations ne se soulèvent et sans que les sages n’élèvent leurs voix; des hommes riches abusent des jeunes filles et salissent leurs robes sans que nos protestations en coulisse n’y changent quelque chose. Dans la religion, des gouvernants et des gouvernés et des gens qui se disent du Dieu de Jacob, courent derrière les sciences occultes et ésotériques comme la franc-maçonnerie, des pratiques dont ils ne maîtriseront jamais les vrais secrets; des peuples clochardisés font le tour des sectes, quêtant les bénédictions qui viennent d’un Dieu devenu soudain insensible à la misère qui se répand inéluctablement partout dans nos familles. Voilà autant de malheurs qui devraient nous étonner et qui malheureusement sont devenus des faits divers de nos jours dont on ne reconnait plus la vraie mesure. Cet écriteau est un cri, le cri d’un fils noir qui invite ses compatriotes à retourner à l’étonnement en face de l’absence d’étonnement, quand l’horizon nous semble obscur. L’étonnement, de par son étymologie – ex-tonere – appelle une attention aux faits et aux comportements et conduit à une visitation des énergies vitales susceptibles de féconder de nouveau nos terres en vue de restaurer ce pays qui n’est pas destiné à mourir.
Posted on: Tue, 10 Sep 2013 06:53:33 +0000